Alors que le changement climatique continue d’impacter les écosystèmes mondiaux et de perturber les chaînes d’approvisionnement, la responsabilité de construire des opérations résilientes et durables devient une priorité stratégique notamment pour les constructeurs informatiques. L’adoption croissante de l’IA et des technologies numériques exige des infrastructures toujours plus nombreuses, mais cette croissance doit s’accompagner d’un engagement fort en faveur de la gestion de l’environnement. Reconnu pour sa capacité d’innovation, le secteur IT a désormais l’occasion (et l’obligation) de montrer l’exemple en priorisant des infrastructures et réseaux éco-conçus, plutôt que de s’appuyer sur des équipements obsolètes et énergivores. Il s’agit non seulement d’améliorer l’efficacité énergétique, mais aussi de réduire les émissions, et d’encourager des pratiques responsables tout au long du cycle de production.
Collaborer avec les fournisseurs pour décarboner la chaîne d’approvisionnement
L’un des leviers les plus efficaces pour les fabricants IT consiste à coopérer étroitement avec leurs fournisseurs pour réduire l’empreinte carbone de la chaîne d’approvisionnement, et la première étape est la transparence. Encourager, voire exiger, la communication de données environnementales (émissions, sourcing des matériaux, consommation énergétique) doit désormais devenir une pratique courante. Les plateformes de partage de données ou les tableaux de bord de suivi de la performance environnementale, permettent de mesurer les progrès et d’identifier les axes d’amélioration.
Des initiatives conjointes dans ce domaine peuvent encourager des progrès significatifs : coinvestissements dans des projets d’énergie renouvelable, projets pilotes pour des transports bas carbone, ateliers sur la conception circulaire et l’emballage durable. Grâce à ces engagements, dont la réduction des émissions est la cible principale de la chaîne d’approvisionnement, les constructeurs peuvent étendre leur impact sur l’environnement au-delà de leurs propres activités.
Face à l’intensification des événements climatiques extrêmes, il convient toutefois de mettre en œuvre des plans d’urgence pour anticiper les perturbations. Diversifier les sources d’approvisionnement, se tourner vers des fournisseurs locaux, ou encore adopter des schémas logistiques agiles sont autant de moyens efficaces de limiter les risques tout en réduisant l’empreinte carbone liée aux transports longue distance.
Intégrer le développement durable dans les pratiques d’approvisionnement
L’approvisionnement durable ne se résume pas à un exercice de conformité, c’est une philosophie qui peut guider la sélection des fournisseurs et les décisions d’achat. Dans le secteur IT, cela signifie prioriser des matériaux à faible impact environnemental (métaux recyclés, plastiques biodégradables, minerais exempts de conflits) et favoriser les fournisseurs engagés dans des démarches certifiées, telles que la norme ISO 14001.
La réflexion sur le cycle de vie est fondamentale dans ce contexte. Lors de la sélection des composants, il convient d’évaluer l’ensemble du cycle de vie : non seulement l’impact lors de la fabrication, mais aussi l’intégration aux systèmes, les exigences de maintenance et les programmes de recyclage en fin de vie. En veillant à ce que le choix des matériaux et des produits suive une conception circulaire, les entreprises peuvent gérer le recyclage et l’élimination, en toute sécurité, des déchets dangereux, et en anticiper les coûts. Le recours à des stratégies d’inventaire allégées présente de nombreux avantages : réduction des excédents et déchets et alignement de l’utilisation des ressources sur la demande réelle.
Une technologie plus intelligente, des résultats plus durables
Outre la collaboration avec leurs partenaires, les fabricants peuvent également optimiser leurs propres environnements de production. Les systèmes de gestion intelligente de l’énergie constituent l’un des moyens les plus efficaces d’y parvenir. Ils assurent un pilotage automatisé et en temps réel de la consommation énergétique et limitent les gaspillages, aussi bien en période de forte activité qu’en période creuse
La centralisation de la gestion de l’alimentation constitue un autre levier. En remplaçant des alimentations isolées pour divers systèmes et appareils par une infrastructure centralisée, les entreprises peuvent consolider les équipements, réduire la production de chaleur et simplifier les audits énergétiques, autant d’éléments qui réduisent la consommation d’énergie et favorisent des opérations plus écologiques.
