Accueil Démat-Ged Comment la numérisation peut elle faire chuter banques et entreprises ?

Comment la numérisation peut elle faire chuter banques et entreprises ?

Comparatif des délais de chutes des banques Sources BDF
Comparatif des délais de chutes des banques Sources BDF

La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) en mars 2023 illustre les risques liés à la numérisation des services bancaires et à l’influence des réseaux sociaux. En seulement 24 heures, 25% des dépôts ont été retirés, soit 42 milliards de dollars, précipitant la chute de la banque. Une analyse de la banque de France, transposable à tous les secteurs, décortique la mécanique de la catastrophe et invite à anticiper les risques numériques pour protéger ses actifs.

La chute a été accélérée par la numérisation des activités. En rendant facile l’accès aux services bancaires en ligne 24h/7j couplé à la propagation rapide de l’information sur les réseaux sociaux, les auteurs montrent la vitesse des changements de comportements des clients et des marchés. Les transferts électronique permettant aux clients de retirer l’argent ont ainsi fait chuter de 60%, en une journée la valeur de l’action de la banque SVB. A titre de comparaison, en 2008, il aura fallu 2 mois pour que la valeur de Lehman Brothers chute de 74%.

La faillite de SVB s’est matérialisée en seulement deux jours de retraits des dépôts, contre plusieurs jours dans des exemples antérieurs (10 jours pour Continental Illinois en 1984, 9 jours pour Washington Mutual en 2008). Le taux de retrait maximal en une journée s’est élevé à 25% des dépôts (42 milliards de dollars) pour SVB contre seulement 2% pour la faillite de Washington Mutual (Graphique 2), ce qui a précipité sa faillite le 10 mars 2023” expliquent les auteurs.

L’analyse de la fréquence et de l’intensité des messages négatifs met en évidence que, dans le cas de SVB, les réseaux sociaux ont exacerbé la panique des déposants et qu’ils représentent un facteur d’accélération des retraits des dépôts (S&P Global, 2024). L’effet des réseaux sociaux pourrait être renforcé lorsque la concentration des déposants dans une même zone géographique ou un même secteur d’activité est forte, comme pour SVB. En effet, la clientèle de SVB était principalement constituée de déposants du secteur de la technologie avec une forte présence sur les réseaux sociaux dont les messages ont été largement et rapidement diffusés, ce qui a accéléré la panique” observent les auteurs.
Les réseaux sociaux propageant de vraies ou fausses informations ont provoqué des comportements ayant pour effet une “ruée numérique” à la hauteur des inquiétudes.

Mettre à jour ses plans de résolutions

La numérisation, peu importe le secteur, oblige donc à repenser rapidement les plans de résolution et de communication. Ils doivent être applicables quasi immédiatement, sans quoi une faillite est possible.

Les acteurs financiers mais aussi toutes autres organisations doivent ainsi mener les préparations nécessaires et disposer de stratégies de communication adaptées visant notamment à restaurer rapidement la confiance des marchés ou des clients.

Des travaux complémentaires au sein du Forum de stabilité  financière sont en cours pour mieux appréhender les enjeux de la numérisation. Ils devrait être publiés, d’ici la fin de l’année, un rapport sur le rôle de la technologie et des réseaux sociaux dans le comportement des déposants. Les préoccupations liées à la numérisations des activités sont par ailleurs largement partagées par d’autres autorités comme la Réserve fédérale aux États-Unis et la Banque Centrale Européenne.