Accueil Dix pistes technologiques pour innover en 2017

Dix pistes technologiques pour innover en 2017

L’innovation informatique provient d’inventions et de coopérations communautaires désormais. Un foisonnement planétaire qui préfigure de nouveaux usages et des services accessibles partout.

 

  1. 1 Davantage d’automatisation pour gagner en efficacité

Le sens premier de l’informatique (contraction d’information automatique) se généralise en 2017. « Les acteurs du commerce sont lancés dans une course effrénée ; ils révisent l’expérience client afin qu’elle soit cohérente et continue partout. Et ils repensent leur propre efficacité désormais », observe Godefroy de Bentzmann, co-Président de Devoteam et président du Syntec Numérique. De gros volumes d’investissements ciblent la révision des processus internes des organisations, l’automatisation de leurs procédures. « Toutes les industries sont à risques si elles ne bougent pas. Il reste des économies à faire, en particulier dans le secteur de la santé. La télé-médecine transforme les services et les usages des centres hospitaliers. Le prochain gouvernement devra mettre l’accent dessus comme sur les infrastructures à très haut débit, car nous en avons tous besoin », souligne-t-il. En fait, il importe de délivrer de meilleurs services au meilleur coût. Et cela devient possible en associant numérisation, intelligence artificielle et réalité augmentée. Les projets en télé-médecine sont innovants à plus d’un titre.

  1. 2 Bâtir des services mobiles prêts pour la 5G

La mobilité est la pierre angulaire de nouvelles activités économiques, de tourisme et de loisirs. Les services en développement pour la cinquième génération de réseau mobile tentent de couvrir des besoins nomades jusqu’à l’horizon 2025, via une consommation d’énergie et un délai de latence réduits et avec un débit de 10 à 50 Gbps, contre 5 à 12 Gbps pour la 4G. Chacun de nous disposera de quatre objets connectés en moyenne dès 2020. Face à cette densité croissante des terminaux, les opérateurs expérimentent plusieurs gammes de fréquences autour de 3,6 MHz et de 26 GHz (ondes millimétriques). La montre connectée et le vêtement intelligent vont décupler nos interactions et nos transactions numériques. Dans l’entrepôt déjà, le cariste interroge les stocks par la voix, avec son micro-casque, pour localiser des colis et palettes plus vite et à coup sûr. Ecran tactile et audioguide sont réunis dans le compagnon de visite de Lascaux IV pour mieux nous immerger dans l’art pariétal. Demain, le parcours administratif de l’étudiant, du citoyen et de l’entrepreneur s’inspireront de telles expériences intuitives. Vitales pour l’économie, les infrastructures à haut débit restent un prérequis à l’accueil d’écosystèmes innovants.

Le compagnon de visite de Lascaux IV offre une réalité augmentée
Le compagnon de visite de Lascaux IV offre une réalité augmentée
  1. 3 Suivre Galileo, le GPS Européen trouve la voie

L’Europe s’affranchit du GPS américain et offre gratuitement l’accès à son propre système de positionnement par satellite, Galileo. Cette année, des services de navigation plus fiables et plus précis (un mètre contre dix) deviennent possibles. Ils sont stratégiques pour les secours d’urgence, les transports, la santé, la défense et la smart city. L’enjeu et les débouchés commerciaux dépendent surtout de la disponibilité de services et de terminaux adaptés ; les puces bi-compatibles rejoignent déjà les smartphones des pionniers BQ et Huawei. La constellation Galileo compte 15 satellites opérationnels sur 26 prévus en 2018, pour un budget total supérieur à 10 milliards d’Euros. L’infrastructure au sol finalise ses réglages et commence à délivrer les services initiaux. La première marche est franchie grâce aux efforts des équipes du CNES (centre national d’études spatiales), du Centre Spatial de Toulouse et du centre d’opérations de l’Agence spatiale européenne, l’ESOC. Reste aux développeurs à transformer l’essai, avec des applications de contrôle aux frontières, de sauvetage et de logistique efficaces.

  1. 4 Composer des services IoT plus sûrs

L’Internet des objets, ou IoT (Internet of Things) entre dans une phase de maturité et d’adoption généralisée. Les plateformes de développement tirent profit de récents réseaux (6LowPAN, NanoIP, LPWAN, RPL) et de standards spécialisés tels MQTT, CoAP ou AMQP. « Tandis que les infrastructures mobiles absorbent des flux considérables, les capteurs émettent seulement quelques données, régulièrement. La capacité réseau n’est donc pas l’obstacle. En revanche, l’IoT doit accéder aux données en toute sécurité. Une approche DevSecOps s’impose dans ce domaine », prône Loïc de Kergommeaux, directeur technique de CSC en Europe occidentale.