Chaque segment du réseau doit suivre le rythme des avancées technologiques telles que le passage de la technologie filaire et sans fil, de l’Ethernet multi-gig au WiFi 7. Toutefois cela ne doit pas occulter un autre enjeu clé : la simplification des architectures de câblage. Rationaliser les installations permet non seulement de réduire les besoins en matériel, mais aussi de limiter les erreurs humaines lors de la configuration, les interventions de maintenance. Ces économies se répercutent sur les grandes installations de production, évitant ainsi la complexité qui peut engendrer l’inefficacité.
Le développement durable, un impératif économique pour les entreprises
Les entreprises IT qui font du développement durable un principe fondamental de leur activité ont beaucoup plus à gagner qu’une simple mise en conformité règlementaire. La crédibilité environnementale liée aux pratiques durables renforce la réputation de la marque, attire des clients sensibles aux enjeux climatiques et séduit les investisseurs engagés.
Toutefois, pour le conseil d’administration comme pour les parties prenantes clés, les résultats financiers restent centraux. Il est avéré que les entreprises qui investissent dans l’efficacité énergétique et l’écoconception réalisent souvent des économies sur le long terme. La réduction des factures d’énergie, la diminution des réparations et des besoins d’entretien peuvent rapidement compenser les investissements initiaux dans les infrastructures durables, offrant un ROI rapide qui, associé à la réduction de l’exposition aux risques environnementaux, reste un argument clé en faveur du changement.
Les entreprises cherchent en permanence à assurer la pérennité de leurs activités, et la durabilité peut les aider à cet égard. Les normes d’émission de gaz à effet de serre (GES) des entreprises devraient se durcir, la directive de l’UE sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) exige que les grandes entreprises déclarent leurs GES pour la première fois en 2025. Dans le même temps, les clients deviennent de plus en plus exigeants, et les entreprises qui auront adopté en amont ces technologies seront prêtes à répondre à ces nouvelles attentes. Elles seront également plus agiles face aux perturbations climatiques, ayant déjà intégré la résilience dans leurs chaînes d’approvisionnement et leurs opérations.
Des gestes concrets pour un impact immédiat
Le développement durable peut souvent commencer par les activités les plus simples, telles que :
- Réaliser une étude du site afin d’optimiser la prévisibilité et d’éviter les déplacements inutiles, synonymes de gaspillage de temps, d’énergie et de ressources.
- Éteindre complètement les appareils lorsqu’ils ne sont pas utilisés au lieu de les laisser en veille.
- Investir dans des équipements de qualité, polyvalents et efficaces, afin de pouvoir les contrôler à distance et les mettre en service rapidement.
- Utiliser des écrans à basse tension pouvant économiser jusqu’à 70 % d’énergie.
- Privilégier des matériaux issus de filières responsable et des options réutilisables ou recyclables.
- Installer des réseaux audiovisuels basés sur le PoE pour réduire le câblage et favoriser les mises à niveau modulaires. La réduction du nombre de câbles et de prises nécessaires peut contribuer à réduire l’encombrement tout en améliorant l’aspect des salles/installations.
- Automatiser l’enregistrement des contenus pour faciliter leur diffusion dans un but pédagogique
- Encourager la coopération plutôt que la compétition pour développer des solutions de fabrication complètes, au service de l’utilisateur final.
- Proposer des options bas carbone, adaptées au travail hybride, à distance ou en présentiel.
- Préférer les bâtiments et les fabricants qui disposent de certification en matière de durabilité.
- Travailler dans un environnement numérique unifié, en connectant les équipements sur le réseau pour assurer une visibilité des opérations et une gestion à distance des espaces physiques.
Innover de manière responsable
Le secteur IT dispose de tous les atouts pour mener sa transition vers un avenir durable. Grâce à ses technologies de pointe et à sa culture de l’innovation, il peut initier le développement de solutions à faibles émissions, de réseaux intelligents et de pratiques écologiques modulables, transposables à d’autres industries.
Ce leadership doit commencer par l’interne. Les fabricants IT peuvent intégrer la responsabilité environnementale à leur stratégie de l’entreprise, de la R&D jusqu’au support client. Les choix de conception (modularité, réparabilité, efficacité énergétique, …) doivent refléter cet engagement à tous les niveaux.
Enfin, les fabricants peuvent aller plus loin en soutenant des politiques publiques en faveur de l’innovation verte, en s’alliant à d’autres acteurs pour établir des standards ouverts, et en partageant leurs bonnes pratiques. C’est ainsi que l’ensemble du secteur pourra hisser ses ambitions environnementales à la hauteur des défis de notre époque.