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Le Canada expulse Hikvision pour risques de cybersurveillance

Après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, le Canada ordonne l’interdiction totale de Hikvision sur son territoire pour atteinte à la sécurité nationale. Ce géant chinois de la vidéosurveillance est soupçonné d’espionnage et d’une instrumentalisation de ses produits à des fins de surveillance étatique.

Des caméras intelligentes suspectées de cybersurveillance mondiale

Le 28 juin 2025, la ministre canadienne de l’Industrie Mélanie Joly a annoncé officiellement l’expulsion de Hikvision, s’appuyant sur une enquête des services de renseignement. Ces caméras, omniprésentes dans les administrations, infrastructures critiques et villes intelligentes, pourraient selon le rapport agir comme « plateformes furtives de collecte de données ». Connexion non chiffrée, accès à distance, micro et vidéo embarqués… certains modèles vulnérables seraient exploitables par des tiers malveillants, y compris des États.

Des antécédents techniques inquiétants

Dès 2022, le CST canadien alertait sur des failles critiques dans les équipements de la filiale Ezviz, affectant plus de 10 millions d’appareils. Ces vulnérabilités permettaient à un attaquant d’accéder aux flux vidéo, de voler des images ou de récupérer les identifiants d’accès. Des chercheurs en cybersécurité avaient alors documenté des backdoors présumées et des connexions fréquentes aux serveurs en Chine, relançant le débat sur le rôle des fournisseurs dans l’espionnage transnational.

Hikvision : au cœur d’un écosystème de surveillance étatique

Hikvision n’est pas une entreprise lambda : détenue à plus de 40 % par l’État chinois, elle est l’un des piliers technologiques de la stratégie sécuritaire de Pékin, notamment dans le Xinjiang où ses caméras ont été utilisées pour surveiller les populations ouïghoures.
Au-delà des usages locaux, ses appareils sont aujourd’hui installés dans des milliers de réseaux internationaux : écoles, hôpitaux, aéroports, villes connectées, y compris en Europe. De quoi en faire une menace diffuse, difficile à détecter mais potentiellement massive.

Une réponse musclée d’Ottawa, un signal pour l’Europe ?

Le gouvernement canadien a ordonné le retrait systématique de tous les appareils Hikvision des infrastructures publiques, accompagné d’une inspection complète des réseaux sensibles. Une réponse qualifiée de « discriminatoire » par l’entreprise, qui dénonce un préjugé géopolitique anti-chinois. Mais pour de nombreux experts cyber, c’est le modèle de confiance même dans la supply chain numérique qui est en jeu. À l’heure des cyberattaques par fournisseurs tiers (type SolarWinds), la présence d’équipements connectés d’origine étrangère soulève des risques de souveraineté numérique majeurs.