Selon une analyse de HSBC relayée par le Financial Times, OpenAI pourrait avoir besoin de plus de 200 milliards de dollars d’ici 2030 pour financer ses infrastructures. L’explosion des coûts liés à la location de puissance de calcul auprès de Microsoft et Amazon met en question la soutenabilité économique du modèle actuel de l’IA générative.
Les coûts d’infrastructure prennent le dessus
HSBC intègre dans ses projections deux accords majeurs signés par OpenAI : 250 milliards de dollars de compute chez Microsoft et 38 milliards chez Amazon. Au total, l’entreprise s’engage sur 36 gigawatts de puissance de calcul.
Même si seule une partie de cette capacité sera déployée d’ici la fin de la décennie, HSBC estime que la facture annuelle pourrait grimper à 620 milliards de dollars. Un montant largement supérieur aux flux de trésorerie qu’OpenAI est susceptible de générer sur la période, malgré une croissance attendue des usages.
Une adoption massive, mais un modèle encore fragile
Le scénario présenté repose sur une adoption très large : HSBC projette jusqu’à 3 milliards d’utilisateurs en 2030, contre environ 800 millions aujourd’hui. La banque anticipe une montée progressive des abonnements et l’émergence de nouvelles sources de revenus, comme l’IA agentique ou la publicité.
Reste un point de friction : la conversion en abonnés payants. HSBC table sur 10 % d’utilisateurs payants en 2030. Une progression notable, mais insuffisante pour absorber l’augmentation rapide des dépenses d’infrastructure.
Un besoin de financement massif
HSBC estime que les flux de trésorerie cumulés d’OpenAI pourraient atteindre 282 milliards de dollars d’ici 2030. En y ajoutant les injections promises par certains partenaires, la vente d’actifs et les lignes de crédit existantes, l’entreprise dispose d’un volant financier important mais loin d’être suffisant. Face à cela, la facture totale de location d’infrastructure atteindrait 792 milliards de dollars sur la période. Résultat : un déficit de 207 milliards, plus un coussin de sécurité de 10 milliards ajouté par HSBC.
Les analystes soulignent que des changements d’hypothèses peuvent faire varier ce chiffre, mais l’écart reste notable.
Un modèle sous contrainte
HSBC n’exclut pas qu’OpenAI doive renégocier certains engagements si la croissance ne suit pas le rythme prévu. Les liens étroits entre acteurs du cloud, de l’IA et des puces pourraient offrir une marge de manœuvre, notamment pour éviter un risque de liquidité.
En toile de fond, une question structurelle demeure : l’IA générative peut-elle reposer durablement sur des investissements colossaux financés par du capital, ou devra-t-elle rééquilibrer son modèle plus tôt que prévu ? Pour HSBC, ce scénario n’est pas une prédiction, mais un test de résistance. Il met en lumière un point rarement exposé publiquement : la dépendance extrême à une infrastructure coûteuse dont la rentabilité reste, pour l’heure, largement théorique.








