Alors que la généralisation de la facturation électronique est prévue au 1er septembre 2026, où en sont les entreprises françaises concernées par cette réforme ?
Deux tiers des entreprises françaises se disent confiantes, selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le Conseil national de l’Ordre des experts-comptables et ECMA (structure dédiée à la production et la commercialisation de solutions numériques pour la profession d’expert-comptable) auprès d’entreprises de moins de 250 salariés interrogées entre le 10 février et le 6 mars 2025. Cependant, la pédagogie et l’accompagnement restent à renforcer. La réforme est désormais connue pour une grande majorité (74 %) et la compréhension du processus de mise en place aussi (66 % en moyenne et 86 % pour les PME). Ainsi, dès le 1er septembre 2026, toutes les entreprises françaises assujetties à la TVA opérant en B to B devront utiliser une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) pour recevoir, dans un premier temps, puis progressivement émettre des factures électroniques. Ces plateformes habilitées par l’État, intermédiaires entre les entreprises et l’administration fiscale, assurent l’émission et la transmission des factures électroniques à destination du client ainsi que la transmission des données de facture, de transaction et de paiement à l’administration.
« Cette réforme, en articulant numérique, conformité et performance, est un levier de transformation majeur pour les entreprises. L’avenir de la gestion d’entreprise passe par cette facturation dématérialisée. Notre mission, en tant qu’experts du numérique, est de traduire cette réforme en valeur ajoutée pour les TPE-PME et les cabinets d’expertise comptable qui les accompagnent et de rendre cette transition lisible, concrète et bénéfique pour tous », explique Benjamin Royoux, directeur d’ECMA.
Une transition incomplète
Toutefois, cette connaissance de la réforme reste partielle pour une grande partie des entreprises : 42 % des répondants n’en ont qu’une vision globale, sans maîtriser les détails ou les implications concrètes. Par ailleurs, 26 % des entreprises ignorent encore tout de cette obligation à venir. Ces données révèlent une transition encore incomplète, qui nécessite un effort de pédagogie renforcé. Pour justifier cette mauvaise compréhension, les entreprises soulignent un manque d’information, au même titre que l’absence de soutien technique. « La réforme de la facturation électronique est une transformation structurelle. Elle nécessite un accompagnement rigoureux et adapté pour que chaque entreprise, même la plus petite, puisse en saisir les bénéfices. Les experts-comptables ont un rôle déterminant à jouer dans cette transition », explique Damien Charrier, président du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables.
Les bénéfices identifiés
Les entreprises identifient par ailleurs les bénéfices attendus de la réforme : 53 % d’entre elles (et jusqu’à 75 % des entreprises de plus de 10 salariés) estiment que la facturation électronique apportera une meilleure traçabilité et une mise en conformité facilitée des factures. Elles sont également 43 % à y voir un levier de sécurisation des données. La facturation électronique n’est en effet pas une contrainte administrative mais bien l’occasion d’entrer dans une nouvelle ère de pilotage d’entreprise, où les données recueillies accompagnent les prises de décision des dirigeants et deviennent de véritables leviers de performance. « Nous sommes convaincus que la facturation électronique est une opportunité pour nos clients – et plus largement pour les entreprises – d’optimiser leurs processus et d’automatiser leurs workflows. Notre rôle est de les accompagner au-delà de la conformité, en les engageant sur des projets à forte valeur ajoutée pour transformer durablement leur gestion documentaire », explique ainsi Olivier Rajzman, directeur France de DocuWare, PDP sous réserve (lire ci-dessous « PDP “sous réserve”, quésaco? »). « Nos audits ont démarré, nos partenaires sont formés et nos solutions sont prêtes à accompagner les entreprises dans cette mutation majeure. La facturation électronique ne doit pas être perçue comme une contrainte mais comme une opportunité de numérisation et de gain de performance. »
Se reposer sur le bon prestataire
