Alors que 2026 s’annonce comme une année charnière pour l’ensemble de l’écosystème numérique, Benoît Mercier, Président de KDDI, observe une accélération inédite des transformations liées à l’IA, à la souveraineté technologique et à la résilience des infrastructures. Entre surabondance informationnelle, mutation des datacenters, exigences réglementaires croissantes et évolution des chaînes d’approvisionnement, les entreprises vont devoir faire des choix structurants, parfois exigeants.
Reprendre la main face au déluge informationnel
L’essor fulgurant de l’IA générative a ouvert un champ immense de possibilités… mais aussi de vulnérabilités. Jamais il n’a été aussi simple de produire des contenus biaisés, trompeurs, voire malveillants. Vidéos truquées, messages manipulés, attaques de phishing hyper-personnalisées… Les menaces informationnelles changent d’échelle et deviennent de plus en plus sophistiquées, ciblées et crédibles.
En 2026, les entreprises devront dépasser la simple logique de vigilance et intégrer pleinement la maîtrise du risque informationnel dans leurs programmes de formation. Développer l’esprit critique, apprendre à décoder les signaux faibles, comprendre les mécanismes de désinformation sont autant de compétences qui deviendront fondamentales, au même titre que les formations de cybersécurité classiques.
Datacenters : vers des infrastructures plus sobres et stratégiques
L’essor de la demande en IA, stimulé par les usages grand public, ouvre une nouvelle phase d’expansion pour les datacenters. Des projets d’infrastructures de très grande taille (souvent au-delà de 100 MW) portés par de nouveaux acteurs sur le marché émergent loin des centres urbains. Cette dynamique marque l’entrée dans un cycle de transformation :
À mesure que les technologies évoluent, notamment avec l’arrivée de solutions photoniques nettement moins énergivores, les infrastructures de demain pourront être plus efficientes, plus compactes et plus alignées avec les enjeux environnementaux. Cette transition annonce un virage attendu : concevoir des capacités au plus juste, orientées vers des usages créateurs de valeur.
Cette montée en puissance redéfinit la place de la chaîne logistique. Face à des délais d’approvisionnement plus longs ou des références plus difficiles à obtenir : les acteurs vont devoir anticiper, renforcer leurs stocks de matériel critique et repenser leurs processus de maintenance. On verra ainsi apparaître de nouvelles fonctions hybrides, mêlant logistique avancée, facilities management et connaissance fine des environnements techniques. Une évolution naturelle qui accompagnera la professionnalisation croissante du secteur.
Cloud : la résilience redevient un choix stratégique
Les pannes successives ayant touché AWS, Azure ou plus récemment Cloudflare ont rappelé une réalité souvent occultée : le cloud n’est pas infaillible. En 2026, les DSI devront arbitrer entre deux stratégies : multiplier les fournisseurs, idéalement souverains, au prix d’une complexité accrue ou rester dépendants des géants mondiaux, acceptant un risque faible mais réel de nouvelles défaillances. La stratégie multicloud, longtemps présentée comme une évidence, deviendra un choix mesuré et contextualisé pour chaque entreprise.
Souveraineté : l’Europe prête à fixer enfin les règles du jeu
Le débat sur la souveraineté numérique s’intensifie. Entre les acteurs nationaux misant sur SecNumCloud et les joint-ventures comme S3NS ou Bleu pouvant obtenir la même certification malgré l’usage de technologies américaines, de nombreux DSI se retrouvent tiraillés entre injonctions contradictoires. L’année 2026 devrait enfin apporter la clarté attendue, avec l’officialisation attendue de la certification EUCS, soutenue par le couple franco-allemand. Cette norme définira plusieurs niveaux de sécurité et de souveraineté, permettant d’instaurer un cadre européen unifié, cohérent et lisible.
NIS2 : une opportunité majeure… mais aussi une responsabilité accrue pour les intégrateurs
Pour les intégrateurs et prestataires IT, la directive NIS2 ouvre un champ d’opportunités considérable, les entreprises auront, en effet, besoin d’accompagnement, de méthodologie, de solutions. Mais cette dynamique s’accompagne d’une responsabilité juridique renforcée. Le devoir de conseil sera scruté. En cas de cyber incident dommageable, les entreprises se tourneront souvent vers leurs prestataires pour déterminer si toutes les recommandations adéquates ont été formulées, documentées… et suivies. Les départements juridiques devront aider les équipes commerciales et techniques à prendre en compte ce risque ainsi que toutes les précautions nécessaires, quand par exemple le client n’aura pas souscrit à une offre de sauvegarde adaptée.








