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Le DSI, au cœur des innovations IT

Nous vivons la Belle Epoque de l'IT en ce début de XXIe siècle ! Si l'influence du DSI grandit naturellement avec les innovations IT, il doit encore faire reconnaître la valeur du «10e» art dans l'entreprise.

«La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer», affirmait Honoré de Balzac dans «Le chef d'œuvre inconnu». La mission de la direction des SI n'est pas de copier la stratégie de l'entreprise, mais de l'exprimer au niveau technologique. Au cœur des innovations IT, et souvent de l'innovation tout court, son influence est de plus en plus grande. Néanmoins, ni bourgeois ni bohême, notre artiste du XXIe siècle est au-delà de la créativité, souvent un homme d'affaires avisé.

Position de force dans les entreprises 2.0

La position de la DSI dans l'entreprise est naturellement forte dans les sociétés qui fondent leur activité sur l'IT et Internet. Ainsi, elle représente un élément central de la stratégie chez Figaro Classifieds, éditeur de sites d'emploi (tels Cadremploi, Cadres on line, Keljob), et immobilier (explorimmo). Laurent Chollat-Namy, directeur général adjoint Internet de Figaro Classifieds, indique : «La direction Internet représente le quart des 400 salariés de l'entreprise. Elle est au cœur du métier de l'entreprise puisque nous fabriquons les produits vendus. Nous exploitons nous-mêmes les sites. Nous nous appuyons sur 120 serveurs physiques, 800 machines virtuelles hébergées dans deux centres de données de Telecity. Mon équipe, qui comprend des développeurs, des spécialistes de l'optimisation pour les moteurs de recherche (SEO)…, travaille avec des méthodologies agiles.» Ainsi, M. Chollat-Namy a le titre de directeur général adjoint et est donc présent au comité de direction.

Nicolas d'Ambrosio, 27 ans, est depuis 2011 DSI de Easyteam, qui compte plus de 100 salariés : «J'ai remplacé le directeur technique ; le poste de DSI a été créé à l'occasion de l'externalisation de l'ensemble du SI en 2011. J'oriente le discours sur le rôle de facilitateur fonctionnel et le retour sur investissement. Je ne suis pas membre du Comité de direction mais j'y participe. Mon n+1 est le président. La DSI est un élément central de la stratégie, incontournable pour avancer. C'est un signe fort, les directions SI et marketing ont fusionné cette année, et c'est moi qui ai pris la direction des deux. Car notre avenir passe par le marketing digital. Grâce à une population technophile, on est en avance. Nous nous devons d'autant plus d'être flexibles et rapides.»

Et si la reconnaissance passait, contrairement à ce qu'on pourrait croire, par l'externalisation ? «En externalisant l'intégralité du SI et en étant plus rapide, avec une meilleure qualité de service, ce qui nécessite d'être vigilant vis-à-vis des prestataires, la DSI est plus reconnue, poursuit N. D'Ambrosio. Et la DSI est passée d'un centre de coûts à un centre de valeur ; nous avons des relations plus proches avec les clients de l'entreprise.»

Montrer sa valeur dans les entreprises traditionnelles

Quand le cœur de métier n'est pas technologique, il faut savoir creuser son sillon. La DSI doit démontrer sa valeur dans le virage numérique, en aidant l'entreprise à passer les différents caps et en apportant de la valeur dans sa principale activité. Un peu de finesse dans un monde parfois brutal n'est pas à négliger pour porter ses projets. «Quand on explique clairement les risques, comme un risque d'incendie en salle serveurs, on arrive à débloquer les budgets», sourit Hervé Guehl, DSI de Picard, qui est au comité de direction : «Je n'avais pas de velléité particulière à en être membre à mon arrivée fin 2008. Aujourd'hui, je pense que je ne pourrais pas faire sans, même si je suis plus attaché à mon utilité qu'à mon pouvoir. En ayant accès à la stratégie de l'entreprise et au pourquoi des décisions, j'anticipe en amont afin de construire de meilleures solutions.» Il travaille ainsi actuellement à la collecte de données sur les comportements d'achat, à la gestion de la relation client et à la fidélisation.

Frédéric Lapeyre, directeur des opérations du groupe de presse Mondadori, fait partie du comité de direction depuis son arrivée comme DSI en 2005 : «l'IT et la digitalisation sont un élément central de la stratégie de Mondadori. Il faut être force de proposition. Pour les rédactions pas encore 2.0, il faut bien accompagner de façon vertueuse, les mettre à l'aise. L'essentiel est d'apporter de la valeur aux éditeurs, leur donner un avantage concurrentiel, en raccourcissant les processus, notamment le circuit de validation.»

François Trignan, DSI d'Innothera ne fait pas partie du comité exécutif, dont l'aspect feutré ne lui paraît pas forcément être le meilleur lieu pour discuter régulièrement des innovations technologiques, même s'il y présente et vulgarise ses projets. Ceci ne le prive pas d'une relation directe avec le président, qui possède une culture d'ingénieur : «je lui soumets mes idées d'évolution. Il participe au colloque annuel de l'équipe informatique. Ainsi la DSI est alignée avec la stratégie de l'entreprise et la supporte. Si les SI ne sont pas au cœur de la stratégie, sans eux il ne pourrait y avoir de stratégie évolutive. Et la remontée d'informations dans l'avancée des projets permet d'entretenir une relation de confiance.» Le budget de la DSI d'Innothera s'inscrit dans la norme du monde pharmaceutique : entre 2 et 3% du chiffre d'affaires.

Vive le 10e art !

Pour l'artiste des systèmes d'information, passion rime avec confort : s'il y a peu de Steve Jobs ou de Madonna, le DSI va pouvoir nourrir et loger sa famille sans problèmes, ce qui n'est pas toujours le cas de ceux qui sont épris de l'un des neuf arts traditionnels. Nous militons pour que les systèmes d'informations fassent dépasser à la classification artistique le nombre de muses antiques : vive le 10e art !

La DSI prestataire de services interne ?

Etre ou ne pas être prestataire de services interne, telle est la question clivante parmi les DSI. Pour les uns, la DSI vend un catalogue de services aux directions métier. Pour Virginie Baronnet, DSI en transition, avec des expériences en PME et en organisation non gouvernementale, «la DSI est un prestataire de services interne, avec des rôles de conseil et de médiation.» Son confrère d'Easyteam Nicolas d'Ambrosio, ajoute : «Etre prestataire de services est valorisant : innover, faciliter la tâche, rendre un service. Cela change l'image poussiéreuse de la DSI technique.»

Toutefois, pour François Trignan d'Innothera, «un prestataire exécute à partir d'un cahier des charges. La DSI est passée du technique au fonctionnel pour donner une vraie valeur ajoutée aux utilisateurs. Le rôle de conseil passe par des allers/retours incessants. Ainsi, les collaborateurs techniques participent au séminaire des forces de vente avec qui ils entretiennent d'excellentes relations.»

C'est une question de vocabulaire. Frédéric Lapeyre de Mondadori réconcilie ses pairs : «La DSI est un prestataire qui auparavant apportait un service pour répondre à un besoin. Aujourd'hui il apporte une solution pérenne pour faire face à une évolution. Il est un pilote pragmatique qui saisit les opportunités.»