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“C’est un peu David contre Goliath, pour faire la concurrence, il faut être très agile et avoir les moyens”, Ian Whiting (Azul)

azul java

Azul, acteur 100 % dédié à Java, vient de recevoir un investissement stratégique majeur de Thoma Bravo, soutenu également par ses investisseurs historiques. Une opération qui intervient alors que les grandes entreprises cherchent à réduire leurs coûts cloud, mieux comprendre leur parc Java et sortir de modèles de licence de plus en plus contraignants.

De passage à Paris, Ian Whiting, Chief Revenue Officer d’Azul, revient sur les défis du moment, legacy, migrations, sécurité, observabilité, et sur la place que l’entreprise entend prendre dans un marché où, selon lui, « c’est un peu David contre Goliath : pour faire la concurrence, il faut être très agile et avoir les moyens. »

Solutions Numériques & Cybersécurité  : On parle beaucoup de montée des coûts Java. Qu’est-ce qui pose problème aujourd’hui dans le licensing ?

Ian Whiting : La différence principale entre nous et Oracle, c’est la façon de licencier. Oracle, par exemple, dépend de la taille de l’effectif, du nombre d’employés de la société, que ces employés utilisent des systèmes Java ou non. Si une entreprise a 10 000 personnes, elle paie 10 000 fois un coût de licence.
Nous, le système dépend du nombre de desktops et de serveurs qui tournent les applications Java. C’est une grande différence.

SNC : Beaucoup d’organisations envisagent de migrer d’Oracle Java vers OpenJDK. Quelles sont les questions ou les peurs que vous entendez le plus souvent ?

I. W. : C’est une question que nous avons beaucoup. Il faut expliquer au client que notre version d’OpenJDK, c’est la même version que celle d’Oracle. C’est open source software, il n’y a aucune différence entre nous et Oracle sur ce point.
Le vrai sujet, c’est la peur de la migration. Ils demandent toujours : est-ce que c’est difficile ? Est-ce que ça représente des risques ?
Et la réponse, c’est que ce n’est pas une migration applicative. Ce n’est pas comme migrer de SAP vers un autre système. Nous ne touchons pas l’application. C’est seulement le runtime Java qui change.
Avec une bonne préparation entre les ingénieurs du client et d’Azul, même dans les grandes entreprises, ça prend quelques semaines, peut-être deux mois au maximum.

SNC : Sur le terrain, constatez-vous que de nombreuses entreprises restent sur de très anciennes versions de Java ?

I. W. : Oui, tout à fait. Il y a même des versions de Java qui ont 10 ou 15 ans. Ce sont les versions sur lesquelles les anciennes applications ont été créées.
Et les clients ont peur : ils disent “le risque de migration est trop grand, je vais rester sur cette version”.
Ce qui est intéressant, c’est que nous sommes le seul fournisseur qui supporte toujours Java 6 ou Java 7. Oracle a annoncé qu’il ne supporte plus ces versions.
Dans les très grandes entreprises, il y a toujours des applications legacy, très sensibles, qu’on ne veut jamais changer. C’est comme les environnements mainframe.

SNC : L’optimisation des coûts cloud revient de plus en plus dans les discussions Java. Qu’est-ce que vous observez ?

I. W. : Le cloud, c’est très important. Notre produit Platform Prime est une machine virtuelle Java haute performance, conçue pour améliorer les performances des applications Java, qu’elles soient déployées on-premise ou dans le cloud.
Elle permet aux clients de réduire considérablement le coût cloud, en diminuant le nombre de serveurs nécessaires à l’exécution. On peut exécuter les applications avec moins de computing resources, parce que notre produit accélère considérablement la performance.

SNC : L’observabilité du parc Java devient un sujet majeur. Pourquoi ?

I. W. : L’un des plus grands problèmes des grandes entreprises, c’est qu’elles ignorent souvent combien de serveurs dans leur datacenter font réellement tourner Java.
Intelligence Cloud aide les clients à mieux comprendre leur parc Java et à prendre les mesures nécessaires pour supprimer les éléments anciens ou risqués.

SNC : Quelle est aujourd’hui la typologie de vos clients ?

I. W. : Nous avons 700 grands clients. Tous nos clients sont des grandes entreprises. Nous n’avons pas de marché small ou medium business.
En France, cela veut dire BNP Paribas, Thales, Crédit Suisse, Airbus… Ce sont des entreprises qui ont un parc Java énorme et qui paient aujourd’hui des prix très élevés à Oracle.

SNC : Thoma Bravo vient d’investir dans Azul. Comment interprétez-vous cet investissement dans le contexte actuel ?
I. W. : C’est une excellente nouvelle. Nous avons un effectif de 250 personnes, un chiffre d’affaires important, mais pour accélérer en France, en Europe, en Asie, il faut une plateforme financière solide.
Thoma Bravo est très concentré sur les enterprise software companies. Cet investissement nous donne une base très solide pour développer notre activité, accélérer la R&D et accélérer le go-to-market. Par rapport à Oracle, c’est un peu David contre Goliath. Pour faire la concurrence, il faut être très agile et avoir les moyens.