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Microsoft, la stratégie du Cloud

L'événement Microsoft de l'année en France, les Techdays, se tiendra du 11 au 13 février 2014 au Palais des Congrès de Paris. L'occasion pour la rédaction de faire le point sur les problématiques d'entreprise et les réponses du géant de Redmond.

Pour Microsoft, les grands sujets du moment sont l'incontournable Cloud, qui a le vent en poupe, le passage de la bureautique et du travail collaboratif dans le Cloud avec Office 365 et ses solutions associées et les applications centrales de la gamme Dynamics.

Le nuage décolle

«La stratégie de Microsoft en matière de Cloud est d'accompagner l'ensemble des clients entreprises sur la transformation numérique», explique Anne-Lise Touati, directrice des offres serveurs et Cloud chez Microsoft France. «Nous voulons laisser le choix aux entreprises de déployer les solutions dans le Cloud au travers de clouds publics, mais aussi d'acheter des services IT chez des fournisseurs, sur la base de la même technologie». Ainsi, lorsque Microsoft annonce de nouvelles offres, elles sont en même temps disponibles sur les différents clouds. «L'intérêt de cette stratégie, c'est qu'en fonction des besoins des clients, nous concevons de nouveaux services ou de nouvelles solutions permettant d'optimiser les coûts», poursuit Anne-Lise Touati.

Pour répondre à cette stratégie, Microsoft propose une continuité technologique, à base de Windows Server 2012 R2, d'outils d'administration et de gestion, de SQL Server 2014, de Visual Studio et d'autres outils, présents sur l'ensemble des clouds de Microsoft. S'ils sont hébergés dans divers endroits, il y a néanmoins continuité : «c'est le cœur du dispositif», précise Anne-Lise Touati.

Il est difficile d'avoir des chiffres concernant la seule France, puisque Microsoft ne communique pas de détails, mais Azure enregistrerait actuellement quelque 1 000 nouveaux clients quotidiennement dans le monde, ce qui en fait le domaine qui connaît la croissance la plus forte, juste avant les services en ligne : «nous doublons notre capacité d'accueil tous les 6 mois sur Azure», assure Anne-Lise Touati. En global, Microsoft investit plus de 15 milliards de dollars dans son cloud public, qui fournit des services à plus de 20 millions d'entreprises dans le monde.

Le Big Data se démocratise

Un autre volet de la stratégie de Microsoft est la démocratisation du Big Data, considéré comme un accélérateur de la mutation de l'informatique. «Nous sommes le seul acteur capable de proposer une chaîne de bout en bout pour mettre en œuvre le Big Data», affirme Anne-Lise Touati. La collecte des informations des réseaux sociaux et des autres sources de données s'appuie sur Azure, mais «l'élément le plus important, c'est la visualisation : il faut que les outils soient simples et permettent d'accéder facilement aux données», estime notre interlocutrice. De fait, de nombreuses annonces ont été faites dans ce domaine ces derniers mois, autour de Power BI notamment (cf. «Décisionnel : 2014, année du Big Data ?» – Solutions IT & Logiciels 44).

Bon gré mal gré, Microsoft joue la carte de l'hétérogénéité : «il faut prendre en compte l'existant, qui n'est pas toujours 100 % Microsoft. Azure, par exemple, est complètement ouvert et permet de mettre en œuvre du Linux, mais aussi des OS Android et iOS. Cette flexibilité permet de gérer l'ensemble des SI des clients», estime Anne-Lise Touati. Quoi qu'il en soit, la croissance du marché des serveurs et du Cloud sur la dernière année fiscale a été de 10 % pour Microsoft. Elle concerne l'ensemble des trois volets (datacenters clients «on-premise», cloud public et solutions vendues par les partenaires). «La plus forte croissance vient du cloud public et la deuxième des services en ligne», précise-t-elle.

Les entreprises adoptent Office 365

L'offre Office 365 s'est enrichie de 100 nouvelles fonctionnalités depuis son lancement, il y a un peu plus d'un an. «Sur les six derniers mois, nous avons lancé Office Mobile pour les iPhone et Android en août et augmenté la taille des boîtes Exchange à 50 Go et de SkyDrive Pro à 25 Go en octobre. En novembre, Yammer a été inclus dans les offres entreprise sans augmentation du prix, de même que Web Apps», complète Gwénaël Fourré, directeur de la division Office chez Microsoft France.

Depuis son lancement et surtout depuis l'arrivée de la nouvelle version, Office 365 a été adopté huit fois plus rapidement qu'Office 2010, que ce soit dans les grandes entreprises ou les PME. «Plus de la moitié (21) des entreprises du CAC 40 ont fait le choix du Cloud sur le sujet de la communication en collaboration», constate Gwénaël Fourré. «Et 20 de ces 21 entreprises ont adopté Office 365 (entre autres solutions)». Microsoft ne communique pas le détail de ses chiffres, mais notre interlocuteur précise que «la croissance d'Office 365 est supérieure à celle des solutions on-premise».

