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Sécurité des données clients : la CNIL inflige une sanction de 100 000 € à Darty

La CNIL prononce une sanction de 100 000 euros à l’encontre de Darty pour ne pas avoir suffisamment sécurisé les données de clients ayant effectué une demande en ligne de service après-vente.

A la suite d’un incident de sécurité en février dernier concernant le traitement des demandes de service après-vente des clients de l’enseigne, la Commission nationale de l’informatique et des libertés effectue un contrôle en ligne début mars et peut « constater qu’une défaillance de sécurité permettait d’accéder librement à l’ensemble des demandes et des données renseignées par les clients de la société, via un formulaire en ligne de demande de service après-vente« . Plusieurs centaines de milliers de demandes ou réclamations contenant des données telles que les nom, prénom, adresse postale, adresse de messagerie électronique ou numéro de téléphone des clients étaient potentiellement accessibles, indique l’organisme. Un contrôle sur place réalisé quinze jours plus tard révèle que le formulaire de demande de service après-vente, à l’origine du défaut de sécurité, a été développé par un prestataire commercialisant un logiciel de service après-vente « sur étagère ». Lors du contrôle, Darty indique avoir recours à un autre formulaire distinct et ne pas utiliser celui à l’origine de l’incident. Mais les vérifications opérées par la CNIL permettent pourtant de constater que les fonctionnalités du logiciel rendant accessible le formulaire développé par son prestataire n’ont pas été désactivées. Elles montrent également que le prestataire n’a pas mis en place de filtrage des adresses URL, qui aurait permis d’empêcher à des tiers non autorisés d’accéder aux données des clients contenues dans l’outil de gestion des demandes de service après-vente via le formulaire défectueux.

Darty, responsable du traitement des données

Alors même qu’elle avait informé la société de cet incident de sécurité, la CNIL a constaté que les fiches des clients étaient toujours accessibles entre le premier et le second contrôle et que de nouvelles fiches avaient été créées dans ce laps de temps.
L’ensemble de ces faits a donc conduit la Cnil à prononcer une sanction d’un montant de 100 000 euros, estimant que la société avait manqué « à son obligation de sécurité des données personnelles, en méconnaissance de l’article 34 de la loi Informatique et Libertés. » La Cnil rappelle que « le simple fait que la société fasse appel à un prestataire sous-traitant ne la décharge pas de son obligation de préserver la sécurité des données traitées pour son compte, en sa qualité de responsable du traitement. » A charge de Darty de « s’assurer préalablement que les règles de paramétrage de l’outil mis en œuvre pour son compte ne permettaient pas à des tiers non autorisés d’accéder aux données des clients« . Cette vérification préalable d’absence de vulnérabilité fait partie des « tests élémentaires qui doivent être réalisés par une société en matière de sécurité des systèmes d’information« , ajoute la Cnil. Et de rappeler « qu’une bonne pratique en matière de sécurité des systèmes informatiques consiste à désactiver les fonctionnalités ou modules d’un outil qui ne seraient pas utilisés ou pas nécessaires. »

La Cnil a tenu à souligner toutefois l’initiative du responsable de traitement de diligenter un audit de sécurité après cette atteinte à la sécurité des données ainsi que de sa bonne coopération avec ses services. « Le prestataire a mis en œuvre, à l’insu de Darty, une fonctionnalité de l’application que Darty n’avait pas sollicitée et n’a donc pas utilisée », a réagi un porte-parole du groupe Fnac Darty auprès de l’AFP. La « potentielle faille de sécurité » que comportait cette fonctionnalité, a
depuis été « corrigée par le prestataire« , a-t-il encore affirmé. « Dans ces conditions et alors que la Cnil n’a constaté aucune fuite de données, nous nous étonnons de cette décision et nous réservons nos droits au titre d’un éventuel recours » devant le conseil d’Etat, a ajouté le porte-parole.

En juillet dernier, la Cnil avait condamné la société Hertz à 40 000 euros  pour manquement à son obligation de sécurité des données dans le cadre d’une relation de sous-traitance