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Panorama du marché

Un premier constat s'impose d'emblée : ce marché est encroissance rapide et forte. Selon un livre blanc intitulé "TheState of the BPM Market" publié le 25 janvier dernier parBEA Systems, il s'agirait même de l'un de ceux qui croît leplus rapidement dans le monde du logiciel, avec des volumesde ventes plus que décuplés entre 2006 et 2011.

Les cabinets d'analyse ne s'accordent pas sur le périmètre de ce marché et par voie de conséquence sur le nom des éditeurs à y intégrer. L'une des principales différences réside dans l'intégration ou non des purs prestataires de services, comme Cap Gemini, dans le périmètre du BPM. On peut en effet se poser la question car les éditeurs de solutions logicielles proposent eux-mêmes beaucoup de service autour. « Nous n'intégrons pas les SSII dans le périmètre alors que certains de nos concurrents le font » explique Colin Teubner, Senior Analyst chez Forrester Research. Pour ajouter encore à la confusion, certains éditeurs cherchant à surfer sur la vague du succès de cette technologie, rebaptisent leurs offres d'intégration ou SOA en BPM. Les différences entre analystes sont telles que l'éditeur arrivant en seconde position chez l'un n'est pas même présent chez l'autre !

Le Gartner a été le premier, en 2000, à définir et à évaluer ce marché en termes de chiffre d'affaires logiciel global, l'estimant à 1,6 milliards de dollars en 2006 et le projetant à 5,1 milliards en 2011. Forrester l'a mesuré à 1,6 milliards de dollars en 2006 et estime qu'il atteindra 6,3 milliards de dollars à l'horizon 2011. Du côté d'IDC, on l'évaluait à 890 millions de dollars en 2006 et on l'estime à 5,5 milliards à l'horizon 2011.

« Nous tenons à faire, contre vents et marées, une distinction entre outils de BPM 'Human centric' et 'Integration Centric' » précise Colin Teubner. « En effet, que ce soit les éditeurs ou nos concurrents, personne ne souhaite que nous continuions à faire cette distinction, mais nous la maintenons car les clients potentiels entrent toujours encore dans l'une de ces catégories. Centrés sur les tâches humaines, les outils de la catégorie « Human Centric » sont une forme évolutive du workflow, les outils d'intégration, de modélisation graphique et de monitoring en plus. Les outils 'Integration centric' sont plus tournés vers les systèmes et leur intégration, SOA et l'automatisation. Nous plaçons 13 éditeurs dans cette catégorie : BEA Systems, Cordys, IBM, iWay Software, Magic Software Enterprises, Microsoft, Oracle, SAP, Software AG, Sun Microsystems, TIBCO Software, Vitria Technology et webMethods. »

Parmi ces acteurs nous retrouvons les géants du logiciel avec une approche plateforme tel que Microsoft avec .Net, IBM avec WebSphere et SAP avec NetWeaver. SAP a en particulier décomposé ses applications en objets au sens SOA afin de permettre de piloter dans un même processus différents composants provenant de différents modules tels que Ressources Humaines, Relation Client ou Finance par exemple. Cette approche innovante s’avère très prometteuse.

Quels que soient la méthode et le périmètre retenus, les tendances sont les mêmes : croissance importante et bien plus rapide que la plupart des autres secteurs. « Si nous ne nous accordons pas sur le périmètre, nous sommes tous plus ou moins en phase, cependant, quant au taux de croissance du marché » ajoute Colin Teubner. Selon IDC, les facteurs de croissance les plus importants seront le succès des uns, qui appelle le succès des autres, l'élargissement des applications du BPM, la nécessaire gouvernance informatique et la mise en conformité avec la législation. SOA et le Web 2.0 auront leur rôle à jouer également.

Lorsqu'on affine par continent, si les Amériques arrivaient en tête en 2006 avec 58,3 % du marché selon IDC, l'Europe représentait déjà 27,6 %. Mais le taux de croissance devrait être légèrement plus important dans nos contrées qu'aux États-Unis. « L'Asie/Pacifique est sans conteste en retrait sur le marché du BPM » constate Colin Teubner. « Mais il est intéressant de noter que l'Europe est en tête en terme de maturité dans la compréhension des processus. Par contre, les États-Unis ont adopté plus massivement les suites logicielles de BPM, d'où une croissance prévisible plus forte en Europe. » Selon l'étude annuelle 2008 de BPMS.info, menée sur plus de 200 projets de BPM (dans des entreprises dont la moitié possède un effectif supérieur à 1000 personnes, un quart compris entre 100 à 1000 et un quart inférieur à 100), tous les secteurs d'activité sont concernés par le BPM. Les acteurs français de ce marché se nomment W4, Ilog, Lombardi, K2, Advantys, Global360, IDS Scheer, Casewise, Mega International, Proforma Corporation, Telelogic, Cecima ou encore Tibco, pour ne citer que les principaux.

Autre tendance lourde : la consolidation. On identifiait quelque 150 acteurs en 2006 dans un marché très atomisé. Mais le Gartner estime que « fin 2008, les 25 plus importants fournisseurs de BPMS seront identifiés de manière évidente ». Les « pure players » cèdent progressivement leur place à des éditeurs bénéficiant d'une assise plus importante (comme IBM ou Oracle/BEA), et proposant des solutions plus globales, intégrant le BPM à des portails collaboratifs, à la business intelligence et bien sûr à SOA, faisant ainsi converger les technologies. »Je suis globalement d'accord avec les estimations du Gartner » commente Colin Teubner. « Mais si la tendance à la consolidation est lourde, c'est fou de constater à quel point les acteurs de petite taille s'accrochent sur ce marché et ne sont pas près de disparaître, pour certains, grâce à leur savoir-faire ».