Accueil Expert AVIS D’EXPERT – GMAO et RSE : une convergence pragmatique des intérêts

AVIS D’EXPERT – GMAO et RSE : une convergence pragmatique des intérêts

Image par ricardodinizdias de Pixabay

Dans un contexte où les critères environnementaux s’imposent progressivement dans les décisions opérationnelles, la maintenance, et son bras numérique, la GMAO, deviennent de puissants leviers de sobriété. À condition, bien sûr, de savoir s’en servir comme l’explique à nos lecteurs Sébastien Fays, ingénieur avant-vente GMAO chez Isilog, 

 

Initialement pensée pour prolonger la durée de vie des équipements, éviter les pannes, sécuriser les interventions, la GMAO (Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur) s’aligne naturellement avec la RSE. Économie de ressources, allongement de la durée de vie des équipements, optimisation des stocks, rationalisation des achats… Dans un contexte où les critères environnementaux s’imposent progressivement dans les décisions opérationnelles, la maintenance, et son bras numérique, la GMAO, deviennent de puissants leviers de sobriété. À condition, bien sûr, de savoir s’en servir.

Quand on évoque la RSE, la GMAO n’est pas forcément la première solution qui vient à l’esprit. Et pourtant. En 2025, il devient évident que ces deux univers se croisent de plus en plus souvent, avec à la clé des bénéfices environnementaux… souvent guidés par des motivations économiques.

La GMAO ne fait pas de la RSE… mais elle la sert

Historiquement, la GMAO est pensée pour structurer et fiabiliser les opérations de maintenance. Son objectif est clair : faire durer les équipements, réduire les pannes, sécuriser les interventions. La RSE ne fait donc pas partie de son ADN. Et pourtant, ses impacts collatéraux recoupent très concrètement plusieurs piliers du développement durable.

Prenons l’exemple de la maintenance préventive : elle limite le gaspillage de pièces détachées, réduit les remplacements prématurés, abaisse le volume de déchets générés. Les équipements sont mieux suivis, mieux utilisés et conservent leurs capacités plus longtemps. Autant d’actions qui, bien que motivées par la recherche de performance économique, s’avèrent alignées avec des engagements environnementaux.

La GMAO comme levier d’optimisation responsable

Une solution de GMAO bien exploitée accompagne l’entreprise tout au long du cycle de vie des équipements. Elle agit dès la conception en intégrant des critères de sélection plus exigeants : durabilité des équipements, origine des produits, capacité à être réparé, etc. Ces éléments, encore difficiles à évaluer dans le cadre de marchés publics, commencent pourtant à peser dans les arbitrages.

La GMAO intervient ensuite dans l’usage des équipements. De plus en plus d’organisations mettent en place des bourses d’équipements ou des systèmes de mutualisation interne. Une tondeuse ou une tronçonneuse utilisée quelques fois par an n’a pas besoin d’être achetée par chaque service. Ce bon sens organisationnel est précisément ce que la GMAO rend possible.

Enfin, à la fin de vie, certaines solutions intègrent aujourd’hui des processus de réforme structurés. Il ne s’agit plus seulement de « mettre au rebut », mais de catégoriser les équipements selon leur potentiel : don à une association, revente interne, recyclage… voire destruction si aucune autre voie n’est possible. Ces nouvelles logiques permettent de prolonger l’utilité d’un bien, et d’étaler son coût carbone.

La GMAO comme instrument de pilotage RSE

L’optimisation du stock (d’outils, pièces détachées) est un autre levier plus concret pour limiter l’impact environnemental d’un site industriel ou d’un établissement public. Moins de surstock signifie moins de gaspillage, moins de commandes d’urgence, moins de transport. La GMAO, en assurant un suivi rigoureux des consommations et des seuils de sécurité, permet d’atteindre un équilibre subtil entre disponibilité des pièces et sobriété.

Mais son rôle ne s’arrête pas là. La GMAO devient aussi un instrument de mesure, capable de faire remonter des données cruciales pour le reporting RSE : âge moyen des équipements, taux de renouvellement, fréquence des pannes, taux de réutilisation des consommables, etc. Autant de données structurantes pour identifier des pistes d’amélioration, fixer des objectifs atteignables, et démontrer des progrès tangibles.

Certaines organisations vont plus loin en intégrant des indicateurs environnementaux directement dans leurs systèmes :

  • Origine géographique des achats.
  • Notation carbone d’un équipement.
  • Capacité à être donné ou recyclé.
  • Score environnemental intégré au processus de validation.

Ces pratiques, encore marginales, pourraient demain devenir la norme, notamment dans les appels d’offres publics ou dans le cadre de démarches de certification.

La GMAO ne décidera jamais à la place des équipes dirigeantes. Mais bien configurée, elle fournit à l’entreprise les moyens d’agir avec cohérence et responsabilité : allonger la durée de vie des équipements, éviter les doublons, consommer mieux et moins. Mieux encore, elle devient une base précieuse pour nourrir le reporting RSE et justifier des décisions d’achat ou de gestion plus durables. À l’heure où l’empreinte carbone, l’origine des matériels ou la mutualisation des ressources deviennent des enjeux opérationnels, la GMAO est appelée à devenir un outil central de transformation. Et si ses effets environnementaux sont aujourd’hui souvent des conséquences heureuses d’une logique d’optimisation, rien n’empêche demain de les inscrire au cœur d’une stratégie. Y compris pour améliorer, en filigrane, les conditions de travail des équipes terrain.