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Témoignage – « Déconfinement : nous envisageons de conserver une part de télétravail » Matthieu Sarrat, directeur général de GT Solutions

GT Solutions, filiale de transport routier de marchandises du groupe GT qui dispose aussi d’une filiale logistique, continue en partie son activité, sur la route, ou en télétravail pour ses managers et fonctions support. Et elle poursuit ses projets numériques : système de gestion du transport, portail clients et analyse de données. Interview de son directeur général.
 
 
Solutions Numériques : Comment résistez-vous à la crise sanitaire du Covid-19 ?
Matthieu Sarrat : A l’annonce du confinement le 17 mars, nous avons perdu 60 % de notre activité la première semaine. Depuis, nous regagnons à peu près 0,5 % d’activité chaque jour, et aujourd’hui l’entreprise tourne à plus de 50 %. L’activité en lien avec le BTP reprend petit à petit (béton et transport de matériaux de construction vers les chantiers). Les volumes transportés pour les établissements du secteur de la santé (10 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise, qui s’établit en 2019 à 220 millions d’euros)
progressent globalement (consommables, flux de déchets infectieux, mais flux de médicaments stables).
Nous conservons de l’activité pour les garages spécialisés dans le transport de marchandises et l’agriculture. Le transport frigorifique pour la restauration hors foyer se poursuit vers les EHPAD, mais est arrêtée avec les restaurants et les écoles. 700 de nos 1 600 conducteurs travaillent, les autres étant en chômage partiel. Nos véhicules routiers (achetés pour 90 % du parc) sont en partie immobilisés, ce qui représente un coût. Nous avons obtenu un moratoire auprès des banques.
 
Déchargement sur un chantier de construction. @ Groupe GT

S.N. Comment avez-vous mis en place le télétravail ?

M.S. Le confinement a permis au personnel de tester le télétravail et les retours sont positifs. Il concerne l’encadrement et les fonctions support, soit une trentaine des 80 salariés du siège de Bassens (33), les autres étant au chômage partiel. Le management de nos filiales opérationnelles, une cinquantaine de personnes, télétravaille également. Les exploitants disposaient déjà de leur ordinateur portable, et nous avions ce qu’il faut à notre siège pour les fonctions support. Nous utilisons les solutions Citrix. La qualité de notre réseau s’avère suffisante… et meilleure que le débit de certaines box des domiciles de nos
employés ! Les connexions aux sessions de travail se font de façon fluide, ensuite nos employés retrouvent leurs outils métier habituels.
Nos conducteurs effectuant souvent leur prise de poste chez le client, ils sont habitués à échanger au téléphone avec leur manager. Les visioconférences pour les petits groupes jusqu’à cinq personnes, ou les conférences téléphoniques sont aussi utilisées, notamment pour le point que je fais tous les deux jours avec une vingtaine de managers. Skype Entreprise de Microsoft ne marche pas trop mal. Nous réfléchissons à passer à Microsoft Teams*.

S.N. Comment protégez-vous vos salariés ?

M.S. Nous avons suivi les recommandations officielles. Nous avons réussi à nous procurer des masques en tissu réutilisables et lavables, et nous recevrons d’ici deux semaines des masques jetables. Du gel hydroalcoolique, un bidon d’eau et du savon sont présents dans nos véhicules routiers. Les conducteurs, s’ils doivent charger/décharger la marchandise, doivent utiliser des gants de travail, les gants en latex sont trop fragiles. Ils se lavent les mains systématiquement avant de remonter dans leur cabine. Les bons de livraison n’ont plus besoin d’être signés, ce qui limite les contacts avec l’extérieur. Les camions utilisés
par deux conducteurs différents sont désinfectés avant le transfert.S.N. Comment préparez-vous le déconfinement à partir du 11 mai ?

M.S. Nous faisons le tour de nos clients pour voir ce qu’ils font, s’ils souhaitent reconstituer leurs stocks avant ou après le 11 mai. Nous préparons des mesures pour le retour dans nos bureaux. Nous envisageons, sans l’avoir définitivement arrêté, de conserver une part de télétravail et que les collaborateurs dans les services travaillent dans nos bureaux par roulement, un jour sur deux ou une semaine sur deux, afin d’éviter d’éventuelles contaminations et de garantir une continuité de service. Nous attendons aussi les modalités précises de retour des enfants à l’école.S.N. Quelle est votre vision du monde d’après ?

M.S. Nous n’avons aujourd’hui pas de vision claire de la reprise d’activité, alors que le secteur du transport routier de marchandises a des marges très faibles et des coûts fixes importants. Nous pensons renforcer, pour notre activité d’affrètement, nos partenariats régionaux avec des transporteurs locaux, et limiter l’affrètement spot (ponctuel) car, notamment avec la fermeture des frontières européennes, il paraît aléatoire.

S.N. Quels sont vos projets numériques ?

M.S. Sachant que nous avons réalisé des acquisitions en 2018, notre système de gestion du transport (TMS, Transport Management System) Akanea est en cours de déploiement dans toutes nos activités. Très polyvalent, il est adapté au transport par lots et à la messagerie.
Ensuite, nous sommes en cours de développement de notre portail clients.
Enfin, nous travaillons à l’exploitation des données, en particulier pour comprendre la dynamique de demande en fonction de la saisonnalité, et celle de la tarification. Nous

avons réalisé un PoC. Nous travaillons toutefois, avant la mise en place d’un outil d’analyse, à améliorer la qualité de notre base de données et les processus de collecte de données.

*Skype Entreprise sera arrêté fin juillet 2021 au profit de Microsoft Teams
 
 
 
 
 
Les sites industriels et logistiques tournent en moyenne à 50 %

La capacité totale moyenne pendant la quatrième semaine de confinement selon le baromètre de l’ASLOG (réseau de 3 000 professionnels de la Supply Chain) auprès de 90 entreprises de différents secteurs représentant plus de 700 sites industriels et 900 sites logistiques. Les secteurs les moins touchés par la diminution d’activité sont l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire, le bois/papier/carton/imprimerie et le chimie/plastique/caoutchouc. Le secteur automobile est le plus rudement touché par la crise.
Baromètre Aslog
 
Auteur : Christine Calais