 Loïc de Kergommeaux
 Loïc de Kergommeaux

Il conseille l’intégration du centre opérationnel de sécurité et des équipes DevOps afin de propager les règles de sécurité, de chiffrement de flux et l’identification des objets connectés. Qu’un simple virus infecte une caméra de surveillance et toute une partie du réseau Internet tombe déjà en rideau. Demain, les attaques de voitures connectées, de chaudières et autres implants médicaux provoqueront des dégâts plus graves encore. « C’est dès la conception des nouveaux services, industrie par industrie, qu’il faut prévoir des frameworks sécurisés et définir des règles adaptées, des tests et des certifications pour s’assurer qu’on les respecte bien. »

  1. 5 Faciliter les collaborations en réseau

La transformation numérique pousse l’entreprise à renouveler ses équipements réseaux, tous ses outils de communication sans fil. Les chiffres d’IDC confirment une embellie du marché mondial du WLAN en 2016 ; +8,4% au cours du troisième trimestre par rapport à la même période un an plus tôt, soit un volume de 1,45 milliard de dollars. Les points d’accès 802.11ac représentent désormais 67% des livraisons et 81% des revenus des équipementiers.

Dans ce contexte, l’intégration d’applications tierces aux réseaux d’entreprise coïncide avec l’émergence de plateformes logicielles ouvertes permettant aux développeurs de collaborer mieux et plus vite. Cette tendance se poursuit en 2017 selon Morten Illum, le vice-président d’Aruba-HPE en Europe pour qui « les utilisateurs veulent bénéficier d’une souplesse accrue sur leur lieu de travail où ils connectent de plus en plus de terminaux numériques. » Du coup, les entreprises doivent adapter leurs réseaux et suivre un rythme effréné d’innovation. Il préconise aux DSI une démarche en deux temps : réfléchir à la manière d’accueillir ce déferlement d’appareils sans saturer la bande passante, puis automatiser les processus de sécurité encadrant les nouveaux dispositifs connectés. « La création d’empreintes numériques pour les appareils stratégiques de l’organisation sera la prochaine étape des objets connectés », prévoit-il.

  1. 6 Etendre la couverture des réseaux Wifi

Le réseau Wifi est de plus en plus sollicité, pour des appels téléphoniques IP, l’accueil de visiteurs, la visioconférence et le partage d’applications. Mais les bornes actuelles peinent à accueillir tous ces usages à la fois, limitant la stabilité ou la portée des services. En cause, la réflexion des ondes sur les murs, les fenêtres, et les êtres vivants absorbant le signal ou dégradant l’efficacité du réseau Wifi. « Les ré-émetteurs Wifi délivrent le signal vers de nouvelles zones, mais sans débit garanti. L’approche Fem2Cell des box Internet provoque un chevauchement de spectres, complexe à gérer. Notre technologie est complémentaire, n’exige aucun câblage et ne consomme pas d’énergie », avance Eric Labarre, le PDG de Greenerwave. La jeune pousse française, experte de la focalisation d’ondes, doit maintenant passer au stade industriel. Son cadre passif au format A4 respecte l’environnement et les normes HQE des bâtiments intelligents. Il remet en phase les ondes réfléchies, dans une même période de temps, afin qu’elles contribuent au flux d’informations. Le haut débit indoor (dans les bâtiments) devient extensible. Des caisses enregistreuses pour boutiques éphémères aux bureaux partagés, en passant par l’hôtel ou le musée, les déploiements démarrent. Une autre technologie, le LiFi (Light Fidelity) se substitue au WiFi pour délivrer des flux de données via des lampes Led. Comme le ferait un signal morse optique, à très haute fréquence, il fournit jusqu’à 42 Mbps dans une pièce équipée de luminaires spécifiques – comptez une lampe Led pour 5 mètres carrés. Le signal ne traverse pas les murs ce qui en fait un bon candidat pour l’hôpital, la crèche ou l’école.

  1. 7 Evoluer avec plusieurs Cloud de confiance

Les activités métiers innovent, à l’échelle mondiale, en accédant à de nouveaux modèles de fonctionnement en temps réel qui exigent des architectures robustes et évolutives. D’où le soutien plus fréquent aux prestataires externes d’infrastructures. Cette tendance à l’hybridation est confirmée par Loic de Kergommeaux : « La DSI d’entreprise veut gérer plusieurs Clouds à présent. Elle organise son système d’information pour mieux suivre ses infrastructures combinées à deux nuages publics, gagner en résilience autour de ressources Amazon Web Services, Microsoft Azure et de services managés confiés à un prestataire de services ».