Si la motivation des grandes entreprises est la recherche de flexibilité et de performance de la plateforme, en PME c'est plutôt le prix, qui demeure raisonnable alors même qu'on bénéficie des dernières fonctionnalités. Le concurrent le plus sérieux d'Office 365 reste Google Apps. «Certaines entreprises ont fait le choix de passer de Google Apps à Office 365», assure Gwénaël Fourré. Les motivations d'un tel virage sont multiples et vont de l'usage que fait Google des données professionnelles à des fins de prospection personnelle au fonctionnel. «Les utilisateurs connaissent bien la plateforme Office et c'est un vrai facteur différenciateur en matière de conduite du changement», estime Gwénaël Fourré. «Mais l'existence d'un important écosystème de partenaires est également importante pour l'entreprise : nous comptons plus de 10 000 partenaires en France».

Autre avantage : il n'y a pas d'obligation pour Microsoft de pousser à l'adoption d'Office 365 comme solution unique. Le choix d'une solution on-premise demeure possible, ce qui a son importance dans le contexte actuel des grandes oreilles de la NSA et de la menace du Patriot Act. «De nombreuses entreprises utilisent des solutions hybrides : la messagerie est hébergée dans le Cloud mais leur Sharepoint est installé en local. C'est par exemple le cas de pagesjaunes.fr, dont tous les employés utilisent Office 365 et dont la base de données, qui constitue son cœur de métier, est conservée dans un centre de calcul à Rennes».

Les applicatifs intégrés

Si Office, Office 365 et leurs solutions associées, comme Lync, Yammer ou Sharepoint revêtent une importance de plus en plus grande dans les entreprises et vont désormais bien au-delà de la simple bureautique en intégrant le travail collaboratif, les applicatifs centraux demeurent essentiels. C'est là qu'intervient la gamme Dynamics, avec son CRM et les deux ERP commercialisés en France, AX et NAV.

Là encore, le Cloud arrive en force, et pas uniquement sur le CRM : «nous sommes de plus en plus orientés vers le Cloud», confirme Alexandre Oddos, directeur de la Division Microsoft Business Solutions en France. «Nous avons lancé Dynamics NAV sur Azure en octobre 2013 et Dynamics AX, dans sa version 2012 R3, va suivre au second trimestre 2014». Contrairement à l'avis général, pourtant confirmé par les études des analystes, selon lequel les ERP ont du mal à décoller dans le Cloud, Alexandre Oddos estime que ces solutions sont promises à un franc succès car «les entreprises reviennent de plus en plus vers des produits standard et souhaitent cesser les développements spécifiques. Nous croyons à l'ERP dans le Cloud : toute notre stratégie a été orientée là-dessus lors de l'événement Convergence aux États-Unis il y a trois ans. D'ailleurs, nous avons déjà des clients, y compris en France».

Il est vrai que le Cloud apporte de la souplesse et Microsoft se place désormais dans une logique de vente de services. «C'est le service rendu qui est important pour l'entreprise, un service disponible sur un grand nombre de terminaux différents. C'est pour cela que nous allons vers un OS unique, commun aux divers devices, une démarche dont les applications tirent parti.»

Dynamics CRM : 4 millions d'utilisateurs

Simplicité et intégration sont les maîtres mots, surtout dans un contexte où les entreprises ont besoin de solutions rapidement mises en œuvre : l'intégration est native avec la suite Office 365, mais aussi avec Lync ou Outlook. «Les utilisateurs ne veulent pas changer d'application sans cesse. Ce sont donc les objets applicatifs qui communiquent entre eux. Yammer, par exemple, est nativement intégré à Dynamics CRM. Autrement dit, on peut piloter son activité, c'est-à-dire l'ensemble des échanges, dans Yammer. Mais on pourra aussi avoir accès directement au CRM en cas de besoin», poursuit Alexandre Oddos.

Quant à Dynamics CRM, il compte plus de 4 millions d'utilisateurs dans le monde : là encore, la croissance se fait dans le Cloud. Et avec le récent rachat de Parature, cette offre se voit encore renforcée par des services supplémentaires (cf. encadré «Salesforce dans le collimateur»). «Nous n'avons pas de grosses références Dynamics CRM on-line en France», avoue Alxandre Oddos, «mais nous gagnons de plus en plus de parts de marché. Et la nouvelle version CRM 2013 est une bonne solution pour prendre de front Salesforce».

Qu'il s'agisse de Cloud, de bureautique, de collaboratif ou d'applications d'entreprise, la stratégie de Microsoft est cohérente : donner le choix au client et privilégier l'expérience utilisateur. «Même si certains savent mieux faire dans tel ou tel domaine, nous sommes les seuls à savoir proposer un service de bout en bout aux clients», conclut Alexandre Oddos.

Les Techdays 2014

L'événement, dédié aux nouvelles technologies et aux enjeux de la transformation numérique, devrait enregistrer quelque 18 000 visiteurs sur trois jours. La première journée est dédiée aux développeurs, mais les quelque 300 sessions qui se tiendront à cette occasion concernent aussi les décideurs informatiques et un «track» spécifique est dédié aux professionnels du secteur public. Chacun de ces tracks se décline en découverte, expérimentation et partage.

