Alessandro Chimera, Directeur de la Stratégie de Digitalisation chez Tibco, explique aux lecteurs de Solutions Numériques : « Malgré la pandémie qui a donné un coup de frein à l’essor de l’Industrie 4.0, il est indéniable qu’aujourd’hui, en revenant à une certaine forme de normalité, le secteur entre dans une ère nouvelle qui est celle de la donnée et du cloud. En effet, la crise sanitaire a permis d’identifier les processus les moins agiles et, par-delà même, d’intégrer une nouvelle donne : la nécessaire numérisation d’un écosystème en perpétuel devenir. » Voici son avis d’expert dans son intégralité.
Un climat d’instabilité majeur
L’Industrie manufacturière est, depuis toujours, en proie à de nombreuses perturbations. Une des plus importante de cette décennie a bien entendu été celle de la pandémie qui a mis en lumière un certain nombre de dysfonctionnements. Le secteur n’était pas doté d’outils nécessaires lui permettant de faire preuve de résilience, de viabilité et de capacité d’adaptation pour se réinventer et assurer la continuité de son activité. Désormais, il est crucial de rattraper le retard numérique de certains processus de fabrication en mettant au cœur du processus la donnée afin d’en extraire tout le potentiel et une architecture flexible pour optimiser la production et assurer le fonctionnement efficace de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui sera dotée d’une architecture flexible.
Cette nécessaire numérisation est exacerbée par une pression concurrentielle toujours plus importante engendrée par le changement radical des habitudes de consommation. En effet, de confinement en confinement, les préférences des consommateurs ont évolué débouchant sur des tendances de fond avec pour conséquence un séisme sans précédent pour le monde de l’industrie. Il va sans dire que ces mutations ont modifié le paysage dans lequel évoluaient les acteurs du secteur. Tout comme c’est le cas après les périodes d’instabilité économique ou autres catastrophes naturelles, l’industrie manufacturière doit relever un défi d’un genre nouveau : l’adoption de technologie comme fer de lance de la croissance.
Le déploiement progressif de technologies émergentes
Durant la pandémie, l’industrie a dû se réinventer faisant ainsi un bon de 5 ans dans le futur. La transformation numérique est devenue une question de survie et la procrastination n’est plus envisageable. L’arrivée en masse de technologie émergente a changé considérablement la donne. En devenant incontournables, ces technologies, telles que l’impression 3D, de plus en plus abordables et accessibles, ont bouleversé le secteur dans sa globalité. Les machines et les produits eux-mêmes sont devenus « de plus en plus intelligents ». L’Internet des Objet s’est emparé du secteur en rendant la donnée beaucoup plus précieuse que jamais. Dans l’industrie, son utilisation via des capteurs IoT pour diagnostiquer des problèmes et réduire les pannes est devenue une pratique courante.
« L’usine de demain » sera probablement partiellement virtuelle avec, en prime, une hausse de l’utilisation de jumeaux numériques permettant d’en assurer la supervision en temps réel. Dès lors, grâce à la simulation d’une nouvelle ligne production, il sera possible de vérifier aisément si les machines existantes sont adaptées ou non à une exécution de masse. Parallèlement, il est à prévoir que la moitié des nouvelles infrastructures informatiques seront déployés en périphérie de réseau ; ce qui rend la connectivité essentielle. Cette évolution s’accompagne également d’une hausse du volume de traitement effectué en périphérie (à l’edge) sur les équipements IoT eux-mêmes. Grâce à la 5G et au modèle serverless, le concept de « Manufacturing as a Service » va certainement devenir progressivement une réalité. Cependant, dans un tel paysage, outre la connectivité, l’approche customer-centric, la collaboration ou encore la continuité de production, le cloud va jouer un rôle prépondérant.
Le cloud, pierre angulaire d’une (r)évolution
L’industrie manufacturière n’est pas près de disparaître ; elle est juste à l’aube d’une évolution sans précédent. De fait, pour rester compétitifs dans le contexte actuel, les acteurs doivent envisager sérieusement d’accélérer leur transformation numérique. Il leur faudra notamment faire évoluer leurs architectures d’applications rigides pour en faire des plateformes numériques, extrêmement flexibles, en s’appuyant sur des technologies cloud modernes capables de s’adapter rapidement à des exigences changeantes.
La mise en place d’une architecture cloud prodigue bon nombre d’avantages dont l’évolutivité nécessaire pour accroître la disponibilité ou encore l’accélération de la mise en production de nouveaux services. Par exemple, une plateforme déployée dans le cadre de l’adoption d’une stratégie basée sur le cloud permet de créer des flux d’intégration de façon visuelle et d’accélérer le lancement de services innovants ou de nouvelles applications. Dès lors, en donnant accès à l’ensemble des utilisateurs à ces technologies, la collaboration devient d’autant plus efficace et la synergie, ainsi créée, performante.
Les processus et les technologies cloud représentent un pas de géant avant vers la création d’une architecture moderne, dynamique et orientée événements. Il devient possible de traiter en temps réel des événements critiques survenus en usine, et de soutenir le bon déroulement des opérations en prenant immédiatement les mesures adéquates. Les entreprises peuvent alors faire preuve de l’agilité nécessaire à la « nouvelle donne » actuelle et, par-delà même, devenir résiliente.
