Des enseignes de supermarché ont pour projet d’intégrer des caméras boostées à l’IA aux caisses automatiques. Si cette pratique s’avère légale, la CNIL a cependant publié le 6 mai 2025 un rappel concernant les droits des consommateurs, conformes au RGPD.
Les caméras dites « augmentées » sont des équipements vidéo dotés de traitements algorithmiques permettant une analyse automatique des images en temps réel. Cette technologie vient en surcouche logicielle au système de caméra et peut être associée à des caméras de vidéoprotection déjà en place, soit être spécifiquement installée sur des équipements conçus à cet effet.
Ces caméras sont généralement placées en hauteur, sur les caisses automatiques, afin de filmer la caisse et son environnement : le client et son panier, les produits à scanner, la zone de scan et le positionnement des articles scannés. L’IA utilise la reconnaissance, le suivi des produits, repère les mains du client, la position de ce dernier par rapport à la caisse et vérifie donc si tous les articles ont bien été scannés.
Le logiciel détecte les erreurs ou tentatives de vol et créé une alerte sur la caisse où le client peut de lui-même corriger l’anomalie ou attendre l’intervention d’un employé. Dans tous les cas, cette caméra intelligente ne prend aucune décision automatique si ce n’est parfois le blocage de la caisse.
Des garanties fortes de la part des enseignes
En 2022, la CNIL clarifiait sa position à ce sujet et en définissait le cadre juridique. Depuis, l’Autorité de contrôle a reçu de nombreuses questions à ce sujet, notamment dans le cadre de leurs emplois pendant les Jeux Olympiques de 2024.
Les restrictions à ces dispositifs
Afin de répondre à l’ensemble des requêtes et avec l’arrivée de ces dispositifs aux caisses automatiques des hypermarchés, elle publie un rappel des droits des consommateurs et indique comment les enseignes doivent se conformer au RGPD puisque le logiciel des caméras collecte des données personnelles. Les risques ne sont pas anodins pour ce nouveau mode de surveillance ciblant des gestes du quotidien et multipliant les contrôles. Des erreurs pourraient avoir de lourdes conséquences. Il est donc nécessaire pour les enseignes de s’armer de garanties fortes.
La CNIL impose quelques restrictions à ces dispositifs. Premièrement, le champ de vision ainsi que la durée d’enregistrement de ces caméras doivent être au maximum réduit pour ne capturer que l’essentiel. Autre point indispensable, une communication claire et visible auprès des clients. Cela peut et doit passer par des panneaux dans le magasin et sur l’écran desdites caisses, rappelant les droits des consommateurs, le nom de l’enseigne, les objectifs de ce système de surveillance, mais aussi l’accès à davantage d’informations à ce sujet. Enfin, les enseignes ont le devoir d’éviter une surveillance excessive et d’exclure toute conséquence automatique pour leurs usagers.
Comment exercer ses droits ?
Pour exercer ses droits, la clientèle peut refuser l’utilisation de ces caisses automatiques avec caméra augmentée. Pour cela, les magasins doivent systématiquement proposer une alternative comme une caisse automatique sans caméra intégrée ou une caisse classique avec un employé. Le client a aussi la possibilité de refuser l’utilisation de ses données personnelles pour améliorer le dispositif.
En cas de non-respect de ces règles, le consommateur doit en premier recours se référer à l’enseigne ou son délégué à la protection des données s’il y en a un. Dans la mesure où la réponse n’apporte pas satisfaction ou qu’elle ne se manifeste pas dans le mois qui suit l’envoi de la demande, une plainte auprès de la CNIL est envisageable.