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Atos veut acquérir le dinosaure français de l'informatique Bull, et garder la marque

Le secret a été bien gardé : Atos et Bull ont annoncé ce matin leur projet de rapprochement pour créer une société leader en Europe dans le cloud, le Big Data et la cybersécurité.


Quels CV pour les acteurs en présence ?

Atos SE (Société Européenne) est un acteur international des services informatiques avec un chiffre d’affaires annuel de 8,6 milliards d’euros. Il compte 76 300 collaborateurs dans 52 pays. Il propose des services de conseil et d’intégration de systèmes, d’infogérance et des services transactionnels par l’intermédiaire de Worldline, spécialisé dans les services de paiement. Atos est dirigé par Thierry Breton, que le grand public connait pour avoir été ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie de 2005 à 2007 sous la présidence de Jacques Chirac. Ce dirigeant d’entreprise a notamment été PDG de Thomson et de France Télécom.

Le français Bull, quant à lui, a une longue histoire. Né en 1930, il a appartenu à différentes sociétés (les américains General Electric et Honeywell notamment ont un temps été actionnaires majoritaires), avant d’être nationalisé en 1982 puis reprivatisé. En 2011, le Fond stratégique d’investissement (FSI) entre dans le capital du groupe (à 25 %). Bull s’est développé dans les supercalculateurs, dans la sécurité des systèmes critiques et des sites sensibles, mais aussi dans le Cloud via Numergy, le cloud souverain français dont il détient 20 % – SFR et La Caisse des Dépôts état aussi actionnaies. Le groupe s’est également développé dans les services pour l’intégration de ses matériels, mais aussi dans l’infogérance. Bull compte plus de 9 000 collaborateurs et réalise son chiffre d’affaire dans le secteur public, mais aussi dans l’industrie et la distribution, la banque et les assurances, ainsi que dans les télécoms et les médias parmi les secteurs les plus représentés dans son chiffre d’affaires. Bull a réalisé en 2013 un CA de 1,26 milliards d’euros. Seule la partie Solutions de sécurité a vu son CA augmenter l’année dernière. Bull est dirigé par Philippe Vannier depuis mai 2010. Auparavant, Philippe Vannier était PDG de la société de conseil et d’ingénierie Amesys, une filiale de Bull. La bourse ce matin a salué le rachat de Bull par Atos et a fait grimper le cours de la SSII de 5,1 %.

Quelles compétences dans la dot de Bull ?

On pourrait se demander pourquoi Atos n’a pas acquis une société américaine, alors que Bull réalise principalement son chiffre d’affaires en France à 55 %, à 30 % dans le reste des pays européens et à 15 % dans le reste du monde. Thierry Breton, président directeur général d’Atos, a donné la réponse en indiquant qu’il avait pour ambition « de devenir un acteur de premier plan et la marque préférée de l’IT en Europe à l’horizon 2016 ”. Les compétences de Bull dans les services managés, le cloud, le Big Data et la cybersécurité devraient l’aider à « ancrer son leadership en Europe ». Le rapprochement des deux sociétés permettra au groupe de se renforcer dans le Cloud, un domaine dans lequel Atos réalise près de 400 millions de chiffre d’affaires, notamment avec sa filiale Canopy. Dans le domaine du Big Data, un marché en forte croissance de près de 40 % par an, Bull lui« apportera des capacités critiques et complémentaires dans le Big Data qui, combinées aux solutions d’Atos, créeront une offre intégrée unique dans ce segment à forte croissance. » Côté cybersécurité, Bull permettra à Atos de se renforcer dans les secteurs public et de la Défense, non seulement en Europe (principalement en France, Espagne et Pologne), mais aussi en Afrique et au Brésil. Pour ces deux secteurs, Atos a l’intention de créer une entité dédiée sous la marque Bull avec un chiffre d’affaires espéré d’environ 500 millions d’euros. C’est le PDG actuel de Bull qui devrait en prendre la tête et la développer, notamment en acquérant des start-up innovantes.

Atos espère voir son chiffre d’affaires dans l’infogérance augmenter de 500 millions, en touchant de nouveaux marchés verticaux grâce l’expertise de Bull dans les services de maintenance et de migration mainframe. En intégration de systèmes, Atos espère que Bull contribuera à hauteur de 300 millions du chiffre d’affaires.

Quel prix d’achat ?

Atos va déposer une offre publique d’achat en numéraire à 4,90 € par action, représentant une prime de 30% sur la moyenne du cours de l’action Bull pondérée par les volumes sur les 3 derniers mois (VWAP), ce qui valorise Bull à 620 millions d’euros.  Les deux actionnaires principaux du groupe Bull, Crescendo Industries et Pothar Investments, se sont déjà engagés à apporter leurs titres à l’offre, soit 24,2 % des actions Bull – sachant qu’Atos vise a minima 50 %, plus 1 action du capital, de Bull.

Quelles économies pour le groupe ?

La transaction devrait générer en 24 mois 80 millions d’euros de synergies de coûts résultant d’une part de l’accélération de la mise en oeuvre du plan « One Bull » pour 30 millions d’euros, et d’autre part de l’intégration des opérations internationales des deux sociétés conjuguées à des réductions sur les achats et l’immobilier pour 50 millions d’euros.

Cette transaction a été approuvée à l’unanimité par les conseils d’administration de Bull et d’Atos. L’offre sera déposée auprès de l’autorité des marchés financiers début juin et elle se clôturera fin juillet.

Rappelons qu’en avril Atos s’était invité dans les négociations de rapprochement entre Stéria et Sopra. L’offre d’achat d’Atos sur Stéria courent toujours d’ailleurs jusqu’à fin juin (voir notre article). Rappelons aussi que sa filiale de services de paiement Wordline sera introduite en juin en Bourse.