Progressivement, des applications interopérables vont prendre le pas sur les adhérences applicatives. « D’ici à 2020, plusieurs DSI veulent déplacer 80% de leurs charges machines dans le Cloud pour ne conserver que 20% de workloads en interne. » Quelques banques adoptent déjà cette approche, à l’instar de la Société Générale.

  1. 8 Doper les compétences en cybersécurité

Les cyber-menaces – externes ou internes – entraînent un besoin d’analyses très fines, une combinaison de nouveaux outils et de bonnes pratiques. « Les menaces continuent à retenir l’attention des cadres supérieurs. Les pirates internes disposent d’un accès légitime aux systèmes et aux données », signale Norman Girard, VP Europe du Sud de Varonis. Abuser de tels accès fournis par l’organisation pour voler ou révéler des informations sensibles deviendrait fréquent. En réaction, l’entreprise améliore la formation en cyber-sécurité et la vigilance de ses collaborateurs. Mais c’est insuffisant, nous prévient l’éditeur : « Les mesures de défense professionnelles doivent être plus répandues pour protéger les clients, les partenaires et les salariés eux-mêmes ». En particulier, les logiciels d’extorsion forment une nouvelle activité lucrative. « Cousin plus ciblé et plus profitable du ransomware, l’extortionware peut causer des dommages financiers majeurs ».

 

Par discrétion ou par crainte des répercussions, aucune déclaration d’incident n’est faite et on s’en remet, le plus souvent, aux sauvegardes en place. De nombreux décideurs en déduisent que la confidentialité ne peut jamais être totalement assurée dans les échanges numériques. « Les meilleures pratiques informatiques de défense s’étendent de l’assainissement des sauvegardes à la détection et aux alertes précoces tandis que l’analyse du comportement des utilisateurs devient plus intelligente et prédictive. Bloquer une tentative d’attaque s’avère bien plus efficace et moins pénible que déterminer les fichiers affectés et les restaurer à partir de sauvegardes », compare Norman Girard.

  1. 9 Préserver ses documents sensibles

Dans quel lieu physique stocker ses documents confidentiels en 2017 ? La moindre fuite devient un cauchemar au moment de lever des fonds, lors d’une fusion ou d’une cession d’entreprise. A ce stade, une équipe est généralement chargée de classer et de numériser des centaines de dossiers en 48 heures, pour réduire les risques légaux. « Créer une dataroom numérique exige une plateforme sécurisée, légalement et techniquement. Contrairement à une GED, on travaille uniquement sur des documents terminés, stockés et mis à disposition de quelques tiers », précise Alexandre Grellier, le directeur général de Drooms, société qu’il a co-fondée il y a quinze ans. Grâce aux analyses de rapports multilingues, à la conversion automatique de documents et au workflow intégré, Drooms NXG propose une dataroom virtuelle, une place de marché en ligne pour l’échange de données confidentielles, avec double-authentification des utilisateurs.

Alexandre Grellier
Alexandre Grellier

« Le propriétaire de la dataroom doit savoir tout ce qui se passe, qui voit quoi, quelle page de quel document. Il doit maîtriser l’attribution individuelle des droits de consultation », recommande le manager.

  1. 10 Combiner agilité et ressources Cloud

Les start-ups du web et des services mobiles sont souvent montrées en exemples aux décideurs. Très agiles, elles délivrent de nouvelles fonctionnalités continuellement, en rupture avec les démarches historiques d’innovation et en s’appuyant sur les ressources du Cloud computing. « La mise à jour permanente des logiciels se heurte au modèle en place, sous contrôle, optimisé financièrement, avec plusieurs mois de spécification, de tests et une mise en production planifiée. Or, les clients et collaborateurs sont habitués à obtenir ces évolutions rapides sur leur smartphone. L’entreprise doit se plier à cette logique de recettes continues », recommande Godefroy de Bentzmann, co- président de Devoteam et président du Syntec Numérique. Pour y parvenir, il recommande l’approche Cloud hybride, un outillage articulé autour d’openstack, de plateformes PaaS ou de technologies de type blockchain, et une redistribution des rôles : « les équipes silotées distinguent encore les experts métiers, les développeurs de logiciels et les exploitants en charge de la production. Dans une logique agile, ceux qui développent sont ceux qui mettent en production. Il faut s’adapter à ce besoin, donc se demander qui peut le faire réellement. »