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LA DEMAT EN REGION

Sommaire du dossier

De gauche à droite, Patrick Bertrand (Cegid), Gauthier Cassagnaud (Geolid), François Martin (STMicroelectronics ) et Bruno Rousset (April)

Région

Une Silicon Valley française nichée en Rhône-Alpes

 

Le temps d’une table ronde, Esker a réuni à Lyon des entrepreneurs emblématiques dans leur secteur pour qu’ils s’emparent du thème « Pourquoi la région Rhône-Alpes peut faire redémarrer la France ». Au menu, l’attractivité de la seconde région économique de France.

 

« Soit on est absorbé par le trou noir parisien, soit on va chercher sa pitance à l’étranger », répond Jean-Michel Bérard, le patron d’Esker, lorsqu’on lui demande pourquoi il a décidé de maintenir ses activités à Lyon. Voilà 30 ans qu’il dirige sa société dans une ancienne capitale des Gaules qu’il n’a pas l’intention de quitter. À l’occasion de cet anniversaire, quelques 200 partenaires d’Esker ont été conviés fin septembre à une visite privée de la 13e biennale d’art contemporain de Lyon et invités à assister à une table ronde toute acquise à la cause entrepreneuriale locale, avec Patrick Bertrand, DG de Cegid et président de l’association Lyon French Tech, Gauthier Cassagnaud, président de Geolid, Bruno Rousset, président d’April et François Martin, CTO chez STMicroelectronics, quatre sociétés qui ont en commun de s’être formidablement développées sans déménager de la région.

L’appel du numérique rhônalpin

Longtemps considéré comme le berceau du textile, de la chimie et de la métallurgie, Lyon a changé de visage. Autour d’un tissu industriel traditionnel sur le déclin se sont développés d’autres secteurs dont le numérique prend aujourd’hui une grande part, qu’il s’agisse d’édition de logiciels, de télécommunication, de robotique et, plus globalement, d’usages innovants. Les spécialistes de la dématérialisation sont en outre particulièrement nombreux dans la région, sans compter la caisse de résonance grenobloise avec des entreprises comme HP ou Xerox qui y ont établi des laboratoires de recherche, des poids lourds comme Cap Gemini, mais aussi le CEA et le Leti, et toute la dynamique d’une petite Silicon Valley française nichée au pied des Alpes. Dans ce contexte favorable, la capitale rhônalpine conjugue la qualité de vie d’un environnement proche de la nature et une vitalité économique qui la place juste derrière la région parisienne. Un réservoir à emploi qui agit comme un aimant sur des cadres en mal de mobilité mais qui favorise aussi la culture d’une expertise locale que les professionnels captent à la sortie des universités et des grandes écoles.

Beaucoup de professionnels en sont convaincus, ici, l’ancrage territorial est une chance pour travailler avec le reste de la planète. « Nous avons pu développer nos activités depuis Lyon sans contrainte, et sommes d’autant moins gênés que depuis 2002 nous travaillons à l’international. L’atout de cette ville sur Paris c’est qu’on y trouve facilement une ressource humaine très bien formée. L’autre avantage est une plus grande stabilité des effectifs. À Paris, les gens changent plus fréquemment d’employeur et coûtent plus cher », explique Bruno Rousset. « Lyon est en terme de formation la deuxième ville de France avec 145 000 étudiants, il y a des écoles remarquables connues mondialement dans les domaines de la techno, du marketing, des biotechnologies, des statistiques et donc du Big Data. La stabilité et l’expertise des collaborateurs sont ici des atouts formidables. La société Evernote vient par exemple de décider d’ouvrir sa deuxième filiale européenne à Lyon. Mais ce que nous avons par-dessus tout, c’est un package émotionnel avec une région exceptionnelle et une métropole saluée par l’APEC comme la première ville de France pour l’alliance carrière et qualité de vie », souligne pour sa part Patrick Bertrand.

Le potentiel des objets connectés

Comme d’autres écosystèmes, celui de cette région repose sur une plate-forme d’éducation, une logique de financement et une concentration idéale d’entreprises. Si le potentiel de formation est ici indéniable, les chances de trouver des investisseurs sont également importantes. « En tant que start-up, nous avons pu bénéficier de fonds d’investissements locaux et également européens, mais aussi d’un pôle de décision accessible et d’un réseau de chefs d’entreprise auxquels nous n’aurions jamais eu accès à Paris », explique Gauthier Cassagnaud qui a pu récemment lever 10 millions d’euros pour faire croître sa société spécialisée dans la publicité de référencement sur Internet. Quant au maillage des entreprises, il favorise un volet collaboratif qu’aucune société ne renie en Rhône-Alpes. Exemple emblématique, les objets connectés. « Toutes les infrastructures techniques existent sur place, de la fabrication des composants au développement de logiciels et d’applications. Il faut maintenant associer ces éléments pour que des entrepreneurs dynamiques créent de la valeur autour de services et d’objets connectés », souligne François Martin.