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AVIS D’EXPERT – CASB : la clé de voûte pour venir à bout du Shadow IA

illustration DR

Gabor Pop, expert SSE chez Olfeo, revient pour nos lecteurs sur une menace aussi discrète qu’insidieuse : le Shadow IA.

 

L’essor des IA génératives a donné naissance à une menace aussi discrète qu’insidieuse : le Shadow IA. Activées hors du radar de la DSI, elles échappent aux systèmes de supervision classiques et peuvent provoquer des fuites de données considérables. Pour y répondre, le Cloud Access Security Broker (CASB) s’impose comme un pilier du Security Service Edge, en offrant visibilité, analyse et gouvernance des applications cloud et des IA génératives réellement utilisées. 

Le préalable à toute démarche de sécurisation est la connaissance précise de l’existant. Or avec le Shadow IA, ce simple inventaire devient un défi de taille. Un salarié peut, en quelques clics, intégrer un agent conversationnel dans un outil collaboratif, ou déléguer des tâches administratives à un assistant automatisé, le tout hors du radar des équipes IT.

Cette utilisation parallèle, souvent bien intentionnée, ouvre une brèche invisible dans les défenses de l’entreprise. Et c’est précisément cette zone grise que le CASB vient éclairer.

Données clés sur le Shadow IT 

  • 41 % des collaborateurs utilisent des applications non visibles par les services IT.
    Source : Gartner
     
  • 11 % des incidents de cybersécurité ont pour origine l’utilisation non autorisée d’une solution SaaS.
    Source : Kaspersky
     
  • 76 % des PME et ETI considèrent le Shadow IT comme un risque de sécurité prioritaire.
    Source : Capterra

Cartographier les usages réels y compris pour l’IA générative

Grâce à l’analyse du trafic réseau sortant, le CASB agit comme une sonde intelligente détecte les recours aux IA génératives, ou aux applications cloud, même lorsqu’ils transitent par des outils du quotidien. Il associe les flux à des applications connues, détecte les requêtes et identifie des comportements suspects ou anormaux. Cette visibilité constitue un socle indispensable : ce qui peut être vu peut être sécurisé.

Mais cette visibilité n’est qu’un premier pas. Tous les services cloud, IA ne présentent pas les mêmes niveaux de risque. Certains sont conformes, d’autres peuvent exposer l’organisation à des violations réglementaires (RGPD, Cloud Act), à des risques techniques (absence de chiffrement, stockage hors UE) ou à une perte de contrôle fonctionnelle (contrat absent, fournisseur instable).

Shadow IA : la fuite de données silencieuse

Utilisées sans validation IT, les IA génératives représentent aujourd’hui l’un des vecteurs les plus critiques de fuite de données sensibles. Il suffit qu’un collaborateur copie-colle un extrait de contrat, de code source ou de note stratégique dans un chatbot pour qu’il devienne, potentiellement, accessible à des tiers ou exploitable par des algorithmes d’entraînement. Contrairement aux canaux SaaS classiques, les usages d’une IA sont éphémères, discrets, souvent hors des périmètres surveillés, et s’effectuent en dehors de toute politique DLP existante.

Le CASB joue ici un rôle clé :

  • Il détecte ces usages d’IA, même masqués.
     
  • Il évalue les niveaux de risque associés à chaque interaction.
     
  • Il déploie des mesures adaptées : blocage des échanges, alerte, ou campagne de sensibilisation ciblée.
     

Couplé à un moteur de prévention des pertes de données (DLP), il peut empêcher l’exfiltration d’informations critiques vers des services IA non autorisés.

Vers une gouvernance granulaire des usages cloud

Une fois les usages visibles et qualifiés, encore faut-il pouvoir agir de façon ciblée. Le CASB définit des politiques d’usage différenciées selon les services, les utilisateurs, ou les niveaux de risque identifiés : autorisation, restriction, blocage, alerte ou sensibilisation.

Plutôt que d’imposer des règles générales, la solution facilite la mise en œuvre d’une gouvernance fine, contextuelle, et évolutive, en lien avec la réalité des usages métiers. Cette logique permet d’aligner sécurité et agilité, sans opposer IT et utilisateurs.

Le CASB ne constitue pas une solution isolée, mais plutôt une composante structurante des architectures de sécurité actuelles, en particulier dans le cadre du Security Service Edge (SSE). Couplé à une passerelle web sécurisée (SWG), à un DLP, ou à une solution d’accès Zero Trust (ZTNA), il complète l’arsenal de supervision et de contrôle des environnements cloud.

 

Ce ne sont pas des attaques sophistiquées qui mettront en difficulté les organisations, mais l’absence de visibilité sur des usages pourtant quotidiens. Chaque interaction non encadrée, chaque automatisation développée en dehors du cadre IT, peut constituer une faille avec de lourdes conséquences. Face à ces usages diffus et souvent invisibles, le CASB devient un levier essentiel. Non pour réagir après coup, mais pour reprendre le contrôle en amont et garantir une gouvernance adaptée. Ignorer cette réalité, c’est prendre le risque de perdre progressivement la maîtrise des données sensibles de l’entreprise.