Microsoft a annoncé le 2 juin un investissement stratégique de 400 millions de dollars en Suisse pour “pour renforcer les capacités cloud et intelligence artificielle du pays, notamment les processeurs graphiques les plus avancés“. L’accélération des investissements en Europe se fait à l’encontre de la recherche de souveraineté.
“Ces engagements, inscrits dans un investissement de plusieurs milliards de dollars en Europe, garantiront la souveraineté des données et soutiendront le développement d’une IA responsable. La Suisse, avec son cadre réglementaire solide et son écosystème d’innovation, joue un rôle clé dans cette ambition“. Plusieurs millions d’investissements de Microsoft ont été réalisés en Allemagne, en Espagne et en Pologne. Le président de Microsoft dans une interview sur Euronews le 12 mai 2025 s’est engagé “à augmenter la capacité de ses centres de données européens de 40 % au cours des deux prochaines années. Au total, plus de 200 centres de données seront ainsi opérationnels dans 16 pays européens“. L’Europe représente plus d’un quart des activités mondiales pour le géant informatique et a donc plusieurs intérêts à la coopération.
La facilité d’accès aux technologies Microsoft
Néanmoins, les investissements soulèvent des questions sur les implications pour la souveraineté numérique de l’Europe et sa capacité à construire ses infrastructures et à contrôler ses propres données et technologies.
Pour rappel, l’expansion de Microsoft en Europe intervient alors que l’Union européenne cherche à renforcer ses propres capacités en matière de cloud et d’IA, à travers plusieurs initiatives.
Par la facilité d’accès aux technologies Microsoft, le géant déstabilise la cohésion européenne et complique l’émergence de fournisseurs européens sur le marché tout en accélérant la concentration des infrastructures numériques US.
Le risque majeur est que l’Europe se contente de consommer des solutions d’intelligence artificielle en partie américaine, sans en maîtriser ni la conception ni les règles d’usage. Au lieu de devenir un acteur industriel de l’IA, elle pourrait se retrouver simple cliente de technologies qu’elle ne contrôle pas. Par ailleurs, la montée en puissance des collaborations Sino-Russes sur l’IA inquiètent les US et l’Europe.