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Suite numérique de l’état, avec un agent IA : les éditeurs crient à la concurrence déloyale 

La Suite Numérique, lancée en 2024, est un ensemble d’applications destiné aux agents publics, offrant une plateforme collaborative souveraine et sécurisée. Open Source et hébergée en France, son objectif est d’apporter une alternative aux suites de Microsoft ou Google. La Dinum en charge de la plateforme, a présentée fin novembre la nouvelle version. A ses 5 briques phares modernisées vient désormais s’adjoindre un agent IA.

Le défi pour la Dinum est de concevoir et faire adopter la plateforme par les agents publics : ministères, collectivités territoriales, hôpitaux. Un potentiel de 5,5 millions d’utilisateurs, habitués aux offres commerciales, dont les suites de Microsoft ou Google.

La Cour des Comptes avait d’ailleurs en 2024 critiqué le faible taux d’adoption des outils proposés à l’époque (pour la période 2023 et antérieure) : « la suite numérique de l’agent public demeure une offre peu lisible et instable, qui reste inconnue de la plupart des agents ».

La Dinum a donc dû jouer avec l’ impératif de proposer une alternative souveraine, dans des budgets contraints qui sont ceux de l’état.

Tchap : la genèse de l’offre

Tout avait commencé en 2019, avec une simple application Tchap, une messagerie instantanée destinée à remplacer, pour les agents de l’état et pour des soucis de sécurité, des outils pratiques et populaires comme whatApp ou Telegram. Développée par ce qui s’appelait la DINSIC à l’époque, la messagerie était basée sur le protocole open-source Matrix, ce qui avait permis de développer l’outil en trois mois. Aujourdhui, la messagerie a 375 000 utilisateurs actifs par mois.

Sa nouveauté 2025 est l’appel de groupe. Une version beta permet l’utilisation sous Windows, et la nouvelle version en préparation sous iOS et Android, sera entièrement repensée, pour améliorer l’expérience utilisateur.

Le tout Open source

La philosophie open-source a été maintenue pour le successeur de la Dinsic, la Dinum (Direction interministérielle du numérique). Les 4 applications qui composent la suite, en plus de Tchap, connaissent des nouvelles fonctionnalités.

VISIO : l’apport de l’IA

L’application de visioconférence compte 60 000 utilisateurs actifs. La nouveauté 2025 est la transcription asynchrone du contenu. Les prochaines fonctionnalités annoncées sont : sur une synthèse automatique générée par l’IA et une intégration dans le calendrier.

DOCS : la gestion avancée des documents

L’application compte 35000 utilisateurs. La grande nouveauté pour cet outil de gestion de documents est l’intégration avec Visio afin d’offrir l’outil idéal pour les réunions à distance. On pourra réaliser ainsi sur un seul fichier la préparation de l’ordre du jour, un support de présentation des prises de notes collaboratives, la rédaction et la diffusion du compte-rendu.

La publication de commentaires est une nouveauté annoncée. La prochaine version comportera un assistant IA.

FICHIERS : organiser et stocker les fichiers

L’application est actuellement en version bêta, elle permet d’éditer,  stocker et d’organiser les fichiers ouvrez la parenthèse texte, tableur … fermez la parenthèse dans un espace sécurisé. L’agent public est incité à envoyer un lien plutôt qu’une pièce jointe dans la messagerie

GRIST : tableur et gestionnaire de données

Le « tableur collaboratif de l’état » permet de partager et de collaborer. Il comporte une application No Code, afin de créer À partir des données un formulaire un calendrier etc. La gestion des droits d’accès est avancée. Le tableur est déjà utilisé par 15000 agents par mois, contre 1000 en 2024

L’ASSISTANT IA : la principale avancée

L’annonce phare est celle de l’assistant IA. Il s’intégre dans l’ensemble des applications. C’est le fil invisible entre toutes les applications.

Il s’agit surtout d’un Chat, simple sécurisé hébergé en France, et qui n’utilise pas les données de l’utilisateur souligne la DINUM, qui a travailé avec Mistral AI pour intégrer les meilleurs modèles. L’IA est désormais présente en arrière-plan dans toutes les applications de la suite.

Dans les prochains mois, l’IA générera du texte des réponses de façon plus contextualisée, par rapport aux fichiers de l’utilisateur. 10000 agents testent déjà l’outil qui serait opérationnel début 2026. Son introduction représentera le premier pas vers une interopérabilité entre toutes les applications de la suite.

Les éditeurs vent debout contre la Dinum

La fronde émane des éditeurs de logiciels, qui estiment que ce n’est pas la vocation de l’état de concurrencer les entreprises. « La Dinum réussit l’exploit de fédérer l’ensemble des écosystèmes contre elle… » nous a déclaré un éditeur. Le CNLL qui fédère la communauté de l’OpenSource , s’insurge sur son site : « La DINUM joue contre son camp en se positionnant en concurrent direct des éditeurs français de logiciels libres et collaboratifs, alors qu’il existe déjà une dizaine de solutions françaises de bureautique collaborative, certaines bénéficiant de financements par l’État (Murena, XWiki, OfficeJS, BlueMind, Interstis, Jamespot, Wimi, Abilian…). Cela créé une situation de concurrence irresponsable ».  Même discours du Comité Stratégique de Filière, représentant de l’écosystème des éditeurs. Michel Paulin, ex CEO d’OVH , déclarant que la suite représente une prédation anticoncurrentielle vouée a l’échec et consommatrice d’argent public …

Comme toujours, l’arbitre sera l’utilisateur. Les progrès de la plateforme proposée par la Dinum paraissent prometteurs en termede convivialité et d’apport de l’IA. L’enjeu demeure la dffusion, l’adoption, mais aussi le support.