Dassault Systèmes, Airbus, OVHcloud ou encore Orange. Au total, onze entreprises européennes unissent leurs forces au sein de l’ESTIA, l’European Sovereign Tech Industry Alliance, pour structurer une réponse commune face aux dépendances technologiques qui pèsent sur l’Europe et peser davantage dans les discussions à Bruxelles autour du futur cadre du cloud souverain.
Une alliance qui veut clarifier la souveraineté numérique européenne
L’ESTIA se présente comme un collectif industriel destiné à combler un vide : l’absence d’une définition partagée du « cloud souverain » au niveau européen. Alors que les labels nationaux se multiplient et que Bruxelles prépare encore ses propres référentiels, l’alliance entend formuler une position commune sur les exigences minimales de souveraineté, qu’il s’agisse de contrôle juridique, d’infrastructures, de protection contre les réglementations extraterritoriales ou de résilience opérationnelle.
Pour les entreprises fondatrices, A1 Digital, Airbus, Dassault Systèmes, Deutsche Telekom, evroc, OpenNebula Systems, Orange, OVHcloud, Post Luxembourg, Schwarz Digits, Sopra Steria et Telecom Italia, l’enjeu est autant économique que stratégique : sans clarification, difficile d’investir massivement dans une filière européenne capable d’exister face aux hyperscalers américains.
Vers une politique d’achat public plus structurante
L’un des axes majeurs évoqués par l’ESTIA concerne la commande publique. Les membres appellent à une politique d’achats qui favorise l’émergence d’une offre européenne pour le traitement des données sensibles. Pour faire du secteur public un « client-ancre » permettant aux opérateurs européens de consolider leurs capacités cloud, de stabiliser leur modèle économique et d’aligner leurs offres sur les exigences des secteurs régaliens et critiques.
Un lancement officiel prévu en 2026
Pour l’heure, l’ESTIA en est au stade de l’annonce. La structuration de la gouvernance, la définition des priorités opérationnelles et la feuille de route doivent être précisées d’ici le lancement officiel, prévu en 2026. Cette temporalité interroge : d’ici là, l’Europe aura avancé sur ses propres travaux (EUCS, Cyber Resilience Act, Data Act), et la concurrence internationale continuera d’évoluer rapidement.
Reste que l’initiative marque un tournant : pour la première fois, des acteurs européens majeurs tentent de parler d’une seule voix sur un sujet devenu critique. Reste à voir si cette alliance pourra dépasser le cadre déclaratif pour s’imposer comme un acteur structurant de la souveraineté numérique européenne.