Trouver le bon partenaire, là est effectivement la question pour les entreprises. Pour les PME, les experts-comptables sont en première ligne de cette réforme. Dans l’étude du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables et d’ECMA, plus de la moitié des entreprises interrogées leur font confiance pour les accompagner. Les entreprises expriment une forte attente en matière de conseils sur le choix de PDP et de plan d’action détaillé de la part de leur cabinet d’expertise comptable. Cet appui des experts-comptables est d’autant plus nécessaire que les entreprises restent prudentes : plus d’un quart d’entre elles anticipent un retard dans le choix d’une plateforme. À ce jour, seulement 20 % des répondants savent quelle PDP ils vont choisir, tandis que 49 % déclarent n’en connaître aucune. Il faut dire que beaucoup ne sont pas encore au courant de l’abandon du portail public de facturation (PPF), annoncé le 15 octobre 2024. Cette méconnaissance pourrait ralentir la transition, d’autant plus que 59 % des entreprises avaient initialement envisagé d’utiliser au moins partiellement le PPF avant sa suppression. Ces résultats soulignent l’importance d’une communication renforcée sur les alternatives pour accompagner efficacement les entreprises et éviter tout retard dans leur mise en conformité. Si les PME comptent beaucoup sur leurs comptables, les grandes entreprises, elles, envisagent plutôt de se mettre en conformité en s’appuyant sur leur ERP actuel. Elles en sont certaines à 46 % selon l’étude de Qualient. En effet, elles privilégient les éditeurs de logiciels (68 %) pour les accompagner mais la moitié seulement a déjà identifié un prestataire précis. Un choix d’autant plus complexe que 89 éditeurs sont, à l’heure où nous imprimons, immatriculés en tant que plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) « sous réserve ». « Nous n’avons pas trop de vision concernant le niveau d’information dans les autres secteurs d’activité mais nous dirions que chez les bailleurs, il y a un niveau de connaissance plutôt bas et ils se reposent fortement sur leurs éditeurs (ERP et dématérialisation) qui “vont gérer” pour eux », atteste Dominique Fenain, P-DG de Docoon.immo (ex-Neovacom), qui édite une PDP pour l’immobilier (lire ci-dessous).
PDP « sous réserve », quésaco ?
Pour obtenir son immatriculation, la future PDP dépose un dossier de candidature auprès de l’administration fiscale qui détaille sa conformité aux exigences réglementaires : respect des obligations fiscales, respect des conditions en matière de sécurité des infrastructures et des processus informatiques, etc.
Dans un premier temps, la future PDP est « immatriculée sous réserve », c’est-à-dire qu’elle a passé la première étape de la procédure d’immatriculation et fourni l’ensemble des pièces nécessaires à l’instruction de la demande. La seconde étape, pour être immatriculée définitivement, est la vérification de la conformité technique aux exigences du cahier des charges. Une étape qui interviendra en fin d’année.
Une solution intégrée : la GED Open Bee
Le français Open Bee, PDP, cherche à se démarquer par une approche tournée vers le conseil, la conformité et l’accompagnement opérationnel pour les TPE, PME et ETI.
La piste d’audit fiable intégrée à la GED Open Bee
Qu’on la désigne comme une chaîne de justification, un dispositif de contrôle interne ou une preuve de fiabilité des échanges, la piste d’audit fiable (PAF) regroupe les éléments nécessaires pour garantir l’authenticité, l’intégrité et la lisibilité des factures. Elle repose sur des contrôles internes spécifiques et formalisés permettant de tracer le processus de facturation, de son émission à sa conservation.
Avec le nouveau système de facturation électronique, cette traçabilité devient indispensable. La PAF devra notamment alimenter les données et statuts transmis via les plateformes officielles.
La réforme ne remplace donc pas la PAF, elle la renforce. Posséder un dispositif structuré de justification devient un enjeu de conformité. Dans ce cadre, associer une solution de GED à une activité de PDP permet d’assurer la traçabilité, l’archivage et la preuve autour de la facture – des éléments clés pour une PAF solide.
Faire du dossier de preuve une opportunité de pilotage pour toutes les entreprises
Souvent réservé aux grands comptes, le « dossier de preuve » devient désormais accessible aux TPE/PME. La solution permet en effet de capter des informations stratégiques, d’automatiser le suivi des encours ou encore de surveiller les performances commerciales grâce à la technologie des widgets intelligents. En liant les pièces justificatives dans un espace GED sécurisé, en captant les informations présentes dans ces pièces et en s’ouvrant à une interopérabilité totale grâce à la technologie JavaScript, Open Bee propose aux entreprises des indicateurs précieux pour piloter leur activité tout en répondant aux exigences réglementaires. En cas de contrôle de l’administration fiscale, le process, du bon de commande à la facture, est clair, visible et à valeur probante et peut être stocké dans un coffre-fort numérique à valeur probatoire.
