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40 % des télétravailleurs franciliens souhaitent augmenter leur rythme de travail à distance

C’est l’un des enseignement de l’étude* de l’Institut Paris Région sur les pratiques de télétravail des habitants de l’Ile-de-France depuis la crise de la covid 19.

Depuis le début de la crise sanitaire, la part des télétravailleurs a plus que doublé. Alors que les actifs franciliens n’étaient que 20 % à télétravailler auparavant, 42 % ont pratiqué le télétravail régulièrement entre août 2020 et août 2021. Le rythme s’est également intensifié : plus de la moitié des télétravailleurs font 2 à 3 jours de télétravail par semaine, soit deux fois plus qu’avant (l’enquête a été menée avant l’obligation de télétravail de 3 jours). Parmi les télétravailleurs, seulement 1 sur 10 le pratique moins d’un jour par semaine, contre 1 sur 4 auparavant.
53 % des télétravailleurs souhaitent par ailleurs maintenir le rythme de télétravail et 40 % l’augmenter.
On notera que les 18-24 ans sont la tranche d’âge qui compte le moins de télétravailleurs, cela étant lié à la nécessité d’un certain niveau d’autonomie et d’expérience, selon les auteures de l’étude, Delphine Brajon, économètre-statisticienne, et Pascale Leroi, économiste-urbaniste à l’Institut Paris Région.

Plus l’entreprise est grande, plus le télétravail est pratiqué

Hormis les micro-entreprises et les indépendants, de loin les plus familiers du télétravail, plus la structure employeuse est grande, plus le télétravail est pratiqué. Les structures de 1 à 10 salariés comptent un tiers de télétravailleurs et celles de plus de 250 salariés près de 50 %. Le télétravail est aussi plus fréquent dans le secteur privé que dans le secteur public du fait de la nature des professions.

A noter qu’à peine 7 % des télétravailleurs travaillent dans des tiers lieux (espaces de coworking, fablabs, centres d’affaires…) alors que 45 % y seraient favorables près de chez eux, surtout si la dépense est financée par leur employeur.  « Le coworking est vraiment très rarement évoqué spontanément par les interviewés, constate Delphine Brajon. Les raisons évoquées lors des interviews : l’employeur ne propose pas ce genre de solutions ; les interviewés apprécient d’avoir leur propre domicile pour travailler « autrement » qu’au bureau ; le besoin de souplesse dans les horaires et les jours, proposés en zone très dense comme à Paris mais pas dans le coworking hors métropole ; le refus de l’employeur pour des raisons de sécurité et de confidentialité ».

Les employeurs de moins en moins rétifs au télétravail

L’étude note une forte évolution des positions des employeurs : quand 2 à 3 jours de télétravail par semaine étaient autorisés par 10 % des employeurs avant la crise, ils sont 51 % à le permettre au moment de l’enquête de l’été 2021 et 62 % dans leurs consignes pour la fin 2021.

Les cadres sont les plus concernés par le télétravail. Avant la crise sanitaire, 34 % d’entre eux le pratiquaient déjà, soit presque le double de la moyenne des autres catégories socioprofessionnelles. La part des cadres qui télétravaillent a pratiquement été multipliée par deux entre le début 2020 et l’été 2021, concernant, à la fin de la période, 64 % d’entre eux. Parmi les cadres, les femmes télétravaillent davantage que les hommes, et les cadres d’entreprise et les professions de l’information, des arts et des spectacles davantage que les chefs d’entreprise ou les professeurs.

Selon l’étude, les salariés domiciliés en banlieue télétravaillent moins que ceux domiciliés à Paris. « C’est un biais dû aux catégories professionnelles des individus, explique Delphine Brajon. Paris compte 34 %  de cadres (contre 21 % en petite couronne et 18 % en grande couronne) et au contraire deux fois moins d’ouvriers que hors métropole ».

Satisfaction sur le matériel fourni

La majorité des sondés disposent d’un équipement informatique fourni par l’entreprise, mais certains avaient déjà leur propre équipement. Les employeurs ont souvent mis à disposition un casque voire un deuxième écran pour des professions où celui-ci était indispensable. Dans 8 cas sur 10, les salariés se disent satisfaits du matériel.

Concernant les avantages du travail à distance, « lorsqu’on aborde la satisfaction des conditions de télétravail, « le gain de temps de transport domicile-travail », et « moins fréquenter les transports en commun pour aller au travail » sont ceux les plus souvent évoqués », déclare Delphine Brajon. Les salariés faisant plus d’une heure par trajet ou empruntant les lignes notoirement encombrées sont les plus soulagés. Parmi les principaux inconvénients du télétravail évoqués par les sondés, l’isolement et une déconnexion plus difficile.

Quant à comparer le télétravail en Ile-de-France et dans les autres régions, Delphine Brajon le souligne « la région Ile-de-France étant très tertiarisée et sur-représentée en fonctions métropolitaines supérieures, le télétravail y est plus important ».

 

* Enquête quantitative menée par Médiamétrie auprès de 4 200 Franciliens durant l’été 2021 + 30 entretiens approfondis réalisés au mois d’octobre 2021 par Stratégir

 

Patricia Dreidemy