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La DGSI reconduit Palantir : quand la souveraineté technologique reste un objectif différé

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) prolonge pour trois ans son partenariat avec Palantir Technologies. L’éditeur américain continuera de fournir sa plateforme logicielle propriétaire, ainsi que les services associés d’intégration, de support et d’assistance opérationnelle. Cette décision s’inscrit dans la continuité d’une collaboration engagée depuis près de dix ans, alors qu’elle avait été initialement présentée comme transitoire.

Un contrat prolongé, sans remise en cause structurelle

Dans un communiqué diffusé le 15 décembre, Palantir annonce le renouvellement pour trois ans de son contrat avec la DGSI. L’accord porte sur la fourniture de sa plateforme logicielle propriétaire et sur les services nécessaires à son déploiement et à son usage opérationnel. Aucun élément financier n’est communiqué, ni précision sur les périmètres fonctionnels concernés.

Ce renouvellement confirme un état de fait : Palantir demeure un élément structurant des capacités analytiques du renseignement intérieur français, malgré les orientations affichées de longue date en faveur d’une réduction de la dépendance à des technologies extra-européennes dans les systèmes critiques.

Continuité opérationnelle, arbitrage assumé

Dans son communiqué, Palantir replace cette reconduction dans un contexte de menaces sécuritaires durables, qui imposent des capacités de traitement de données à grande échelle, sous de fortes contraintes de sécurité, de confidentialité et de gouvernance.

L’éditeur souligne également que le périmètre de son intervention reste strictement encadré, conformément aux exigences opérationnelles et réglementaires définies par les autorités françaises. Il précise enfin que ce renouvellement s’inscrit dans une trajectoire visant à accompagner, à terme, une transition vers une autonomie technologique française.

Un discours institutionnel maîtrisé, qui ne s’accompagne d’aucun calendrier ni d’indicateurs de bascule, et qui traduit, dans les faits, la priorité donnée à la continuité opérationnelle sur une rupture technologique immédiate.

Une trajectoire de remplacement engagée, mais inachevée

La prolongation du contrat avec Palantir intervient alors qu’une démarche visant à identifier une solution de substitution française est engagée depuis plusieurs années. Dès 2018, Laurent Nuñez, alors directeur général de la DGSI, expliquait dans une déclaration rapportée par Bloomberg la volonté de travailler au développement « d’une offre française ou européenne afin de mettre un outil à disposition de l’ensemble des services de renseignement ».

Cette orientation a conduit à la structuration d’un processus de sélection d’alternatives nationales. En 2023, celui-ci s’était resserré autour de plusieurs acteurs français, parmi lesquels figuraient notamment Athea (alliance entre Atos et Thales), Blueway et ChapsVision, rappelle Next.ink.

Interrogé fin novembre sur l’état d’avancement de ces travaux, Cédric Pelegry, directeur des affaires publiques de ChapsVision, indiquait sur France Info que la solution développée « fonctionne plutôt bien » et que les échanges avec les services de renseignement progressaient, tout en reconnaissant que la succession à l’outil américain n’était pas encore pleinement opérationnelle.