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Souveraineté numérique : la France affine sa stratégie cloud et renforce sa position en Europe

Face à la montée des exigences réglementaires, aux tensions géopolitiques et à l’arrivée de l’IA agentique, les entreprises européennes entrent dans une nouvelle phase de leur trajectoire cloud : celle de la maîtrise. C’est l’un des enseignements clés de l’édition 2025 de l’enquête PwC EMEA Cloud Business Survey, menée auprès de 1 400 dirigeants dans 26 pays.

Dans la zone EMEA (Europe, Middle East, Africa), 82 % des organisations réévaluent aujourd’hui leur stratégie numérique. Une proportion qui illustre la fin d’un cycle marqué par l’urgence de migrer et l’ouverture d’un autre, centré sur l’optimisation, la gouvernance et la souveraineté technologique.

Cloud souverain et multicloud : une recherche d’équilibre

Selon PwC, près de 94 % des entreprises prévoient d’ajuster leur architecture cloud dans l’année à venir. Le mouvement se confirme : le multicloud s’installe comme une pratique majoritaire (79 % l’utilisent déjà), avec un double objectif de résilience et de flexibilité. La France se distingue par une maturité légèrement supérieure à la moyenne européenne : 87 % des organisations interrogées déclarent un niveau “relativement élevé” de maîtrise de leurs environnements cloud.

Pour autant, les freins demeurent connus : pénurie de compétences, difficultés d’intégration, sécurité. Seuls 5 % des répondants estiment avoir déployé de manière cohérente l’ensemble des initiatives structurantes liées au cloud. Une donnée qui rappelle que l’empilement de services ne suffit pas ; la valeur dépend directement de la capacité des organisations à harmoniser gouvernance, usages et expertise interne.

Un impératif renforcé : la souveraineté de la donnée

L’étude pointe un resserrement des attentes en matière de conformité et de confidentialité. Près d’une entreprise sur deux cite ces enjeux comme principaux défis dans sa transition cloud. En France, la sensibilité réglementaire apparaît plus marquée encore : 48 % des entreprises la qualifient de priorité, contre 42 % à l’échelle EMEA.

Conséquence directe : la progression des clouds souverains ou “de confiance”, souvent en complément des hyperscalers internationaux. Ce mouvement va de pair avec la montée en puissance des workloads localisés, afin de répondre à la fragmentation réglementaire européenne et aux attentes en matière de contrôle de la donnée.

Particularité française : le lien explicite entre IA et souveraineté. 46 % des entreprises françaises font de l’IA la première raison d’adopter un cloud souverain, contre 30 % dans le reste de la zone. Un signe que la France anticipe la dépendance technologique future autour des modèles d’IA avancés.

L’IA agentique : promesse forte, déploiements mesurés

Alors que 86 % des organisations jugent les capacités d’IA agentique déterminantes dans le choix d’un fournisseur cloud, les déploiements à grande échelle restent limités (29 % en EMEA, 31 % en France). Les dirigeants identifient clairement le potentiel : automatisation de la conformité, optimisation opérationnelle, personnalisation des services.
Mais la mise en œuvre demande une gouvernance solide, une capacité de supervision et un socle de data fiable. Autant d’éléments encore en construction.

FinOps : discipline attendue, adoption incomplète

Si une large majorité d’entreprises prévoit d’augmenter leurs investissements cloud (86 %), seules 10 % ont réellement intégré des pratiques avancées de FinOps. L’outil est pourtant perçu comme essentiel pour aligner dépenses et stratégie, un point particulièrement sensible dans un contexte où les modèles IA consomment davantage de ressources.

Ce décalage illustre un enjeu clé pour les DSI : développer une approche financière du cloud aussi structurée que les approches techniques.

Ce que les dirigeants doivent retenir

Une conclusion traverse l’ensemble de l’enquête : après une décennie de migrations, la compétition se joue désormais sur la maîtrise. La capacité à gouverner, sécuriser et optimiser plutôt qu’à accumuler des services.