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La SNCF se donne 2 ans pour migrer la majorité de son IT dans le Cloud

2020 constituera une date clé pour le futur de l’IT de la SNCF. Une majorité de ses applications seront portées dans le Cloud public, si le projet atteint ses objectifs.

Annonce choc faite à l’AWS Summit 2018 : la SNCF va migrer son informatique dans le Cloud public, y compris des applicatifs critiques, pour la bonne circulation de ses trains. Un défi culturel comme technique pour l’IT d’une entreprise publique.

Tout le monde connaît aujourd’hui le site Voyages-SNCF et l’application mobile de la SNCF baptisée aujourd’hui V. Initié au tout début des années 2000, ce mouvement de la SNCF vers le numérique a commencé par les clients mais il est en train de gagner l’IT interne de la société de chemin de fer.

Raphaël Viard
Raphaël Viard, CTO SNCF, sur la scène de l’AWS Summit

Ainsi, sur la grande scène de l’AWS Summit, Raphaël Viard, CTO de SNCF a expliqué : « La transformation numérique que nous menions auprès de nos clients, nous la menons aussi en interne dans des domaines très différents comme la maintenance prédictive avec l’IoT et le Big Data, le programme « Digital pour Tous » qui voit l’ensemble des agents équipés de terminaux mobiles. » C’est il y a un peu plus d’un an que la SNCF a décidé de mener un projet plus ambitieux encore, celui de transformer ses systèmes d’information. L’objectif fixé est de migrer 60 % du parc applicatif dans le Cloud public d’ici à 2020, un véritable défi !

Un parc applicatif de 1 423 applications

Avec 14 millions de passagers par jour, 15 000 trains et 25 000 bus qui circulent chaque jour, 3 000 gares en gestion et un réseau de 30 000 km de voies qui est rénové au rythme de 1 000 km par an, l’activité de la SNCF est diversifiée tout comme l’IT où se sont accumulés les applicatifs et les technologies hétérogènes au fil des années. « A la hauteur de la complexité de notre activité, notre patrimoine informatique et numérique est complexe » résume le CTO. La DSI gère ainsi 130 000 PC, 90 000 agents équipés de terminaux mobiles et surtout 170 000 agents connectés. L’entreprise publique possède deux datacenters en propre, à Lyon et à Lille, mais surtout 700 salles informatiques régionales qui sont clairement aujourd’hui dans le viseur.

L’application V, un modèle à répliquer en interne

Si la SNCF considère aujourd’hui une telle migration dans le Cloud, c’est que les choix réalisés pour le backoffice de l’application mobile de la SNCF ont permis de juger de la pertinence du Cloud public. « Notre enjeu est de masquer cette complexité pour rendre les déplacements de nos clients aussi simples que possible. L’application SNCF agrège données internes et données externes. Elle vise à être connectée en temps réel avec l’exploitation des trains, afin de délivrer l’information la plus fiable possible aux voyageurs. » Cette application est donc loin d’être triviale et elle est utilisée par les voyageurs à une très grande échelle. Elle a été téléchargée 10 millions de fois en 3 ans et enregistre des pics d’activité à 40 millions de connexions par mois. « C’était une application qui est évidemment très éligible au Cloud, bien qu’elle soit très critique. Elle est critique car même si elle est utilisée au jour le jour par les voyageurs, elle doit être capable de résister en cas de crise, car c’est à ces moments de crise où elle enregistre des pics de charge. Les clients cherchent des itinéraires alternatifs, veulent avoir des informations sur ce qui se passe sur le réseau ferré. A cet égard, le début d’année fut sportif avec l’épisode neigeux, puis les grèves et récemment le blackout de la gare St Lazare. » Ainsi, lors des pics de charge, le nombre d’instances AWS peut passer de 170 à 240 en seulement 20 minutes, et bien entendu faire le chemin inverse dans l’objectif de contrôler les coûts.

Le succès de l’application mobile de la SNCF a fini de convaincre la DSI de la SNCF de la pertinence du Cloud public.

Pour le CTO, la scalabilité n’est pas le seul atout du Cloud public. La fiabilité, ce que Raphaël Viard appelle la résilience, est un avantage apporté par Amazon Web Services à cette infrastructure. « L’application est complexe, elle met en œuvre 15 microservices et quand il faut remonter de la donnée sur les trains, cela ne se fait pas simplement. » Le CTO a raconté l’épisode d’une montée de version menée en début d’année qui ne s’est pas très bien déroulée. Un appel applicatif mal calculé a provoqué la multiplication par 60 du nombre d’appels pour chaque connexion. Bien évidemment, la production s’est écroulée et les exploitants ont dû déclencher le plan de reprise d’activité afin de rétablir au plus vite la situation. « Nous avons pu remonter la production en 45 minutes grâce au Cloud, une performance que nous n’aurions jamais pu atteindre sur des technologies exploitées en interne. Nous aimerions bien que tout le système d’information se comporte de la sorte, ce qui nous retirerait certainement quelques épines du pied ! »

Un partenariat étroit noué avec AWS France

Si le directeur technique de la SNCF rêve d’une telle souplesse de fonctionnement pour les applications internes de la SNCF, migrer un tel système d’information vers le Cloud semble une tâche titanesque. Pour améliorer ses chances de succès, la SNCF a choisi de tisser un partenariat avec Amazon Web Services France afin d’impliquer l’opérateur de Cloud dans le succès de cette migration à haut risque. On se souvient des grands contrats d’outsourcing et de co-entreprise signés par le passé avec IBM qui ont fini par un clash, puis avec GFI Informatique accusé un temps de vouloir délocaliser des postes d’exploitants en Pologne. Raphaël Viard doit donc être extrêmement prudent dans cette migration vers le Cloud et, outre garantir le succès technique de l’opération, s’assurer de la place du personnel IT dans l’IT future de la SNCF.  « Nous avons signé un contrat de droit français avec AWS et je pense que nous avons été la première entreprise française publique à avoir fait cela. Il s’agit d’un contrat sans engagement de volume et qui doit nous permettre non seulement de renouveler notre socle numérique, mais aussi nous permettre d’acquérir des connaissances auprès d’Amazon Web Services qui est fortement impliqué à nos côtés dans le change management afin que nos agents acquièrent des compétences afin d’opérer dans le Cloud. »

« Nous nous donnons deux ans et demi pour migrer l’ensemble de notre parc applicatif vers notre nouveau socle applicatif, avec 60 % des 1 425 applications exploitées dans le Cloud public et une approche « Cloud First ». » Raphaël Viard

 

« Cloud First » à la SNCF !

Le CTO dispose de deux ans et demi pour migrer l’ensemble de son parc applicatif vers son nouveau socle, avec 60 % des 1 425 applications exploitées dans le Cloud public à l’échéance 2020. De plus, les nouveaux projets seront désormais menés dans une approche « Cloud First ». La SNCF exploite aujourd’hui 14 800 serveurs dans ces deux datacenters. Si aucune annonce n’a été faite quant à la suppression de ces deux centres de données, ce sont bien les 700 salles informatiques que la SNCF possède en régions qui vont passer à la trappe à l’issue de cette première grande migration. Et à ceux qui pensent que la SNCF ne va migrer que des applications secondaires, Raphaël Viard a précisé : « 144 applications de nos applications sont critiques dans l’exploitation des trains et pourtant nous considérons que nous pensons pouvoir migrer la plupart d’entre elles dans le Cloud d’ici 2020.  J’espère être là en 2020 pour pouvoir dire que ça s’est bien passé ! »

 

Auteur : Alain Clapaud