Dans un paysage IT bousculé par les cyberattaques, les dépendances numériques et la pression réglementaire, la résilience des données n’est plus un simple volet technique : c’est le socle sur lequel repose la continuité d’activité. Pour Rick Vanover, Vice President of Product Strategy Veeam, les entreprises doivent désormais sortir de la réaction immédiate pour structurer une stratégie cohérente, durable et centrée sur la protection et la restauration de leurs actifs critiques.
Afin d’assurer la poursuite de leurs opérations et la protection de leurs données critiques, les entreprises n’ont plus le choix : placer la résilience des données au centre de leur stratégie informatique est désormais indispensable pour faire face à l’intensification des cybermenaces et des perturbations numériques.
Alors que les notions de « systèmes générés par l’IA », de « stratégies multicloud » et d’« edge computing » dominent les échanges professionnels, l’environnement hyperconnecté dans lequel évoluent les entreprises peut facilement conduire à une réaction impulsive face à chaque nouvelle menace. Pourtant, construire une véritable résilience ne peut se faire avec une stratégie d’efforts dispersés, mais bien avec la mise en œuvre de réponses ciblées et proportionnées.
Confrontées à un de menaces de plus en plus complexes et changeantes, les entreprises savent qu’une simple erreur peut avoir des répercussions considérables. Entre ransomwares, ruptures des chaînes d’approvisionnement et exigence accrue en matière de souveraineté des données, espérer réduire tous les risques à zéro constitue une illusion. La résilience, dans son acception la plus concrète, naît précisément de la reconnaissance que certains événements ne peuvent ni être évités, ni maîtrisés dans leur intégralité.
Définir un ordre de priorités clair
Plutôt que de tenter de combler simultanément l’ensemble de leurs vulnérabilités, les entreprises qui démontrent une véritable résilience privilégient une approche graduelle de la gestion des risques. Leur démarche repose sur la hiérarchisation des menaces en fonction de leur impact potentiel, avec pour principe directeur la protection des actifs critiques et l’alignement des plans sur les objectifs de continuité d’activité.
Dans un contexte mondial marqué par la multiplication et la sophistication croissante des cyberattaques, la résilience s’impose comme une nécessité absolue. D’après une étude récente, près de 89 % des organisations ont vu leurs systèmes de sauvegarde visés par des cybercriminels, une tactique désormais récurrente dans les attaques de ransomware. Le constat dressé par ce rapport est préoccupant : à peine 44 % des entreprises intègrent des contrôles de sauvegarde dans leur dispositif de réponse aux ransomwares. Ainsi, parmi les 69 % des victimes qui se pensaient prêtes, leur confiance a chuté de 20 % après l’attaque.
Même les organisations considérées comme les mieux préparées ne peuvent se dispenser de réévaluations régulières de leurs priorités et des risques majeurs auxquels elles sont exposées.
L’évaluation des risques, un prérequis de la résilience
L’évaluation des risques doit être intégrée au cœur du fonctionnement quotidien de toute organisation, indépendamment de sa taille ou de son secteur d’activité. Plutôt que d’être perçue comme une exigence réglementaire annuelle à remplir, elle doit devenir une composante permanente des opérations. Cette démarche suppose une surveillance constante des failles présentes dans les référentiels de sauvegarde, une vérification de l’intégrité des copies existantes et une évaluation régulière des capacités de restauration des données.
Même si le cadre réglementaire se renforce, un grand nombre d’entreprises demeurent insuffisamment préparées. Plus d’une organisation sur deux estiment devoir revoir en profondeur la coordination entre ses équipes informatiques et ses départements de cybersécurité. Sans socle solide en matière de résilience des données, les solutions d’intelligence artificielle les plus perfectionnées ne suffisent pas à empêcher la propagation d’incidents ou les mouvements latéraux qui s’ensuivent.
Pour conserver un avantage durable, la planification de la résilience doit être pensée comme un processus évolutif et flexible. Les dispositifs de contrôle doivent évoluer au même rythme que les menaces. Qu’il s’agisse d’analyser les interruptions provoquées par les ransomwares (souvent limités à moins de 24 heures) ou de suivre les évolutions réglementaires, des réévaluations fréquentes s’avèrent indispensables.
Les bases universelles de la résilience
Peu importe la localisation géographique ou le secteur d’activité, la question centrale demeure inchangée : comment renforcer la résilience d’une entreprise sans ajouter de complexité inutile, ni surcharger les équipes ? Ce défi universel pousse les organisations à rechercher un équilibre entre efficacité et sobriété technologique.
Les résultats démontrent clairement que concentrer les efforts sur la résilience porte ses fruits. Les entreprises qui font intervenir des experts externes lors de la gestion d’incidents présentent 156 % de probabilité en moins de verser une rançon, et lorsqu’elles y sont contraintes, le montant payé reste inférieur de 45 % à la moyenne. Ce constat traduit bien plus qu’un avantage économique : il illustre une maturité opérationnelle réelle et mesurable.
Assimiler la résilience à la perfection serait une erreur. Elle repose avant tout sur une confiance construite par des décisions raisonnées et cohérentes. La règle reste identique, qu’une entreprise soit située à Munich, à Sydney, à Singapour ou à New-York : la résilience s’érige progressivement, par des actions précises et une exécution maitrisée, étape après étape.
Optimiser les décisions face à la contrainte budgétaire
Dans un contexte où les budgets informatiques se resserrent et où les exigences règlementaires se durcissent, les responsables IT sont contraints d’arbitrer avec précision leurs priorités. Une étude menée par McKinsey révèle que 74 % des entreprises à l’échelle mondiale ne respectent pas les standards recommandés en matière de résilience des données. Par ailleurs, près d’un tiers des DSI surestiment la maturité opérationnelle de leur organisation. À l’inverse, les structures les mieux préparées se distinguent par leur capacité à se rétablir jusqu’à sept fois plus rapidement après un incident et à subir des interruptions d’activité trois fois plus courtes en moyenne.
Renforcer la résilience ne passe pas forcément par d’importants investissements financiers. Chaque dollar consacré à la protection et à la continuité des données peut générer entre 3 et 5 dollars d‘économies, en limitant les pertes liées aux interruptions, aux litiges ou aux perturbations d’exploitation. La hiérarchisation stratégique des priorités constitue ainsi un levier d’efficacité et de rentabilité mesurable.
Privilégier l’évolution continue à la quête de perfection
Renforcer la résilience ne revient pas à tenter d’éliminer l’ensemble des menaces mais à déterminer avec précision les domaines où agir et les réponses les plus adaptées à apporter. Les organisations véritablement résilientes ne cherchent pas la perfection, mais un niveau de stabilité qui renforce leur confiance opérationnelle. Elles s’attachent à identifier les risques majeurs, à optimiser l’allocation de leurs ressources et à instaurer une cohésion interne autour des enjeux prioritaires.
Plutôt que de viser une prévention absolue, les entreprises gagneraient à se concentrer sur une question essentielle : comment garantir que les données et les actifs critiques soient protégés, sauvegardés et restaurables ?
Dans un contexte de perturbations constantes, la résilience ne se définit pas par l’absence de crise, mais par la certitude que l’organisation saura en limiter l’impact avec efficacité et confiance.