Ainsi pourra-t-on y découvrir les dernières innovations, comme la gestion de l'hétérogénéité des technologies au sein du datacenter et dans les unités, la virtualisation, la mobilité ou encore la sécurité des systèmes.

On pourra aussi y expérimenter l'accélération de la collaboration, les réponses de Microsoft aux besoins de mobilité ou l'accompagnement de la numérisation de l'entreprise.

La notion de partage passe par un espace projets, pour discuter de ses projets de transformation numérique, un espace exposition (140 exposants et experts) et un espace «networking» pour développer son réseau professionnel.

NSA : Microsoft et les géants du high-tech se rebiffent

En décembre dernier, huit des géants américains du high-tech (Google, Facebook, Apple, Microsoft, Twitter, Yahoo, LinkedIn et AOL) ont envoyé une lettre ouverte au président Barack Obama pour lui demander de fixer des limites strictes à la surveillance gouvernementale. Les révélations d'Edward Snowden, à l'origine de la défiance de nombreux pays vis-à-vis de l'Internet, ont servi d'argument pour mettre en avant la défense des libertés individuelles. Mais les huit signataires ont surtout intérêt à restaurer la confiance dans leurs produits et à éviter les complications réglementaires supplémentaires dans les pays où règne une certaine suspicion.

La semaine suivante, les représentants de sept des huit signataires, accompagnés d'autres acteurs du marché des télécoms comme AT&T, ont été reçus à la Maison Blanche par le président Obama. Au cours de cette réunion qui aurait duré trois heures, ils ont exhorté le président à plus de transparence en matière de surveillance de l'Internet par la NSA et à mettre en place une réforme en la matière.

Salesforce dans le collimateur

En rachetant en tout début d'année l'éditeur de portails de CRM full cloud Parature, le géant de Redmond entend bien «apporter encore plus de services aux utilisateurs», comme l'affirme Alexandre Oddos, directeur de la division Microsoft Business Solutions chez Microsoft France. L'objectif est clair : jouer dans la même cour que Salesforce.

La transaction se monterait à 100 millions de dollars, mais son montant n'a pas été dévoilé officiellement. À ce prix, Microsoft récupère les 70 millions d'utilisateurs de Parature à travers le monde, dont plus de 500 marques connues, comme IBM, Saba Software, Sage ou Hitachi Data Systems. Après NetBreeze et MarketingPilot, Parature est la troisième acquisition venant renforcer l'offre Dynamics CRM. Salesforce n'a plus qu'à bien se tenir !

OVH et le Cloud OS Network : un partenariat stratégique

Microsoft compte un grand nombre de partenaires de services en ligne : ils sont plus de 16 000 partenaires offreurs à travers le monde et quelque 600 en France. Mais le Cloud OS Network est un programme plus restrictif, qui identifie quelques partenaires stratégiques triés sur le volet, qui proposent une filière de produits Microsoft de bout en bout, dans la droite ligne de sa stratégie Cloud. L'offre d'infrastructure du partenaire doit aller de Windows Server 2012 R2 au Windows Azure Pack en passant par System Center 2012 R2, c'est-à-dire les mêmes technologies que celles utilisées par Microsoft pour son Cloud Azure.

Pour l'heure, le Cloud OS Network ne compte que 25 membres dans le monde, dont deux en France, Capgemini et OVH. «Nous avons fait le choix de lancer ce programme avec des acteurs ayant déjà une empreinte très forte en termes de volumétrie», commente Anne-Lise Touati, directrice des offres serveurs et Cloud chez Microsoft France, ce qui permet à Microsoft de revendiquer quelque 2,5 millions de serveurs dans le monde, hébergés dans 400 centres de calcul, comptant plus de 3 millions de clients. Mais, outre l'élargissement de son empreinte, Microsoft peut, grâce à ce type de partenariat, annoncer à ses clients que les données ne sont pas stockées à des milliers de kilomètres, à Dublin ou à Amsterdam, et qu'en tout état de cause l'hébergeur n'a rien à voir avec les États-Unis. Un argument pour expliquer que l'on échappe ainsi à l'épée de Damoclès que représente le Patriot Act.

OVH est un acteur à dimension internationale, présent dans de nombreux pays européens et au Canada, qui a fait le choix des outils Exchange et a connu des succès en termes de messagerie. Troisième hébergeur Internet mondial, OVH possède 12 datacenters à ce jour pour quelque 150 000 serveurs. Le partenariat avec Microsoft a été signé en décembre dernier. Plus tôt dans l'année, Capgemini avait déjà annoncé SkySight, une offre présentée comme un service d'orchestration permettant aux clients d'accéder à des clouds publics, privés ou hybrides entrant dans le même cadre.

«Nous continuons à œuvrer pour accueillir d'autres partenaires dans le programme Cloud OS Network», assure Anne-Lise Touati.