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5 idées reçues sur la transformation digitale

Démystifier la transformation digitale pour mieux en comprendre les mécanismes et saisir les opportunités : Tom Bianculli, CTO, Zebra Technologies propose cette tribune aux lecteurs de Solutions Numériques.

Pour les entreprises, l’avènement de l’Internet des objets, et l’adoption du modèle XaaS (Everything-as-a-Service) donne lieu à de nouvelles possibilités fondées sur les données. Il est possible de mesurer le niveau de bien-être des habitants d’une ville en traçant les déchets biologiques et chimiques circulant dans les égouts au moyen de capteurs intelligents. La Silicon Valley devient le cœur de l’industrie automobile. Qui aurait pu l’imaginer il y a seulement dix ans ? La disruption numérique interroge le statu quo ambiant, et rebat les cartes dans tous les secteurs d’activité.

Les gagnants dans cette ère numérique seront les entreprises capables de voir comment positionner leur valeur ajoutée au plus près du point de demande et de consommation, d’ancrer leurs stratégies dans ce contexte pour répondre aux attentes de leurs collaborateurs et de leurs clients, et de prendre des décisions fondées sur les données. Mais pour ce faire, il faut pouvoir comprendre la transformation digitale, et surtout il faut nous débarrasser de nos a priori, ou des croyances générales.

 

  • Mythe n°1 : la technologie est le facteur clé pour gérer la transformation numérique. Faux ! Ce sont les personnes. La technologie est certes partie prenante pour faciliter le processus, mais ce sont les personnes qui décident de la réussite ou de l’échec.  Et je l’affirme en tant que CTO d’un groupe technologique, je crois fermement que la technologie, à l’ère numérique, joue un rôle majeur non pas dans la transformation des entreprises mais bien dans celles des équipes. En renforçant les capacités d’analyse du personnel à l’aide des données, les entreprises sont en mesure de donner libre cours au capital humain et de réaffecter les ressources à des tâches comportant une véritable valeur ajoutée, en réduisant les erreurs et en améliorant la productivité, tout cela débouchant sur un plus haut niveau de satisfaction au travail. Il faut aussi rappeler que la technologie elle-même peut être utilisée pour encourager le personnel à s’engager sur des voies novatrices. In fine, ce sont les gens qui font bouger les lignes. Ce sont eux qui embrassent le changement et qui mettent en œuvre de nouvelles manières de travailler et de collaborer.

 

  • Mythe n°2 : les attentes des clients diffèrent en fonction du produit ou du service. Pas du tout. L’utilisation de Blablacar en France définit vos attentes en tant que consommateur, patient ou citoyen. Ainsi, les attentes élevées mises en œuvre par les meilleurs fournisseurs fixent la norme dans tous les secteurs. Pour y répondre, les marques mettront les bouchées doubles afin de créer des expériences immersives durables pour leurs clients. Le secteur de la distribution en est un exemple parmi d’autres, avec près de  80 % des détaillants estimant être en mesure de personnaliser la visite des clients dans les magasins, à l’horizon 2021*. Une majorité d’entre eux pourra alors savoir quand un client particulier entre dans leur magasin. Pour les détaillants, ce sera l’occasion d’établir des bases solides, dont bénéficieront également les services financiers, le secteur de la santé et divers autres domaines.

 

  • Mythe n°3 : les avancées les plus créatives résultent d’une analyse approfondie, spécifique au secteur. C’est partiellement vrai. Les responsables et cadres dirigeants peuvent trouver des éléments communs, mais aussi de l’inspiration, dans les différents secteurs industriels. Mais avant de réinventer la roue, ces responsables se doivent de passer en revue les exemples et les benchmarks les plus significatifs, indépendamment du secteur d’activité. Par exemple, nous fournissons à la National Football League américaine le système de suivi des joueurs en temps réél sur le terrain. Ce système permet aux équipes et aux responsables de bénéficier d’un aperçu précis, , sur les actions de jeu. Il est aisé d’entrevoir les possibilités que le directeur d’une exploitation industrielle ou d’un entrepôt pourrait découvrir s’il se mettait à imaginer les moyens d’appliquer cette visibilité en temps réel à son propre métier.

 

  • Mythe n°4 : les entreprises devraient d’abord se réorganiser. De fait, une amélioration de 1 % seulement dans la chaîne logistique  peut se traduire par des économies considérables et générer des opportunités écologiques. Aujourd’hui, par exemple, 30 % du fret contenu dans les remorques est simplement un espace vide. Oui, de l’air. Remédier aux insuffisances de densité de chargement des remorques, et synchroniser la chaîne logistique numérique, peut avoir un impact significatif sur les résultats financiers et sur l’environnement. En tirant parti des données recueillies aux portes du quai de chargement, grâce à des terminaux mobiles et à un logiciel d’analyse de la charge, les professionnels en charge des entrepôts et des quais bénéficient désormais d’une visibilité en temps réel sur chacune des remorques. Ce qui leur permet de s’assurer que le chargement atteint son plein potentiel.

 

  • Mythe n°5 : vous êtes seuls dans ce processus. Absolument pas. Vous n’êtes pas seuls comme entreprise procédant à sa transformation numérique ; vous n’êtes pas seuls comme fournisseurs consultant des entreprises sur leur cheminement dans cette transformation ; vous n’êtes pas seuls comme responsables prenant des décisions d’investissement. Personne ne devrait se sentir seul. Les méthodes, procédures et engagements stratégiques qui embrassent l’innovation ouverte et la collaboration B2B sont les nouveaux avantages concurrentiels. Il ne s’agit pas de contrôler l’information et de mettre les secrets sous le boisseau. Il s’agit de partager les données et de tirer le meilleur parti possible de l’intelligence combinée des collaborateurs et des clients.

 

Grace à la technologie et aux datas, nous avons désormais la capacité de voir l’écart entre ce que nous pensons qu’il est en train d’advenir, et ce qui est vraiment en train de se passer, et par conséquent, de prendre la bonne décision. Est-ce que nous aurons raison à chaque fois ? Probablement pas. Mais nous avons beaucoup à apprendre de nos échecs collectifs – bien plus que de nos succès individuels. Dès lors quel est notre plus grande force ? L’humain.