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Accusé par Cash Investigation, un courtier en données médicales se défend de toute défaillance ou conflit d’intérêt

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(AFP) – Le groupe américain IQVia, leader mondial de la collecte et de l’analyse des données médicales, a réagi mercredi à sa mise en cause dans le nouveau numéro du magazine Cash Investigation de France 2, qui doit être diffusé jeudi soir.

L’entreprise, qui recueille des données de vente de médicaments auprès d’un large réseau de pharmacies partenaires, assure dans un communiqué qu’elle « ne cherche pas à obtenir de la donnée nominative sur les patients, qui ne présente pas d’intérêt pour (ses) activités. »
Selon elle, les données saisies par le pharmacien sont « anonymisées » à deux reprises avant d’être stockées dans « l’entrepôt de données de santé hébergé par IQVia. » Elle n’a « accès qu’à deux informations personnelles du patient: le genre et l’âge« , affirme-t-elle encore.
Dans un reportage déjà disponible sur la plateforme France.TV, les journalistes de Cash Investigation révèlent que le groupe est présent dans la moitié des officines françaises, dont il exploite les données en échange d’études de marché ciblées.
Le parcours médical des patients est tracé entre les différentes officines grâce à un identifiant unique, permettant à IQVia de se prévaloir d’une base de données médicales unique en France.

La Cnil va diligenter des contrôles

Les journalistes assurent avoir visité 200 officines sans trouver trace d’information permettant au patient de s’opposer à l’exploitation de ses données personnelles. « Les pharmaciens d’officine sont chargés, contractuellement, d’informer individuellement leurs clients du traitement des données les concernant, ainsi que de permettre l’exercice des droits d’accès, de rectification et d’opposition qui leur sont reconnus« , a indiqué la Cnil sur son site lundi, ajoutant qu’elle « diligentera des contrôles« .
Le gendarme des données personnelles, qui avait donné en 2018 l’autorisation à IQVia de constituer sa base de données, ne parle pas d’anonymisation mais de « pseudonymisation« , car des informations peuvent permettre de ré-identifier les patients. « Les données ne peuvent en aucun cas être utilisées pour promouvoir commercialement des produits de santé. Chaque étude réalisée à partir des données de l’entrepôt doit présenter un intérêt public« , rappelle-t-elle encore, évoquant des « sanctions particulièrement lourdes » en cas de manquements.
Dans son communiqué, IQvia réfute par ailleurs tout « conflit d’intérêt dans le parcours » de son directeur général en France, Jean-Marc Aubert. En tant que patron de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) à partir de fin 2017, celui-ci avait piloté la création du Health Data Hub, l’entrepôt de données de santé annoncé
en 2018 par Emmanuel Macron et source de multiples inquiétudes pour la confidentialité de ses données sensibles