Par Pascal Gasp, Senior Solutions Architect chez Starburst
Dans le paysage numérique actuel, les entreprises font face à un défi constant : comment tirer parti de leurs données pour obtenir des performances opérationnelles optimales tout en garantissant une sécurité, une conformité et une souveraineté irréprochables. À cette difficulté s’ajoute la menace croissante d’attaques de cybersécurité de plus en plus sophistiquées où les violations de données sont à 20 % causées par des erreurs humaines selon le dernier bilan de la CNIL. Trouver un équilibre judicieux entre performance et sécurité peut sembler impossible. C’est là qu’entre en jeu la gouvernance des données, qui se trouve au cœur de cette équation. Elle permet non seulement de protéger les informations sensibles, mais également d’offrir un avantage compétitif significatif.
Voici cinq conseils pour aider les entreprises à développer une stratégie complète de souveraineté des données :
- Mettre en place une gouvernance solide des données
Une stratégie de gouvernance des données bien définie est la pierre angulaire d’une gestion efficace des données : nombreux sont les DSI qui le savent, mais ce n’est pas une étape simple à mettre en place. Cela implique de créer des politiques claires sur les données tout au long de leur cycle de vie : à partir de la collecte, en passant par le stockage, le traitement et les accès, jusqu’à leur réutilisation, archivage ou suppression. Outre la politique interne de l’entreprise, la conformité implique de jongler entre les lois en vigueur dans les pays où les entreprises choisissent de s’installer et les lois relatives à la protection des données sensibles pour certains secteurs d’activités, tels que le secteur public, médical ou bancaire. Toute organisation doit être en mesure d’identifier ses données sensibles et de les classifier selon leur degré de sensibilité, et ce à travers l’ensemble du patrimoine de données.
La mise en place de ces politiques favorise non seulement le respect des règles de souveraineté, mais renforce aussi la confiance de toutes les parties prenantes en démontrant l’engagement de l’entreprise envers la sécurité des données. En outre, cela se traduit par une amélioration de l’efficacité opérationnelle, car des données de meilleure qualité permettent de prendre des décisions éclairées et basées sur des informations précises et à jour.
- Comprendre et respecter les lois sur la protection des données
Chaque État dispose de ses propres lois en matière de protection des données et l’exercice de cette souveraineté varie grandement de l’un à l’autre. Par exemple, la souveraineté en France est étroitement liée aux règles européennes, et notamment au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui impose des exigences spécifiques pour la collecte, le stockage et l’utilisation des données personnelles. À l’inverse, des pays comme les États-Unis ont des lois plus spécifiques et sectorielles.
Il est essentiel pour les entreprises de travailler avec des professionnels du droit des données pour comprendre les réglementations applicables à leurs opérations et comment les respecter efficacement. Mettre en place des processus robustes pour assurer une conformité continue est crucial, car ces lois évoluent régulièrement. Cela s’applique d’autant plus aux entreprises présentes à l’international, régionalisées ou gouvernementales. Par exemple, une organisation exerçant dans plusieurs pays européens doit se conformer aux principes du RGPD. Et bien que les États-Unis n’appliquent pas de loi fédérale en matière de protection des données comme le fait l’Union Européenne, certains États disposent de lois locales, telles que le California Consumer Privacy Act (CCPA) qui concerne les nombreuses entreprises de la Silicon Valley.
- Investir dans la technologie appropriée
Une fois la théorie intégrée, il faut mettre en pratique : après avoir défini et appliqué un cadre d’utilisation, les entreprises doivent s’assurer de disposer des outils adéquats pour gérer et analyser efficacement leurs données. On pense notamment à des plateformes de visualisation de données, de systèmes de gestion avancés et des solutions de stockage cloud, hybride ou on-prem sécurisées peuvent jouer un rôle crucial. Les technologies qui offrent un point d’accès unique aux données sont à privilégier, notamment les moteurs de recherche d’entreprise, les outils d’intégration de données ou encore les moteurs SQL distribués. Grâce à ces outils, les entreprises peuvent traiter leurs données où elles se trouvent, sans les déplacer, de façon à minimiser les risques de non-conformité tout en réduisant leurs coûts de transfert.
Ces technologies assurent également un accès contrôlé et sécurisé aux données, offrant des fonctionnalités de traçabilité, de sécurité et d’auditabilité essentielles pour la souveraineté des données. Ainsi, l’équipe data d’une entreprise dont le siège serait par exemple situé aux États-Unis peut accéder aux données locales des autres pays dans lesquels elle exerce ses activités, tout en respectant les lois en vigueur. Elle peut regrouper les informations de différents clusters se trouvant dans des environnements localisés et appliquer les règles de calcul locales, afin d’obtenir des données sécurisées, agrégées et filtrées. Cela lui permet ensuite d’analyser les données de manière globale, d’en tirer des insights concrets et de créer des dashboards à partir des résultats pour une consultation à plus grande échelle, pour du reporting sur les risques financiers par exemple.
- Sécuriser les données de manière rigoureuse
La mise en place de mesures de sécurité robustes est essentielle pour protéger les données et respecter les exigences de souveraineté. Il existe 4 fondements essentiels à la protection des données sensibles. En premier lieu, le chiffrement des données permet de convertir les données en un code pour empêcher l’accès non autorisé, que ce soit en transit ou au repos. Vient ensuite le masquage des données, qui consiste à remplacer les informations sensibles par des données fictives afin d’empêcher la vue des données réelles tout en les rendant utilisables pour l’analyse. Cela passe également par le contrôle d’accès basé sur les rôles (RBAC), qui permet de restreindre l’accès aux données en fonction des rôles des utilisateurs au sein de l’organisation. Enfin, les audits de sécurité sont indispensables pour réaliser des évaluations régulières afin d’identifier et de corriger les failles de sécurité potentielles, notamment au niveau de la gestion des accès.
En combinant ces mesures, les entreprises peuvent améliorer la protection des données et garantir leur conformité aux réglementations.
- Prendre en compte le facteur humain
Une part importante des violations de données résulte d’erreurs humaines, que ce soit par l’intermédiaire de problématiques d’accès, de gestion de droit ou de phishing. Il est donc crucial de former les employés aux meilleures pratiques de sécurité des données et aux exigences réglementaires. Des collaborateurs bien formés sont une ligne de défense efficace contre les potentielles attaques ou mauvaises configurations.
La sensibilisation régulière des employés sur les mises à jour des réglementations et les conséquences du non-respect des règles peut aider à réduire les risques d’erreurs humaines. Cette formation doit à la fois être continue et adaptée aux évolutions législatives et technologiques. Elle doit aussi s’accompagner d’une stratégie de remédiation à adopter en cas de faille exploitée ou de fuite de données.
En conclusion, naviguer dans le monde complexe de la gouvernance des données peut sembler être un défi de taille, mais il est possible de transformer cette complexité en atout. En mettant en place une stratégie de gestion des données adéquate qui respecte les réglementations, tout en investissant dans la technologie et la formation des équipes, il est possible de maximiser la valeur des données en toute sécurité. Ces pratiques protègent non seulement contre les sanctions de non-conformité, mais renforcent également la confiance des clients et des partenaires. En suivant ces principes, les entreprises peuvent trouver un équilibre optimal entre performance et sécurité, tout en respectant les exigences de souveraineté, et ainsi se positionner avec un avantage compétitif durable sur le marché.