Pilier historique des infrastructures bancaires, le mainframe reste au cœur des opérations critiques du secteur financier. Entre modernisation interne, cloud hybride et migration progressive, les institutions doivent désormais trouver l’équilibre entre innovation, performance et sécurité. Mike Siemasz, Director of Product Marketing chez Rocket Software, propose un guide stratégique pour réussir cette transformation sans compromettre la fiabilité.
Selon IDC, les mainframes gèrent chaque jour plus de 90 % de toutes les transactions par carte de crédit et des milliards d’opérations aux guichets automatiques dans le monde. Ces systèmes, dont certains ont des décennies, continuent de fonctionner comme un pilier fonctionnel des systèmes les plus critiques du monde financier.
Mainframes : le pouvoir derrière les transactions financières
Dans le cadre de la modernisation, de nombreuses institutions tirent parti de leurs systèmes de base, en particulier des mainframes, pour améliorer leurs opérations. Les banques fournissent désormais des services avancés tels que des transactions et des soldes de comptes en temps réel, tandis que les marchés de capitaux facilitent des transactions instantanées. Les applications mobiles s’appuient également sur cette infrastructure robuste, permettant une gestion transparente des paiements, et les systèmes de cartes de crédit intègrent des outils de détection des fraudes en temps réel exploitant les données issues des transactions du mainframe. En continuant d’investir dans cette technologie, ces organisations ne se contentent pas de se moderniser, elles optimisent leurs processus opérationnels et leurs prises de décision stratégiques.
Alors qu’elles naviguent dans les complexités de la modernisation, les entreprises sont confrontées à des choix déterminants concernant leurs mainframes, qu’il s’agisse de s’en éloigner, de moderniser l’infrastructure existante ou d’adopter un modèle de cloud hybride. Chaque approche présente ses propres avantages et défis, et leur compréhension est cruciale pour les institutions qui souhaitent améliorer leur efficacité, leur capacité d’évolution et leur potentiel d’innovation. Ces différentes voies de modernisation méritent donc d’être examinées à l’aune de ce qu’elles peuvent offrir.
Modernisation en place
Moderniser le mainframe existant est apparu comme une première étape stratégique pour de nombreuses banques et assureurs. Cette approche leur permet d’évoluer à leur propre rythme, en conservant la stabilité et la valeur des systèmes essentiels, tout en poursuivant leurs initiatives de modernisation. En outre, cela fournit une base flexible pour l’adoption de nouvelles technologies, telles que l’IA générative et les solutions de cloud hybride, conciliant ainsi les forces des systèmes centraux avec l’innovation moderne.
Cloud hybride
Face aux enjeux complexes de la modernisation, les plateformes cloud offrent aux institutions financières une solution attrayante pour ajuster dynamiquement les ressources selon les variations de la demande, tout en évitant les coûts liés au maintien d’une capacité maximale tout au long de l’année. Néanmoins, les mainframes excellent toujours dans la gestion des workloads prévisibles et fortement transactionnels, offrant une précision et une fiabilité inégalées. En intégrant leurs capacités à l’infrastructure cloud, les organisations peuvent atteindre un équilibre idéal entre élasticité des ressources et contrôle rigoureux, une combinaison qui favorise la résilience, l’innovation et la maîtrise des coûts.
Modernisation hors mainframe
Ce modèle hybride illustre une voie de modernisation équilibrée, mais qu’en est-il des organisations qui choisissent de sortir du mainframe ? La manière de procéder est importante. En effet, une mauvaise configuration d’un projet de réécriture intégrale peut entrainer des coûts et des risques considérables. Au-delà de l’aspect financier, cela peut également compromettre la réputation d’un acteur et l’exposer à de lours sanctions réglementaires. Selon Forrester, 90 % de ces projets échouent d’ailleurs du premier coup et peuvent prendre jusqu’à six fois avant d’obtenir des résultats.
Une alternative plus sûre consiste au replatforming des applications, ce qui permet de moderniser ces dernières sans nécessiter une réécriture complète. En exploitant les technologies cloud natives et les microservices, les entreprises peuvent déplacer progressivement les applications vers des plateformes agiles tout en conservant intactes les fonctionnalités de base. Cette approche minimise les interruptions et fournit un processus plus contrôlé et prévisible qui réduit les erreurs coûteuses.
Le replatforming libère également l’évolutivité, les performances et la rentabilité des environnements cloud tout en conservant la valeur du code mainframe. Il facilite l’intégration transparente avec des outils et des services modernes, encourage l’innovation et améliore l’expérience client. En adoptant cette démarche, les organisations trouvent un équilibre entre la modernisation et la maîtrise des risques, posant ainsi les bases d’une croissance durable et d’une évolution technologique à long terme.
Assurer la sécurité et la conformité
Quel que soit le chemin choisi, la modernisation n’est pas sans défis. La sécurité et la conformité restent des priorités absolues, en particulier pour la protection des données financières sensibles. Une violation des systèmes peut gravement nuire à la réputation d’une institution financière et entraîner des amendes importantes. Heureusement, les mainframes demeurent la référence en la matière : leur architecture centralisée limite la surface d’attaque, intègre un chiffrement par défaut et propose des contrôles d’accès granulaires, facilitant ainsi la conformité aux réglementations industrielles telles que SOX et PCI-DSS. La synergie entre les mainframes et le cloud s’avère ainsi être une stratégie robuste pour concilier modernisation et protection des données.
En fin de compte, les institutions financières se trouvent à un carrefour critique. La modernisation du mainframe n’est pas simplement une mise à jour technique ; il s’agit d’un exercice d’équilibre délicat entre l’optimisation de ce qui fonctionne et l’exploration de nouvelles perspectives, comme le cloud. L’avenir repose sur l’adoption d’une approche stratégique et mesurée qui intègre différentes méthodes de modernisation dans une vision à long terme. Cette perspective, c’est-à-dire une modernisation continue adaptée aux besoins de chaque organisation, permet aux banques de gagner en efficacité et en rapidité sans compromettre la stabilité qui a longtemps fait leur force. En harmonisant les atouts traditionnels avec les capacités modernes, il est alors possible de favoriser une croissance durable dans un marché de plus en plus dynamique.