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AVIS D’EXPERT – Le défi éthique de l’IA : la gouvernance sous les projecteurs

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L’intelligence artificielle s’imposant dans les processus décisionnels, les directions doivent redoubler de vigilance pour en maîtriser les dérives éthiques et réglementaires. Entre conformité au futur AI Act, transparence des algorithmes et responsabilité accrue des Conseils, la gouvernance de l’IA devient un enjeu stratégique majeur. Gaetan Fron, Directeur commercial chez Diligent, décrypte les leviers d’une intégration responsable de l’IA au sein des entreprises.

Alors que l’intelligence artificielle redéfinit les industries, les Conseils de direction doivent s’adapter pour prévenir les manquements éthiques et garantir une intégration responsable de l’IA.

Dilemmes éthiques et risques associés à l’IA dans les entreprises

Si l’IA continue de stimuler les gains de productivité et les avantages concurrentiels des entreprises, elle soulève également des problématiques éthiques. Sa place croissante dans la prise de décision peut compromettre la sécurité des données et même le jugement humain, renforçant la nécessité de cadres de gouvernance solides et bien établis.

Parallèlement, le paysage réglementaire évolue rapidement.  Avec l’entrée en vigueur de l’AI Act européen et DORA pour les institutions financières, la mise en conformité devient une préoccupation croissante pour les entreprises.

La montée en puissance de l’IA amplifie le potentiel de violations, à la fois à travers de nouvelles surfaces d’attaque et de l’exposition involontaire de documents sensibles. Ces risques s’inscrivent dans un contexte de pression accrue en matière de gouvernance alors que les régulateurs exigent que les Conseils prennent leurs responsabilités sur l’impact des programmes d’IA. De leur côté, les investisseurs, les salariés ainsi que les clients examinent attentivement la manière dont les entreprises déploient l’IA, la sécurité des données étant désormais au centre des discussions.

Les parties prenantes attendent des entreprises qu’elles adoptent une approche transparente et responsable de l’IA, faisant de la réputation un facteur crucial. Selon le GC Risk Index, 41 % des directeurs juridiques recommandent une utilisation plus efficace des outils d’IA pour la gestion des risques, tout en soulignant la nécessité de les surveiller étroitement au quotidien afin d’assurer la fiabilité des résultats et de sécuriser les informations critiques.

De la sensibilisation à la gestion des risques

Les instances de gouvernance qui progressent face à ces pressions croissantes vont au-delà d’une simple prise de conscience et adoptent des stratégies d’atténuation des risques plus éclairées. Voici quelques exemples d’intégration de stratégies efficaces :

  • Création de structures de gouvernance de l’IA claires, répartissant les responsabilités entre les services informatiques, juridiques et de conformité ;
  • Exigence de transparence des systèmes d’IA, tout en veillant à ce que les administrateurs comprennent le processus décisionnel ;
  • Intégration de cadres éthiques définissant des garde-fous pour le développement et l’usage de l’IA ;
  • Mise à disposition d’outils IA sécurisés et approuvés par l’organisation afin d’éviter le recours à des plateformes grand public.

En adoptant ces mesures, les Conseils peuvent non seulement répondre aux attentes réglementaires croissantes, mais aussi être reconnus par leurs pairs pour leur leadership en matière de gouvernance. Par exemple, le Top 250 Directors Report récemment publié par le célèbre journal américain Wall Street Journal illustre cette performance en montrant comment les directions sont évaluées en fonction des résultats financiers et stratégiques, ainsi que sur leur capacité à gérer les risques émergents.

Utiliser l’IA comme outil de supervision

Au-delà des risques associés à l’IA, il est important que les Conseils reconnaissent que cette technologie peut être utilisée comme un outil puissant pour renforcer la gouvernance. Des outils d’IA sont disponibles pour les aider à identifier les risques émergents en analysant les signaux réglementaires ainsi que l’état du marché, à prioriser les risques matériels grâce à une analyse fondée sur les données et à rationaliser les rapports via des tableaux de bord alimentés par l’IA. Une bonne manière d’orienter les discussions du conseil vers une supervision proactive.

Pour maximiser les avantages de l’IA en matière de gouvernance, les Conseils devraient envisager d’intégrer ces outils dans leurs cadres existants de gestion des risques. Ce faisant, ils pourraient renforcer leur capacité à anticiper et à répondre aux risques émergents et à prendre des décisions éclairées. Cette intégration favorise une approche plus proactive et prospective de la gouvernance, permettant aux Conseils de rester à l’avant-garde dans un environnement commercial de plus en plus complexe.

Les dirigeants n’ont pas besoin d’être des experts en IA, mais ils doivent poser les bonnes questions et assumer la responsabilité d’un déploiement responsable de l’IA. Dans un monde où les attentes réglementaires, sécuritaires et éthiques s’intensifient, les décisions prises aujourd’hui par les Conseils façonneront la trajectoire de l’IA dans la gouvernance pour les années à venir. Cet objectif peut également être atteint grâce à une formation continue, ainsi qu’à l’organisation de séminaires sur les implications de l’IA, avec la contribution d’experts externes afin de favoriser la réflexion et les échanges entre pairs.

Les dirigeants qui relèvent le défi, en adoptant l’innovation tout en préservant la confiance, ne se contenteront pas de guider leurs organisations à travers cette période de disruption, mais définiront la norme en matière de gouvernance responsable à l’ère de l’IA.