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Louis Vuitton, le digital au service de la tradition

Louis Vuitton
Magasin Louis Vuitton

Entre tradition et modernité, Louis Vuitton, marque emblématique du groupe LVMH, mène sa transformation numérique tout en conservant ce qui fait l’essence même de sa marque, le savoir-faire de ses maroquiniers et maroquinières.

Avec plus de 20 000 collaborateurs dans le monde, 450 points de vente, 6 métiers, le groupe LVMH est le leader mondial du luxe. Un leader qui innove notamment sur le digital, mais dans ce groupe, la marque Louis Vuitton reste une entreprise unique dans son mode de fonctionnement. « Louis Vuitton est une entreprise totalement intégrée » explique Franck Le Moal, DSI de Louis Vuitton. « Nos produits sont fabriqués dans nos propres ateliers avec seulement quelques sous-traitants directs, sont stockés dans nos entrepôts et ne sont distribués que dans nos propres magasins ou via notre plateforme digitale. » Cette maîtrise totale de la production, de la supply chain et de la distribution n’est pas sans conséquence du point de vue IT puisque tout doit être géré dans le système d’information de l’entreprise. « La stratégie IT doit pouvoir couvrir l’ensemble de l’organisation, sachant que le défi d’une entreprise intégrée, c’est d’avoir des processus de plus en plus transverses. Quand vous commandez un produit personnalisé dans un magasin Vuitton, vous êtes quasiment en relation directe avec le maroquinier qui va fabriquer le produit. »

L’ERP, une solution considérée comme éculée

Si le DSI doit mettre en place des processus transverses, il privilégie pourtant les solutions Best of Breed face à l’approche tout intégrée des ERP, qui « permettent de couvrir le mieux possible les enjeux de la production, de la supply chain et du digital. Sur ce plan, l’ERP est une solution éculée. Il faut aller de plus en plus dans un esprit de simplification. »

Franck Le Moal, DSI de Louis Vuitton
Franck Le Moal au Congrès des DSI 2018

Le monde du luxe est très incertain, et le moindre événement politique ou économique peut avoir des conséquences directes sur les ventes. « Il faut être capable de s’adapter rapidement, être transverses, simples, avec des solutions solides et que l’on peut enrichir et adapter rapidement. C’est l’enjeu qui est le nôtre que de constituer un tel SI », le responsable citant  la conception des produits avec des outils 3D comparables à ceux qu’on trouve dans l’aéronautique ou l’automobile, l’équipement des ateliers, la supply chain et les solutions Retail pour équiper 100 % des caisses. »

Illustration de cette nécessité d’agilité, le volet distribution et l’essor de l’omnicanal. « L’omnicanalité est devenue une banalité, donc l’objectif n’est pas de faire de l’omnicanal, mais de le faire d’une façon qui va renforcer les fondamentaux de la marque. Il faut aussi proposer à nos employés des outils, des applications pour faire face à ce phénomène. » «  Même si on propose au client une expérience d’achat très sophistiquée en magasin ou sur le digital, il veut aussi pouvoir acheter et disposer du produit rapidement, se le faire livrer à son domicile dans un autre pays,  dans sa chambre d’hôtel, ou passer le prendre dans un magasin. Une marque de luxe doit savoir faire cela. » Afin de doter les vendeurs des meilleurs outils face à cette clientèle exigeante, les applications sont conçues directement avec eux. « Ce ne sont pas 2 ou 3 personnes dans un bureau à Paris qui font le design des applications, nous les développons en méthodes agiles directement avec des vendeurs représentatifs qui vont les co-créer avec la DSI. »

Le numérique aide l’artisan à faire le « beau geste »

Les ateliers de fabrication voient eux aussi le numérique monter en puissance dans leur activité. « Le plus important pour la marque, ce sont nos sites de production, nos maroquiniers, nos maroquinières. Nous ouvrons de nouveaux ateliers en France et la digitalisation y entre davantage. Nous allons de plus en plus chercher à les aider dans la recherche du beau geste », à l’origine de la qualité. La DSI met ainsi en place des tablettes numériques sur les postes de travail avec des vidéos qui présentent les meilleures gestes à appliquer, et permet aux ateliers d’avoir un retour de la part du réseau de distribution sur la qualité perçue.

Outre le travail de ses maroquiniers et maroquinières, Louis Vuitton adopte les concepts de l’usine du futur, exploitant notamment les données des capteurs dont sont équipées ses machines à coudre et machines de coupe et dont la qualité de la production est contrôlée en temps réel. Par ailleurs, Louis Vuitton fait de plus en plus appel au RFID et l’IoT pour disposer d’une traçabilité temps réel de ses flux de production et de distribution. Marier tradition et modernité est plus que jamais le rôle du DSI de Louis Vuitton.

 

Auteur : Alain Clapaud