L’IA promet des gains massifs de productivité, mais la dynamique actuelle des coûts du cloud met ce potentiel sous pression. En France comme en Europe, l’addition s’alourdit, le verrouillage fournisseur se renforce et les directions IT réévaluent leurs trajectoires. Il est temps d’adopter des architectures plus ouvertes, distribuées et économes pour redonner de l’élan à l’innovation.
La crise des coûts du cloud sape l’innovation en matière d’IA
L’IA promet de transformer tous les secteurs de l’économie, mais le coût de cette promesse commence à la fragiliser. En France comme en Europe, la dépense cloud a progressé si vite et avec si peu de flexibilité que nombre d’entreprises peinent à concrétiser la valeur de leurs investissements IA. Les hyperscalers restent centraux pour développer et opérer les modèles, mais l’économie actuelle du cloud impose des arbitrages difficiles. Frais de sortie, contrats rigides et dépendances techniques vis-à-vis d’infrastructures propriétaires font basculer l’IA d’une priorité stratégique à un fardeau budgétaire.
Les budgets de l’IA détournés pour couvrir la hausse des coûts du cloud
Des fonds initialement alloués à l’innovation sont réorientés vers la continuité opérationnelle, retardant ou annulant des déploiements IA pourtant prêts à l’échelle. Ce phénomène n’est pas isolé. En France, l’Autorité de la concurrence et l’Arcep ont souligné les risques de verrouillage, d’augmentation des prix et de baisse de qualité de service sur le marché du cloud. À l’échelle européenne, le Data Act introduit des obligations de portabilité et ouvre la voie à une réduction progressive des barrières au changement de fournisseur, y compris autour des frais de sortie. Par ailleurs, des analyses de cabinets comme Gartner pointent une frustration croissante liée à l’adoption du cloud au cours des prochaines années.
Les coûts du cloud limitent les budgets de tous les départements, retardent les nouvelles embauches et réduisent la portée des initiatives d’innovation.
Pourquoi les coûts du cloud augmentent-ils si rapidement ?
Pour beaucoup d’organisations, le retour sur investissement de l’IA est difficile à quantifier, et plus encore à justifier, dans la structure tarifaire actuelle des principaux fournisseurs. Un facteur majeur est la tarification de sortie (egress), c’est-à-dire les frais facturés lorsque des données quittent l’infrastructure d’un fournisseur. Souvent sous-estimés à la signature, ces coûts deviennent un frein durable à la performance et à la planification. Des DSI habituées à piloter leurs dépenses par la productivité et l’efficacité doivent désormais composer avec des lignes de coût difficiles à modéliser… et à compresser.
La dépendance vis-à-vis d’un fournisseur limite la flexibilité et augmente les risques de migration vers le cloud
La dépendance vis-à-vis d’un fournisseur limite la flexibilité et accroît les risques de migration Changer de prestataire semble simple, mais la réalité est tout autre: engagements longs, architectures complexes et dépendances techniques rendent la bascule lente et coûteuse. Le verrouillage est à la fois « data » puisque les volumes et transferts rendent la migration prohibitive, architectural avec des services managés et intégrations propriétaires qui enracinent les systèmes et économique en raison de remises liées aux volumes et frais de sortie. Ensemble, ces facteurs brident la mobilité.
Comment reprendre le contrôle de l’investissement dans l’IA
Les entreprises peuvent éviter la dépendance en planifiant la portabilité des charges en amont, en privilégiant des architectures ouvertes et en réduisant l’exposition aux frais de sortie. Concrètement, il s’agit de concevoir des systèmes « portables » en s’appuyant sur des standards ouverts, des conteneurs, une orchestration cloud agnostique et une séparation stricte entre données et état applicatif mais aussi d’optimiser les flux en rapprochant le calcul des sources de données, en réduisant les allers-retours inter-cloud et en privilégiant la réplication sélective plutôt que le rapatriement massif et enfin de sélectionner des partenaires qui garantissent une transparence tarifaire, une réelle interopérabilité et des options de déploiement multi-environnements (edge, multi-cloud et on-premise).
L’edge computing, une voie pragmatique
Au lieu d’empiler des ressources centralisées, l’edge fait monter en charge horizontalement en rapprochant les traitements des données et des décisions. À la clé, une latence réduite et une véritable réactivité temps réel pour des secteurs comme l’industrie, le retail, les médias, la mobilité ou la santé mais aussi une bande passante maîtrisée grâce au pré-traitement local qui limite les transferts volumineux et une résilience renforcée par des architectures distribuées qui contournent les goulots d’étranglement. Combiné à un multicloud piloté et à des ressources sur site, ce modèle redonne de la flexibilité budgétaire et contractuelle tout en facilitant le respect des exigences françaises et européennes.
Les modèles de cloud dynamiques permettent un déploiement flexible et rentable des charges de travail
L’objectif est d’associer chaque charge de travail à l’environnement le mieux adapté à ses exigences opérationnelles, économiques et de conformité. Concrètement, il s’agit de dépasser les modèles hyperscale « tout-en-un » pour se tourner vers des fournisseurs qui intègrent nativement le déploiement en périphérie, l’interopérabilité et la transparence des coûts — comme une norme, pas une option premium.
Construire un avenir durable pour l’IA
Le potentiel de l’IA demeure immense, mais les infrastructures actuelles ont besoin d’évoluer. Les entreprises françaises ont besoin d’une relation différente avec leurs fournisseurs cloud : fondée sur des normes ouvertes, des résultats mesurables et une flexibilité architecturale. En alignant leur stratégie d’investissement sur des modèles plus distribués et orientés edge, elles peuvent réduire leur dépendance, reprendre le contrôle de leur budget et accélérer l’innovation IA sans compromis. La prochaine phase du cloud sera définie moins par l’échelle que par l’adaptabilité, l’efficacité et l’alignement stratégique. Celles qui opèrent ce virage dès maintenant seront les mieux placées pour mener la danse.








