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Données personnelles et IA : Meta visé par une mise en demeure

L’association autrichienne Noyb, à la pointe de la protection de la vie privée, a envoyé mercredi une lettre de mise en demeure à Meta, qui veut utiliser les données de ses utilisateurs européens pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle.

Meta prétend devoir voler les données personnelles de tout le monde pour l’entraînement de l’IA, c’est absurde et risible“, a réagi dans un communiqué le fondateur de l’ONG, Max Schrems. “D’autres fournisseurs n’y ont pas recours et génèrent des modèles encore meilleurs que ceux de Meta“.

Le géant américain des réseaux sociaux (Facebook, Instagram) a annoncé le mois dernier qu’à compter du 27 mai, tout le contenu public de ses utilisateurs, à l’exception de WhatsApp, pourrait désormais être mis au service de ses modèles d’intelligence artificielle générative, à moins que les internautes ne s’y opposent.

Le lancement de cette fonctionnalité avait été retardé pendant plus d’un an en raison des réglementations européennes qui encadrent les nouvelles technologies, comme le règlement général sur la protection des données (RGPD) et ceux sur les marchés numériques et sur l’IA.

Ni légal ni nécessaire

Déjà visé l’an dernier par des plaintes de Noyb dans 11 pays européens, le groupe fondé par Mark Zuckerberg avait dû suspendre en juin 2024 son projet. Avant cette récente volte-face au nom de “l’intérêt légitime“. De quoi indigner Noyb : “quel intérêt légitime peut justifier l’aspiration des données” de tous ceux qui utilisent Facebook ou Instagram depuis 20 ans? “Ce n’est ni légal ni nécessaire“, affirme le militant viennois.

En réalité, “Meta dit tout simplement que son intérêt à gagner de l’argent prime sur les droits de ses utilisateurs“, estime-t-il, alors qu’il suffirait de demander leur consentement. Au vu du nombre d’abonnés Meta actifs, estimé à 400 millions en Europe, l’aval de 10 % d’entre eux serait, selon lui, “clairement suffisant pour l’apprentissage des langues de l’UE et autres idiomes similaires“.

Cette lettre de mise en demeure est “la première étape” avant une possible injonction ou même une action collective, souligne Noyb, avertissant le groupe de “risques légaux considérables” s’il persiste dans sa stratégie. Cette association basée à Vienne, dont l’acronyme signifie “None of your business” (“Ce ne sont pas vos affaires”), est à l’origine de nombreuses plaintes contre les géants du web, s’étant soldées par des amendes de milliards d’euros.