Alors qu’Airbus annonçait en 2018 un virage stratégique majeur avec l’abandon de Microsoft Office au profit de Google Workspace, la migration, qui devait initialement durer 18 mois, est loin d’être achevée.
Dans un entretien accordé à The Register, Catherine Jestin, vice-présidente exécutive du digital d’Airbus, dévoile les coulisses d’une migration bien plus complexe que prévu : sept ans après avoir choisi Google, le groupe aéronautique n’est toujours pas parvenu à basculer l’ensemble de ses équipes vers la suite cloud de Google.
Une transition bien plus longue que prévue
Lorsque l’ex-CEO Tom Enders officialise en mars 2018 le passage de Microsoft Office à G Suite (devenu Google Workspace), l’entreprise évoque un calendrier serré : un an et demi pour migrer l’ensemble des usages internes.
Un objectif désormais qualifié « d’extrêmement ambitieux » par Catherine Jestin, executive vice president digital d’Airbus, interrogée par The Register.
Sept ans plus tard, seulement deux tiers des collaborateurs ont pleinement migré, tandis que des « poches de résistance » persistent, notamment au sein des directions finance, commercial, achats et juridique.
Excel reste incontournable pour les équipes Finance
Le principal frein reste… Excel. Certaines équipes manipulent des fichiers de plus de 20 millions de cellules, une volumétrie que Google Sheets ne peut encore absorber. Résultat : de nombreux collaborateurs continuent d’utiliser Excel en parallèle de Workspace. Selon Catherine Jestin, Google travaille à lever ces limitations structurelles, notamment en permettant des fichiers nettement plus volumineux.
Les équipes juridiques et achats, quant à elles, réclament une traçabilité des modifications plus robuste, notamment pour la gestion contractuelle. Google promet une compatibilité « 100 % » avec les fichiers Microsoft en 2026, mais pour l’instant, le travail hybride entre les deux suites continue de générer des problèmes d’interopérabilité.
Les contraintes réglementaires pèsent aussi dans la balance
Au-delà des limites fonctionnelles, un frein non négociable subsiste :
Les documents classifiés de niveau militaire ne peuvent pas être stockés dans le cloud. Ces équipes restent donc, par obligation réglementaire, sur des solutions Microsoft on-premises. Plusieurs ingénieurs anonymes cités par The Register confirment d’ailleurs que ces incompatibilités et contraintes opérationnelles les obligent à maintenir l’usage d’Excel. Airbus continue d’ailleurs de payer des licences Microsoft – sans en préciser l’ampleur.
Malgré les difficultés, Airbus reconnaît les efforts fournis par Google pour adapter son offre.
Selon Catherine Jestin, Google a accepté de travailler conjointement avec l’industriel sur l’amélioration des fonctionnalités critiques : taille des fichiers, enrichissement des fonctions de Sheets, et surtout renforcement de la traçabilité.








