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L’agile : deux décennies plus tard

TSOMENE Armel
Armel Tsomene, MC2i

Austin, dans l’état du Texas. Nous sommes en octobre 1995, un article s’apprête à être publié dans le cadre de la conférence OOPSLA. Son titre ? « The Scrum Development Process ». Avançons rapidement dans le temps , et nous voici le 20 septembre 2017. A Issy-les-Moulineaux se tient la première journée « Agile en Seine » qui se veut être l’étal de la diversité de ce que l’on nomme communément « Agilité » dans le monde et plus particulièrement en France. Armel Tsoméné, Consultant mc2i Group s’interroge. Aujourd’hui, dans une ère de transformation digitale des entreprises et de notre société, se pose la question du rôle et du devenir de l’Agile dans l’évolution de l’écosystème de nos DSI. Est-ce un réel avantage compétitif ? Que retirent nos DSI de cette prise de risque Agile ?

Des progrès à la hauteur du chemin parcouru

Force est de constater que l’Agilité fait désormais partie intégrante du paysage de nos DSI. Une étude annuelle réalisée par l’éditeur VersionOne[1] démontre que seulement 5 % des entreprises actuelles ne disposeraient d’aucune équipe Agile, là où ce chiffre côtoyait encore les 40 % en 2009. Comment expliquer un tel changement ? La facilité d’implémentation, la responsabilisation des équipes ou encore la capacité à en retirer des gains immédiats, ne sont qu’une partie des explications de ce succès.

Dans un marché caractérisé par des lancements de produits et services de plus en plus rapides, la recherche d’optimisation de la performance opérationnelle est omniprésente. Il est important de comprendre la réponse apportée par l’Agilité et d’en définir les clés de son succès. Comment l’Agile a-t-il réussi à re-modéliser nos façons de travailler et de penser ?

Le succès de l’Agilité provient d’un constat simple et partagé par beaucoup : « Nous ne savons pas ». L’incertitude est aujourd’hui la plus grande des certitudes. Elle est omniprésente dans notre société et pousse à s’interroger quotidiennement : Comment maximiser la valeur client de mes produits ? Quelles nouvelles compétences développer en interne pour y arriver ? Comment m’assurer de livrer le bon produit au bon moment ? Ces exemples de questionnements sont partagés par la majorité des entreprises. C’est en s’appuyant sur des principes de base comme la transparence accrue, le contrôle empirique des processus, ou encore l’évaluation continue au fil des itérations, que l’Agilité a su apporter une réponse pertinente aux problématiques rencontrées par les DSI : favorisant ainsi l’adaptabilité plutôt que le contrôle et la planification.

L’innovation au service de l’ambition

L’implantation Agile ne s’est pas faite du jour au lendemain. C’est bien projet après projet, périmètre par périmètre, et sous un effet de cercle vertueux que l’Agile s’est envolé vers le succès. La méthode a su convaincre les organisations sans les brusquer, et fédérer de nouveaux domaines autour de réussites aujourd’hui[2] et demain, permettant une nette amélioration de la productivité sans pour autant impacter la motivation des collaborateurs. Bien au contraire d’ailleurs, ce sont aujourd’hui 84% des sondés qui reconnaissent une amélioration de leur productivité via l’Agilité, et près de 80% qui ressentent une plus forte motivation grâce à l’Agile.

Dans un écosystème en pleine transformation digitale où la complexité de nos applications ne cesse d’augmenter, et leur cycle de vie ne cesse de se raccourcir, cette amélioration de la productivité est devenue indispensable. La vitesse d’absorption des nouvelles technologie et la réactivité d’une entreprise à faire face aux changements deviennent de réels avantages compétitifs, permettant de tirer son épingle du jeu. Pour répondre à ces enjeux, des innovations telles que le Design Thinking, le No Estimate ou le Rapid Prototyping viennent amener l’Agilité à un nouveau stade de maturité. En seulement deux décennies, l’Agile a réussi à s’imposer comme incontournable au cœur de nos processus et de nos organisations, apportant la souplesse nécessaire pour délivrer rapidement du contenu à forte valeur ajoutée, rester compétitif, ou encore offrir la capacité de s’imposer comme leader d’un marché.

Des cadres comme Scrum ou Extrem Programming commencent déjà à démontrer leurs limites : projets mobilisant des centaines de personnes, développements réalisés sur des technologies expérimentales. Les entreprises doivent se renouveler pour conserver leur capacité à innover et voir au-delà de l’Agilité actuelle. Répondant à cette nécessité de réforme, des frameworks tels que SAFe ou LeSS se développent, comblant ainsi les attentes et besoins de nos sociétés actuelles soumises à la révolution digitale (évolutions structurelles, problématiques d’Agilité dite « à l’échelle » …). Rester le catalyseur de croissance ne sera pas chose aisée pour l’Agile dans les années à venir. Continuer à évoluer et à se repenser suffira–t’-il à l’Agilité pour réussir à s’adapter à la vitesse de transformation de nos sociétés, et ce pour combien de temps ?

 

 

[1] https://www.versionone.com/about/press-releases/versionone-opens-10th-annual-state-of-agile-survey/

[2] https://www.unow.fr/blog/le-coin-des-experts/agilite-chiffres-cles/