Digitaliser ses processus ne suffit plus : encore faut-il protéger les identités, les documents et les signatures qui les traversent. Pour Alban Sayag, CEO de YouSign, la confiance numérique repose désormais sur des solutions capables d’assurer sécurité, conformité et souveraineté.
La digitalisation a ouvert la voie à de nouvelles vulnérabilités
« Il y a cinq à dix ans, les entreprises voulaient avant tout optimiser leurs processus métier en les digitalisant. Aujourd’hui, c’est fait. Mais en ayant fait cela, elles se sont exposées à des risques qu’elles n’avaient pas avant », observe Alban Sayag, CEO de YouSign.
Parmi ces risques, trois catégories se détachent : la fraude à l’identité, la falsification de documents électroniques et la remise en cause de la valeur juridique des signatures numériques. « Une étude Ipsos menée avec YouSign montre que près de 90 % des entreprises constatent une hausse significative des menaces cyber », souligne-t-il. Dans ce contexte, la réglementation, souvent perçue comme une contrainte, devient un levier de confiance et de différenciation.
Les attentes des entreprises évoluent rapidement. Il ne s’agit plus seulement de conclure un contrat à distance, mais de garantir l’identité des signataires et l’intégrité des documents tout au long du processus. « Les clients veulent désormais pouvoir valider l’identité de leurs interlocuteurs avec des moyens sophistiqués, vérifier qu’un RIB n’a pas été falsifié et s’assurer qu’un contrat signé aura une valeur juridique incontestable », explique le dirigeant. Cette exigence de fiabilité et de transparence place la confiance au cœur de la transformation numérique.
Les processus critiques, cœur des risques opérationnels
Les points de vulnérabilité les plus sous-estimés se situent souvent lors des phases de contractualisation ou d’onboarding client, des moments clés pour le chiffre d’affaires. « C’est à ce moment-là que se joue le revenu de l’entreprise. Les fraudes les plus nombreuses et les plus impactantes interviennent justement à ce moment précis », constate le CEO. Sécuriser ces processus critiques devient donc un impératif à la fois réglementaire et stratégique. Les organisations doivent garantir que chaque étape — de la collecte des pièces à la signature du contrat — soit sécurisée, traçable et juridiquement robuste.
En parallèle, l’automatisation s’impose comme un axe fort de modernisation, mais elle doit s’accompagner d’une réflexion sur la sécurité. « On peut de plus en plus automatiser les étapes critiques, mais beaucoup d’organisations utilisent encore plusieurs solutions différentes. Cela fragmente les processus et fragilise leur intégrité globale », rappelle Alban Sayag.
L’objectif est de parvenir à des solutions intégrées, capables de couvrir l’ensemble du parcours, du contrôle d’identité à la signature finale. L’automatisation ne peut toutefois pas remplacer totalement la vigilance humaine : « Lorsqu’un doute subsiste sur une pièce d’identité, il faut un opérateur pour vérifier. L’objectif, c’est une automatisation maximale, mais raisonnée. »
Sécurité, souveraineté et croissance : les trois priorités
Pour Alban Sayag, la stratégie de sécurisation repose sur trois piliers. D’abord, identifier et renforcer les points de faiblesse majeurs, notamment sur l’identité, les documents et la validité juridique des accords. Ensuite, privilégier des solutions souveraines : « On ne veut pas être soumis à des réglementations étrangères, notamment américaines, qui pourraient exiger la transmission de données sensibles. Sur des contrats confidentiels, c’est un risque qu’il faut absolument éviter. » Enfin, anticiper la croissance, en choisissant des partenaires capables d’évoluer avec l’entreprise et ses volumes de transactions.
Au-delà de la conformité, la sécurisation des processus numériques devient un véritable enjeu de souveraineté et de confiance. « Les entreprises qui sauront conjuguer sécurité, fluidité et conformité seront celles qui tireront le mieux parti de la transformation numérique », conclut Alban Sayag.