Une intelligence artificielle
L’IA de la solution est capable de détecter des signaux faibles et des anomalies dans les factures, elle agit comme un véritable assistant de gestion. Cette technologie est le fruit du travail de l’équipe R&D, composée de trois chercheurs spécialisés.
Une solution pour les TPE : Nano by Zeendoc
Destinée aux structures de zéro à neuf salariés, Nano by Zeendoc, de Sages Informatique, répond à un triple enjeu selon l’éditeur : « Proposer un dispositif simple d’usage et abordable, tout en assurant une conformité stricte avec les exigences de l’administration fiscale, notamment via l’intégration d’une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) et un archivage à valeur probatoire. »
Nano by Zeendoc se positionne comme une solution clé en main. L’offre intègre un socle de fonctionnalités essentielles facilitant la gestion complète des factures entrantes et sortantes ainsi que des avoirs, dans un cadre sécurisé et interopérable.
Parmi les fonctionnalités incluses :
- dépôt, validation, envoi et archivage des factures clients et fournisseurs ;
- conversion automatique au format Factur-X, conforme aux standards de la réforme ;
- transmission multicanale ;
- tableaux de bord analytiques : visualisation par le client et le fournisseur ;
- module de relance client intégré.
Le forfait inclut jusqu’à 600 documents par an, utilisables librement sur la période contractuelle. 65 €/mois, incluant la PDP. Pas de mauvaise surprise.
Une solution verticale pour l’immobilier
Deux questions à Dominique Fenain, P-DG de Docoon.immo (ex-Neovacom), sur sa plateforme qui répond aux obligations de la facturation électronique tout en intégrant les pratiques spécifiques du secteur immobilier et du BTP.
SNC – Pourquoi une PDP pour l’immobilier et le bâtiment ?
D. F. – Nous avons lancé Freedz en 2019 à la suite d’un besoin des bailleurs sociaux privés qui souhaitaient avoir une solution identique à Chorus mais pour le privé (qu’utilisent les bailleurs publics). Nous n’avons pas attendu l’obligation de la réforme pour proposer la facturation électronique aux acteurs de l’immobilier et du bâtiment, cela répondait avant tout à un besoin d’améliorer la productivité des équipes, de réduire les coûts et d’améliorer les relations clients et fournisseurs (réduction des délais de paiement, etc.).
Après le lancement de Freedz, nous avons fait évoluer notre solution pour répondre aux enjeux des bailleurs sociaux dans la dématérialisation de leur processus et de leurs flux (réforme : facture électronique ; hors réforme : situations de travaux, appels de fonds). Il y a trois ans, nous avons lancé un club utilisateurs Freedz qui rassemble nos clients et nos équipes pendant une journée pour échanger sur leurs problématiques métiers et imaginer les nouveaux produits en les co-construisant avec eux.
Aujourd’hui, Freedz est la seule plateforme qui allie conformité fiscale et efficacité métier. Elle répond aux obligations de la facturation électronique tout en intégrant les pratiques spécifiques du secteur immobilier et du BTP. Elle facilite la collaboration entre tous les acteurs du projet – clients, fournisseurs, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entreprises – grâce à des workflows structurés et à un espace collaboratif conçu pour fluidifier les échanges.
Freedz prend en charge l’ensemble des formats de facturation du secteur (réforme et hors réforme) : factures d’exploitation, situations de travaux et appels de fonds.
SNC – Quels sont les intérêts d’avoir une solution intégrée (multifonctions) ?
D. F. – Une seule interface, pas de ressaisie : tout est centralisé pour gagner en temps et en fiabilité.
Une vision complète des flux documentaires : suivi en temps réel, meilleure traçabilité, moins de litiges.
Une intégration fluide dans votre environnement existant : Freedz s’interface facilement avec vos ERP métiers, outils comptables et logiciels de gestion de chantier.
Juliette Paoli