
L’intelligence artificielle s’impose comme un moteur de transformation dans tous les secteurs. Cet essor met toutefois à rude épreuve les data centers, piliers de l’IA, qui peinent à absorber l’explosion des workloads. Jason Hardy, CTO Artificial Intelligence, et Atsushi Ishikawa, CTO Network Storage de chez Hitachi Vantara font le tour du sujet.
La consommation d’énergie grimpe, les systèmes de refroidissement atteignent leurs limites et le stockage des données devient un enjeu stratégique. Dans ce contexte, le stockage flash apparaît comme l’alternative la plus adaptée à cette nouvelle donne. Plus rapide, plus dense et bien moins énergivore, il offre l’évolutivité nécessaire pour soutenir la croissance de l’IA. Pourtant, le stockage sur disque joue toujours un rôle crucial pour de nombreuses organisations, en particulier lorsque les coûts ou les besoins d’archivage sont prépondérants. L’enjeu n’est donc pas de remplacer brutalement une technologie par une autre, mais de trouver le bon équilibre.
L’empreinte énergétique de l’IA, un défi majeur pour les infrastructures
L’IA est devenue l’un des plus gros consommateurs d’énergie du numérique. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation mondiale des data centers pourrait doubler d’ici 2030, portée par l’essor de l’IA. À ce rythme, ces infrastructures pourraient dépasser les 1 000 térawattheures par an, soit davantage que la consommation électrique annuelle de la France (449,2 TWh en 2024).
Les chiffres illustrent l’ampleur du problème : plus de 100 kW par rack, jusqu’à 1 500 W par GPU, une intensité 5 à 10 fois supérieure aux usages classiques. Sans modernisation rapide, les infrastructures actuelles ne pourront pas répondre aux besoins futurs.
Le stockage flash, un levier de sobriété et de performance
Si la puissance de calcul est souvent mise au premier plan, le stockage constitue lui aussi un levier déterminant de performance, mais également un facteur clé de la consommation énergétique des data centers.
Les disques durs traditionnels (HDD), encore largement déployés, se révèlent inefficaces au regard des standards actuels de l’IA en matière d’efficacité énergétique. À l’inverse, les SSD NVMe tout-flash consomment beaucoup moins et offrent des gains spectaculaires : jusqu’à 50 fois plus d’IOPS par watt, une densité accrue et une fiabilité renforcée. Un seul rack de SSD peut ainsi remplacer jusqu’à 23 racks de HDD, tout en multipliant la bande passante et en réduisant significativement la consommation d’énergie.
Le passage au tout-flash ne se résume pas à un simple gain technique : il engage directement la compétitivité et la responsabilité des entreprises. En consommant moins d’énergie, en optimisant l’espace d’infrastructure et en réduisant la production de déchets électroniques, le stockage flash favorise une exploitation plus efficiente et durable des data centers, en parfaite cohérence avec les priorités ESG des organisations. Les HDD restent utiles pour le stockage « froid », mais leur inefficacité croissante limite leur avenir dans les environnements pilotés par l’IA.
Refroidissement et fiabilité : les nouveaux impératifs
La densité énergétique des nouvelles architectures impose de repenser le refroidissement. Le refroidissement liquide apparaît comme une condition sine qua non pour les data centers spécialisés dans l’IA. Plus performant que l’air, il permet de réduire jusqu’à 20 % la consommation énergétique des sites. Cette transformation pousse l’industrie à redéfinir la conception et l’exploitation des data centers afin d’allier performance de calcul, sobriété énergétique et respect des objectifs environnementaux.
Grâce à ces gains d’efficacité, les data centers refroidis par liquide deviennent essentiels pour héberger des puces dépassant 500 W, tout en maîtrisant les budgets énergétiques et environnementaux. Au-delà du défi thermique, ces nouvelles architectures redéfinissent les standards de fiabilité et de disponibilité. Le refroidissement liquide exige une ingénierie de précision : surveillance continue et maintenance prédictive deviennent indispensables pour éviter tout risque d’interruption. Cette approche favorise l’émergence de data centers plus résilients et plus intelligents, capables d’ajuster leur performance en fonction des workloads. À terme, la maîtrise du refroidissement deviendra un avantage concurrentiel majeur et une condition essentielle à la pérennité des infrastructures dédiées à l’IA.
Vers des infrastructures plus intelligentes et durables
La transition vers le stockage flash devient une nécessité. L’essor de l’intelligence artificielle impose de nouvelles exigences en matière de puissance de calcul et de gestion énergétique. Miser sur le flash, c’est à la fois garantir la performance et préparer une infrastructure capable de répondre aux défis environnementaux.
L’avenir des data centers ne dépendra pas seulement de leur capacité à traiter toujours plus de données, mais de leur aptitude à le faire de manière durable. Dans cette équation, le stockage s’impose désormais comme un levier stratégique par excellence.
Cette révolution du stockage s’inscrit dans une mutation plus vaste, où chaque composant de l’infrastructure, du processeur au système de refroidissement, devient un maillon d’un écosystème à réinventer. L’intelligence artificielle pousse les data centers à conjuguer puissance, efficacité énergétique et fiabilité dans un équilibre inédit. Face à cette pression, les choix technologiques relèvent d’une stratégie d’avenir : concevoir des infrastructures plus intelligentes, plus sobres et plus résilientes.







