Malgré des ambitions affichées et des milliards de dépenses, 88 % des initiatives de transformation numérique n’atteignent pas leurs objectifs initiaux. Même parmi les entreprises les plus performantes, il existe un écart persistant de 30 % entre le potentiel stratégique et les résultats réels. Pour Tonia Maneta, CMO de Bizzdesign, « une transformation réussie ne consiste pas à déployer davantage de technologie, mais plutôt à aligner toutes les composantes de l’entreprise numérique ».
Le défi ne réside pas dans un manque de vision ou de technologie. Il s’agit plutôt d’un décalage persistant entre la stratégie et l’exécution qui compromet même les initiatives les plus prometteuses.
Et les enjeux ne cessent d’augmenter. Les attentes des consommateurs ont définitivement évolué vers des expériences plus personnalisées et disponibles en permanence. Les concurrents « digital natives » sont en train de réécrire les règles dans les secteurs traditionnels. Et les réglementations relatives à la gouvernance de l’IA, à la durabilité et à la confidentialité des données se durcissent plus rapidement que prévu. Pour les responsables du marketing et de la croissance, ce changement n’est pas abstrait : il influence la manière dont nous interagissons avec les clients, instaurons la confiance et restons compétitifs sur des marchés où les règles évoluent rapidement.
Mais la situation recèle aussi des opportunités. Les organisations qui réussissent bénéficient d’avantages concurrentiels significatifs en termes de croissance axée sur les données, d’accélération des cycles d’innovation et d’engagement client plus profond. Et les DSI réagissent : plus de 88% prévoient d’augmenter leurs investissements dans l’IA, et 91% accroissent leurs dépenses en IA générative malgré des contraintes budgétaires plus fortes.
Alors pourquoi continue-t-on de se tromper ?
Prenons l’exemple de l’adoption de l’IA. Les équipes métier, désireuses d’innover, avancent trop vite pour que les services informatiques puissent les encadrer. Elles lancent des projets pilotes, testent des outils et développent des solutions de manière isolée. Il en résulte un patchwork d’initiatives parallèles qui fragmentent les efforts et diluent les résultats.
Et l’IA n’est pas le seul domaine où l’on constate un décalage. Dans de nombreuses organisations, les budgets informatiques sont principalement consacrés à la maintenance des systèmes existants et à la résolution des problèmes urgents. Les budgets restant pour l’innovation ne font guère bouger les lignes. Le résultat ? Des redondances coûteuses, une dette technique croissante et des efforts d’innovation qui évoluent en parallèle des priorités de l’entreprise plutôt qu’en phase avec elles.
Le risque opérationnel aggrave encore le problème. Sans une visibilité claire sur la manière dont les processus métier dépendent de la technologie, des données, des fournisseurs et d’autres systèmes critiques, les organisations restent vulnérables aux perturbations, qu’elles soient dues à une cyberattaque, à un défaut de conformité ou à la défaillance d’un fournisseur.
Les organisations qui réussissent ne sont pas parfaites, elles sont alignées.
Une transformation réussie ne consiste pas à déployer davantage de technologie, mais plutôt à aligner toutes les composantes de l’entreprise numérique pour que les équipes puissent agir avec efficacité, exécuter plus rapidement et mesurer ce qui compte.
Cet alignement repose sur trois fondements.
Tout d’abord, relier les décisions technologiques à la stratégie de l’entreprise. Les investissements informatiques doivent être orientés vers des initiatives qui génèrent une valeur business mesurable, et non pas simplement vers le maintien des systèmes existants. Cela nécessite de réorienter le portefeuille de solutions vers l’innovation plutôt que vers la maintenance, en construisant une base technologique plus agile qui soutient la croissance et l’avantage concurrentiel à long terme.
Deuxième fondement: créer une visibilité à l’échelle de l’entreprise. Les organisations ont besoin d’une vision partagée et en temps réel de leur écosystème numérique, couvrant les processus métier, les dépendances technologiques, les flux de données et les relations avec les tiers. Cette transparence permet de gérer le changement tout au long de la chaîne de valeur, d’identifier les cas d’usage à fort impact pour l’IA et de favoriser une amélioration continue plutôt que des succès ponctuels.
Troisième fondement : intégrer dès le départ la résilience et la gouvernance. La transformation ne peut réussir si elle est fragile. La compréhension des dépendances critiques entre les systèmes, les fournisseurs et les processus permet aux organisations d’anticiper les risques, d’assurer la conformité et de neutraliser les menaces avant qu’elles ne s’intensifient. Cela rend la transformation sécurisée, évolutive et pérenne.
Les organisations qui réussissent leur transformation numérique partagent un trait commun : elles ont compris comment avancer rapidement sans tout casser.
Leurs équipes, leurs initiatives, leurs processus et leurs technologies fonctionnent en parfaite synergie, car elles ont mis en place les conditions nécessaires pour assurer leur alignement.
Il ne s’agit pas ici de perfection, mais plutôt d’avoir la bonne visibilité, la bonne gouvernance et un langage commun entre les métiers et l’informatique. Lorsque ces éléments sont en place, la transformation cesse d’être chaotique. L’innovation devient ciblée, les risques sont maîtrisés et la dynamique s’accélérera.
À une époque marquée par des bouleversements constants, l’alignement est plus qu’une force. C’est ce qui permet la fluidité de la transformation. C’est ainsi que la stratégie se connecte à l’exécution et que la vision se transforme en valeur.








