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Pourquoi le logiciel français ne s'exporte pas

“Nous avons tout de même quelques exportateurs extraordinaires, comme Dassault Systèmes ou Ubisoft”, estime Bruno Vanryb. “Mais il est vrai qu'ils sont rares. Il y a plusieurs raisons à cela : Le marché du logiciel français est extrêmement atomisé. Il génère 5 milliards d'euros sur un marché mondial de 300 milliards, soit 1,6%, avec des entreprises qui génèrent pour la plupart moins de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous n'avons pas un problème d'hommes, puisque les ingénieurs français sont reconnus dans le monde entier et connaissent un succès extraordinaire lorsqu'ils s'exportent dans la Silicon Valley, par exemple. La première cause à ce déficit est culturelle et liée au système éducatif : dans les années 80, lorsque l'industrie a démarré et qu'il fallait être présent, notre système éducatif ignorait les technologies et notre personnel politique avait une méconnaissance totale de ce monde, à la différence des américains, par exemple. Ceux qui ont fait des start-up à l'époque étaient des passionnés, mais ils évoluaient isolément, sans écosystème, sans soutien. Ensuite, l'existence de “venture capitalists” en France est très – trop – récente : ils existent depuis 25 ans aux États-Unis alors qu'en France ils sont apparus depuis 2000 et la bulle internet. Or, c'était trop tard : les cartes avaient déjà été distribuées. Il y a enfin la culture française : nous vendions “à l'étranger” et non “à l'international”. L'étranger, c'est l'autre. Par ailleurs, jusqu'à récemment, il n'y avait pas de ponts entre les universités et l'entreprise, qui avait tendance à être diabolisée. Mais tout cela est en train de changer, grâce à la génération Y, mais aussi à toutes les mesures qui ont été prises ces six dernières années en faveur des entreprises. Il y a eu une prise de conscience politique”.